Coup de massue tarifaire
Appel au boycott et viande de bœuf, voici comment riposte la Suisse

Depuis le coup dur porté par Donald Trump, la Suisse cherche une issue au fiasco douanier. Entre boycott, critiques, importations de munitions et de viande de bœuf, le Conseil fédéral a du pain sur la planche.
Publié: 20:29 heures
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Dernière mise à jour: 20:30 heures
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Le ministre de la Défense Martin Pfister veut à l'avenir acheter des biens d'armement principalement en Europe.
Photo: ANTHONY ANEX
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Lucien Fluri

Appel au boycott

Jusqu'à présent, les partis conservateurs voulaient négocier sans irriter le président américain Donald Trump. Désormais, le président du Centre, Philipp Matthias Bregy, veut poursuivre les négociations, mais exige d'imposer des contre-sanctions. «Les droits de douane sur les biens américains produits en Suisse, ou importés d'autres pays, ne doivent pas être un sujet à éviter», a-t-il écrit sur X. Il demande par exemple des droits de douane sur le vin ou la bière.

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Le conseiller national du Centre Reto Nause a déclaré qu'il compte changer ses habitudes de consommations personnelles, par exemple en arrêtant d'acheter des iPhones, en espérant que les consommateurs suisses puissent faire bouger les choses en l'imitant.

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Les critiques s'abattent sur Ignazio Cassis

Qu'en pense le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis? Depuis le début du litige douanier, le conseiller fédéral tessinois fait profil bas. L'Office fédéral de l'économie est en charge des négociations, mais l'homme politique est vivement critiqué, car Ignazio Cassis aurait tardé à appeler Marco Rubio avant l'échéance du 1er août. Pourtant, le gouvernement lui aurait demandé de le faire. Autre erreur de sa part: le conseiller fédéral aurait dû demander à Washington pourquoi les négociations douanières suisses tardaient autant. 

De plus, Ignazio Cassis s'est attiré les foudres de Washington en signant fin juillet une demande pour une solution à deux Etats à Gaza. «Ignazio Cassis et ses diplomates portent une grande part de responsabilité», déclare le président de l'Union démocratique du centre (UDC) Marcel Dettling.

Le «Mar-a-Lago crew» controversé

La Suisse ne veut plus miser uniquement sur les canaux diplomatiques traditionnels, mais aussi sur le réseau de certains entrepreneurs suisses aux Etats-Unis, aussi appelé le «Mar-a-Lago Crew». Mais ce changement de stratégie fait polémique, car il laisse transparaitre «une certaine impuissance du Conseil fédéral», a déclaré le chef du Centre Philipp Matthias Bregy. Le coprésident du Parti socialiste (PS) Cédric Wermuth est encore plus sévère. «Le Conseil fédéral semble s'aligner sur la logique oligarchique de Trump», a-t-il affirmé.

Faire un pas vers Trump?

Selon le ministre de la Défense Martin Pfister, la Suisse doit acheter davantage de matériel militaire en Europe. Une très mauvaise idée pour le président de l'UDC Marcel Dettling. «Cela ne passera pas inaperçu aux yeux de Trump.» Selon lui, cette stratégie doit être «immédiatement abandonnée». La nouvelle offre du Conseil fédéral aux Etats-Unis pourrait inclure des achats d'armes américaines et ce jeudi 7 août, lors de sa conférence de presse à Berne, Karin Keller-Sutter a explicitement évoqué l'achat de munitions. La Suisse fera-t-elle un pas vers Trump?

Plus de viande de bœuf

Les négociateurs envisagent de réduire les droits de douane sur les importations de viande bovine, au détriment des agriculteurs. Le président de l'UDC et agriculteur Marcel Dettling se dit disposé à faire certaines concessions, comme la mise en place des contingents d'importation pour la viande de bœuf américaine, et ce, pour deux raisons. D'une part, la Suisse ne peut pas produire suffisamment de viande de bœuf. D'autre part, la viande américaine produite à l'aide d'hormones aurait peu de succès auprès des consommateurs suisses. Malgré tout, Marcel Dettling refuse tout compromis sur la prolongation du chômage partiel à 24 mois pour les entreprises impactées par les droits de douane. 

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