Le syndic d'Yverdon-les-Bains, Pierre Dessemontet, ne se représentera pas aux élections communales de mars 2026. Le climat politique, particulièrement tendu dans la deuxième ville du canton de Vaud, a notamment pesé dans sa décision.
«Nous sommes dans une époque où la confrontation semble davantage valorisée que la construction collective. Je ne m'y retrouve plus», explique le socialiste dans une interview publiée jeudi par Le Temps. Il dit constater «un manque croissant de volonté, au sein du corps politique au sens large, de rechercher des terrains d'entente.»
«Conflit politique» à cause de Ramchurn?
La situation est particulièrement vraie à Yverdon, où gauche et droite sont à couteaux tirés depuis de nombreuses années. Ces derniers mois, les questions du deal de rue et du parking souterrain à la place d'Armes ont notamment suscité de vives tensions. Vendredi dernier encore, le projet de plantation d'un platane sur la place Pestalozzi a donné lieu à une rupture de collégialité à la Municipalité.
Pour expliquer ces tensions, Pierre Dessemontet cite aussi le trublion de la vie politique yverdonnoise, le conseiller communal Ruben Ramchurn, qui «semble aujourd'hui consacrer toute son énergie à entretenir le conflit politique local.» Si celui-ci n'est pas responsable à lui seul du climat actuel, «il s'inscrit dans une dynamique bien plus large: celle du populisme», remarque le syndic.
Plus la personne adéquate
Outre le climat politique, Pierre Dessemontet explique aussi avoir «le sentiment profond de ne plus être la personne adéquate» pour attaquer la prochaine législature (2026-2031), dont «les conditions politiques et financières actuelles laissent entrevoir une législature très similaire à celle que nous venons de vivre.»
Il reconnaît aussi qu'il n'est «probablement pas la bonne personne pour fédérer au-delà de la Municipalité.» Et notamment auprès de la gauche au Conseil communal, comme l'a montré la récente votation sur le parking de la place d'Armes.
Si l'heure n'est pas encore au bilan, Pierre Dessemontet retient plusieurs «avancées majeures» durant son mandat, notamment sur la question de la péréquation financière. Il cite aussi une «stratégie de dynamisation et d'expansion de la fonction publique, pensée comme un outil au service des Yverdonnois.»
Fin de carrière politique probable
Pierre Dessemontet a été élu en 2016 à la Municipalité, dont il est devenu le syndic en 2021 lorsque la gauche a repris la majorité au sein de l'exécutif. Il a aussi été longtemps député au Grand Conseil, un poste dont il a démissionné en février dernier.
A 57 ans, Pierre Dessemontet juge «tout à fait envisageable, même probable» que sa carrière politique s'arrête en 2026, même «s'il ne faut jamais dire jamais» en politique. Il dit avoir «quelques pistes» pour la suite, mais pas de plans concrets.
Interrogé sur une éventuelle candidature pour le Conseil d'Etat vaudois en 2027, le socialiste ne ferme pas totalement la porte. «Mais dans un parti qui valorise inclusion, diversité et renouvellement, je ne corresponds peut-être pas au profil recherché», estime-t-il.