Il n'y a pas qu'en sport que les adversaires s'affrontent. En politique aussi, le combat peut être féroce. Mais qui est le plus en forme en ce moment au Palais fédéral et quel adversaire a un coup de mou? Blick a établi un classement des partis en se basant sur leurs performances ces trois derniers mois. En voici la deuxième édition.
Le Centre, avec une remontada (ancien 4e)
Au Centre, c'est l'actuel président du groupe parlementaire, Philipp Matthias Bregy, qui reprendra samedi le flambeau de Gerhard Pfister. Le parti se dote d'un nouveau président pour continuer sur sa lancée.
En effet, le Centre a récemment brillé dans le dossier du financement de l’AVS au Conseil des Etats, parvenant à imposer une variante mixte. Mieux encore: le paquet inclut le financement de son initiative pour supprimer le plafonnement des couples mariés. Un joli coup politique, du moins pour l’instant, car la bataille au Conseil national s'annonce bien plus rude.
Les socialistes, toujours stables ( ancien 2e)
«On ne peut pas exiger des employeurs ou de l'économie d'assurer le minimum vital. Cela doit bien s'arrêter quelque part.» Avec cette déclaration provocatrice avant le débat sur le salaire minimum, le directeur du patronat Roland A. Müller a tendu une perche au Parti socialiste (PS). Les socialistes en ont profité pour menacer de lancer un référendum, mais aussi pour récolter des fonds. Leur démarche a porté ses fruits: près de 2000 personnes ont déjà mis la main au porte-monnaie et donné 130'000 francs.
Le Parti socialiste a réussi à créer des alliances dans deux domaines importants: l'imposition individuelle avec le Parti libéral-radical (PLR), et le financement de l'AVS avec le Centre .
Les Vert'libéraux, hissés sur le podium ( ancien 5e)
Les Verts libéraux ont surmonté le choc du scandale de Sanja Amheti en s'accrochent au dossier européen. Le parti a soutenu les Bilatérales III et s'est affiché comme un leader dans les accords avec l'Union européenne (UE) lors de l'ouverture de la partie consultative. Grâce à sa ligne de conduite claire sur la question européenne, il devance le PLR. La montée en puissance du conseiller national zurichois, Patrick Hässig, donne aussi un nouveau souffle au parti.
L'UDC, la dégringolade ( ancien 1er)
L'accord avec l'UE est l'un des chevaux de bataille de l'Union démocratique du centre (UDC). Malré tout, son opposition au «traité de soumission» – selon ses termes – n'est pas nouvelle, ce qui limite l’effet mobilisateur du lancement de la consultation.
Sur la question de l’AVS, le parti rame un peu plus. Il rejette en bloc toute hausse d’impôts ou de taxes, sans proposer d’alternative crédible pour financer la 13è rente. Son repli sur les économies pour l’aide au développement suggère un manque d’imagination, voire une déconnexion de la réalité. Cependant, l'UDC marque quelques points en matière d'asile, avec des interventions ciblées et efficaces.
Les Vert-e-s, peut mieux faire ( ancien 6e)
Les Vert-e-s manquent de souffle. Les écologistes ont du mal à aborder des thèmes qui parlent au grand public. Leur pétition pour interdire les Pfas demandait l'interdiction des produits chimiques éternels, mais elle n'a récolté que 7000 signatures pour l'instant.
Le parti cherche aussi à devenir plus visible en adoptant une posture ferme sur Gaza ou en se positionnant à contre-pied de la politique d'asile de l'UDC.
La proposition d'Albert Rösti d'autoriser la construction de nouvelles centrales nucléaires est une opportunité en or pour les Vert-e-s, déjà dans les starting-blocks. Néanmoins, le parti doit s'armer de patience: ce dossier ne devrait être dévoilé qu’après les vacances d’été.
Le PLR est resté sur le quai ( ancien 4e)
L'accord avec l'Europe était une occasion rêvée pour les libéraux-radicaux. Le PLR aurait pu en être le leader et se positionner en défenseur de la voie bilatérale. Mais au lieu de saisir cette opportunité, le parti a multiplié les faux pas. La direction s'est cachée derrière l’assemblée des délégués, censée trancher en octobre – un signe de faiblesse plus que de pilotage stratégique.
Ce malaise a été renforcé par des tensions internes. Le président Thierry Burkart n’hésite pas à désavouer publiquement le conseiller fédéral Ignazio Cassis dans le débat sur la majorité des cantons. En parallèle, le PLR se déchire sur la question européenne: l’entrepreneur Simon Michel incarne le camp pro-UE, tandis que des figures comme Filippo Leutenegger ou l’ex-président des Jeunes libéraux-radicaux, Matthias Müller, mènent la fronde critique.
Dans ce contexte, même le succès de la réforme de l’imposition individuelle n’empêche pas le PLR de finir bon dernier au classement politique du moment.