Et si Trump disait non?
Voici les mesures prévues par la Confédération en cas d'urgence

Le Conseil fédéral reste optimiste quant à la possibilité de conclure un accord de dernière minute avec Donald Trump. Mais la Confédération travaille déjà sur des mesures de soutien à l'économie en cas d'échec des négociations.
Publié: 11:24 heures
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Dernière mise à jour: 11:27 heures
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Tous les regards sont tournés vers la secrétaire d'État Helene Budliger Artieda.
Photo: Keystone

La Suisse retient son souffle. La situation est tendue depuis que Donald Trump a frappé du poing sur la table le jour de la fête nationale helvétique. Résultat: 39% de droits de douane pour les produits suisses.

Une femme en particulier est pointée du doigt: Helene Budliger Artieda. Presque toute la pression repose sur les épaules de la secrétaire d'Etat, qui doit négocier un accord de dernière minute pour sauver la situation.

Est-ce encore réaliste d'espérer obtenir un accord de dernière minute? A Berne, l'optimisme règne encore en partie. Mardi, la Confédération a annoncé que la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le ministre de l'Economie Guy Parmelin s'envoleraient pour Washington. La conseillère fédérale doit s'entretenir avec le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio. 

Que faire en cas d'échec?

Le Conseil fédéral prépare toutefois un plan B. En cas d'échec, il est clair que des dizaines de milliers d'emplois seraient alors menacés. Ici aussi, Helene Budliger Artieda tire les ficelles. La cheffe du Secrétariat d'État à l'économie a personnellement dirigé lundi matin une conférence téléphonique avec des représentants des branches concernées. Elle ne s'est pas contentée d'informer sur les derniers développements. La secrétaire d'État a également exploré les mesures qui aideraient l'économie en cas d'échec de l'accord.

Du chômage partiel et ensuite?

Différentes mesures sont actuellement à l'étude, indique-t-on dans les milieux informés. Mais cela signifie aussi que rien n'est encore concret. Une solution, qui a déjà fait ses preuves pendant la période du Covid-19, est en tête de liste: les indemnités de chômage partiel.

Avec ces dernières, le Conseil fédéral veut éviter les licenciements, comme il l'a fait savoir lundi. Depuis l'été 2024, les entreprises peuvent déjà introduire le chômage partiel pendant 18 mois, au lieu de 12 auparavant. Le Conseil fédéral vient de prolonger cette mesure d'un an. Les secteurs de l'acier et de l'aluminium demandent déjà une extension du délai à 24 mois.

L'UDC s'oppose à cette solution

Pour le chef du Centre, Philipp Matthias Bregy, il est clair que le Conseil fédéral doit poursuivre les négociations, tout en sachant que cela sera difficile. Mais sur le plan de la politique intérieure, il voit tout à fait le chômage partiel comme un levier permettant d'éviter les dommages économiques, comme il l'affirme à Blick.

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Ces personnes ne travailleront alors pas et manqueront au marché du travail
Thomas Aeschi, président du groupe UDC
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L'Union démocratique du centre (UDC) voit les choses différemment. Le parti populaire s'oppose à la prolongation du chômage partiel pour les personnes concernées. «Ces personnes ne travailleront alors pas et manqueront au marché du travail», déclare le chef de groupe Thomas Aeschi.

Combien de temps le modèle du chômage partiel est-il viable? C'est la question que se pose le coprésident du groupe socialiste au Parlement fédéral Samuel Bendahan. Il soutient la stratégie du chômage partiel, mais elle ne fonctionne qu'à court terme. «Au final, tout le monde a à cœur de préserver les emplois et de protéger les personnes concernées», explique-t-il.

De l'UE aux accords de libre-échange

L'accès à de nouveaux marchés grâce aux accords de libre-échange est régulièrement cité comme une autre mesure. En effet, la Confédération a obtenu des succès dans ce domaine. Et elle continue de mener des discussions. Toutefois, ces négociations durent des mois, voire des années. L'apport potentiel à court terme est donc limité.

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Même l'évolution actuelle avec les Etats-Unis ne nous dispense pas d'une analyse sérieuse des accords de l'UE
Thierry Burkart, président du PLR
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L'exigence d'une coopération renforcée avec l'Union européenne (UE) est un peu plus tangible. En soi, il y a déjà un contrat sur la table. Depuis le choc douanier, Berne réclame de plus en plus que la Suisse établisse rapidement des relations claires avec son principal partenaire commercial. Pour le chef du groupe socialiste, Samuel Bendahan, «un lien renforcé avec l'UE» est essentiel. La cheffe du groupe Vert'libéral Corina Gredig fait également l'éloge de l'UE en tant que partenaire fiable.

Le PLR et l'UDC s'y opposent

Le président du Parti libéral-radical (PLR), Thierry Burkart, ne voit en revanche aucun besoin d'accélération. «Même l'évolution actuelle avec les Etats-Unis ne nous dispense pas d'une analyse sérieuse des accords de l'UE», déclare le conseiller aux Etats argovien. Selon lui, la position du camp PLR sur les bilatérales se décidera toujours le 18 octobre.

Sans surprise, le chef du groupe UDC, Thomas Aeschi, a un autre plan B en tête. Il met en garde contre le rapprochement avec l'UE, comme le Conseil fédéral l'envisage avec les Bilatérales III. «Cela ne ferait qu'engendrer des coûts supplémentaires pour la Suisse.» Le Conseil fédéral devrait maintenant planifier un paquet d'allègement qui aide les entreprises actives dans l'industrie d'exportation.

L'unité dans la crise?

Pour l'instant, la balle est dans le camp du Conseil fédéral. Les groupes parlementaires eux-mêmes ne mènent pas de discussions entre eux pour des interventions communes. Samuel Bendahan est d'avis qu'une «discussion est urgente».

On opère au niveau des négociations via le Conseil fédéral, déclare Thierry Burkart. Pour le président du PLR «il faut proposer quelque chose à Trump pour qu'il puisse annoncer un accord et proclamer une victoire en interne». «La mise en œuvre intégrale du deal n'est pas si cruciale – comme c'est le cas avec l'Europe – mais nous ne devons pas non plus nous laisser emporter par la panique.»

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C'est maintenant au Conseil fédéral de prendre ses responsabilités
Corina Gredig, président du groupe vert'libéral
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Pour le chef du Centre, Philipp Matthias Bregy, il est clair qu'il est de la responsabilité du Conseil fédéral de trouver un plan B. Ce n'est pas au Parlement de s'en occuper. Du côté des Vert'libéraux, Corina Gredig se rallie à ce point de vue: «C'est maintenant au Conseil fédéral de prendre ses responsabilités.» Elle estime qu'il n'est pas utile d'élaborer publiquement un plan B ou d'entacher les négociations avec des exigences de boycott.

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