Pour des raisons de sécurité aussi
Faute de neige, l'accès au domaine skiable doit-il être limiter?

Le manque de neige pourrait gâcher les vacances de Noël. De nombreux domaines skiables resteront fermés pour cette raison. L'afflux de skieurs se concentrera donc sur les stations d'altitude, mais l'offre de pistes y sera réduite. Quelles sont les solutions?
1/5
Les stations de basse altitiude, comme Engelberg, manque de neige.
Photo: Webcam
RMS_Portrait_AUTOR_377.JPG
Martin Schmidt

A l'approche de Noël, de nombreux domaines skiables de basse altitude ont accepté leur sort: sauf miracle, aucun skieur ne passera les fêtes de fin d'année chez eux. Dans les Alpes vaudoises et fribourgeoises, l'enneigement actuel est préoccupant. Dans certaines stations de ski de Suisse centrale et orientale, les vacanciers devront également se contenter de faire de la randonnée à Noël.

De nombreux amateurs de sports d'hiver se tourneront vers des destinations plus en altitude. Cependant, même là-haut, le nombre de pistes est souvent restreint, parfois de manière significative.

Si ces domaines skiables sont pris d'assaut par les visiteurs, la situation risque d'être chaotique comme le week-end dernier à Val Gardena, dans les Dolomites. Les clients ont dû faire la queue pendant des heures aux remontées mécaniques et ont exprimé leur colère dans des vidéos et des posts sur les réseaux sociaux.

Les remontées mécaniques menacées de shitstorms

Aucune destination ne souhaite un chaos similaire: les domaines skiables suisses devraient-ils donc introduire des restrictions de capacité avant Noël? Le délai est beaucoup trop court, estime l'expert en tourisme Christian Laesser de l'Université de Saint-Gall. «Une telle mesure doit être communiquée longtemps à l'avance. Les clients doivent s'y habituer, sinon les stations risquent de subir un shitstorm.»

«
Limiter le nombre de skieurs permettrait de garantir une sorte d'exclusivité
Christian Laesser, expert en tourisme
»

Christian Laesser n'est toutefois pas fondamentalement contre cette idée. «A long terme et de manière planifiée, cela vaudrait la peine de réfléchir à une limitation de la capacité», estime-t-il. Un tel plafond permettrait de garantir une sorte d'exclusivité. De plus, l'accès doit être garanti pour certaines catégories de clients. Une destination ne peut pas se permettre que les clients d'un hôtel ne puissent pas accéder aux pistes de ski.»

Quand les pistes de ski sont prises d'assaut

L'expert en tourisme Roland Schegg, de la Haute école HES-SO Valais-Wallis, peut lui aussi voir d'un bon œil un plafonnement du nombre d'hôtes dans certains cas: «Si un domaine est facilement accessible aux visiteurs d'un jour, une limitation peut avoir du sens, afin que les hôtes puissent vivre une belle expérience.»

De nombreux skieurs ont pu constater à quel point une expérience de sports d'hiver peut être désagréable durant l'hiver 2022/2023. A l'époque, de nombreux domaines skiables avaient dû fermer leurs portes au printemps en raison du manque de neige.

«
Certaines stations de ski seront à nouveau prises d'assaut
Roland Schegg, expert en tourisme
»

«De nombreux détenteurs de Magic Pass se sont alors tournés vers d'autres stations de ski. Des stations comme celles du Val d'Anniviers ou d'Anzère ont été prises d'assaut», raconte Roland Schegg. Cela pourrait se répéter pendant les fêtes: «Certaines stations seront à nouveau prises d'assaut», est-il convaincu.

Le plaisir de la glisse ne sera pas le seul à en pâtir. «Si moins de pistes sont ouvertes dans les domaines alternatifs, le risque d'accident augmente également», poursuit Roland Schegg. Dans une situation comme celle d'aujourd'hui, fixer une limite peut aider, mais elle doit être communiquée correctement.

Une limite en vigueur à Wengen

Les stations de ski de l'Oberland bernois qui bénéficient d'un bon enneigement pourraient également profiter de la situation actuelle. La région dispose d'un grand bassin urbain.

Dans la région, une station impose déjà un nombre maximum de skieurs. Une limite de 17'800 personnes est en vigueur dans le secteur de Grindelwald-Wengen. «On n'a jamais approché cette limite dans cette région malgré les chiffres records des derniers hivers», indique à Blick une porte-parole.

Dans la région de la Jungfrau, près de la moitié des kilomètres de pistes est actuellement ouverte. Une réduction de la limite supérieure n'est donc pas à l'ordre du jour. Les hôtes sont informés de manière transparente sur les conditions. «Il peut y avoir des embouteillages ponctuels lorsque de nombreux clients arrivent ou partent en même temps», explique la porte-parole. De plus, grâce au bon développement de l'enneigement artificiel, d'autres pistes pourraient être prêtes d'ici aux fêtes de fin d'année.

D'autres facteurs imposent déjà une limite

Berno Stoffel, directeur de Remontées Mécaniques Suisses, estime que l'introduction d'une limitation d'accès aux domaines skiables est inutile. «La situation de l'enneigement va certainement pousser des clients supplémentaires vers les hauteurs. Mais s'il y a plutôt peu de neige, certains clients de la région auront tendance à rester chez eux.» De plus, il existe des facteurs tels que la situation du trafic ou le nombre de places de parking disponibles qui limitent déjà le flux de touristes.

En ce qui concerne le nombre de visiteurs, les journées à très forte affluence commencent à partir du 26 décembre. «D'ici là, la situation peut encore changer. Les prévisions annoncent des températures plus fraîches, explique Berno Stoffel. Il sera alors peut-être possible d'enneiger d'autres kilomètres de pistes.»

Articles les plus lus