Le lundi noir tant redouté n'a pas eu lieu
Le marteau douanier de Trump laisse les investisseurs suisses de marbre

L’indice principal SMI et le SPI enregistrent des pertes lors de la première séance après le choc des droits de douane de 39%. Mais le lundi noir redouté n’a clairement pas eu lieu. Et il y a de bonnes raisons à cela.
Publié: 19:00 heures
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Donald Trump bouleverse l'économie mondiale avec son conflit douanier.
Photo: keystone-sda.ch
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Michael Hotz

On craignait le pire pour la Bourse suisse: c’est justement le jour de la fête nationale que Donald Trump a infligé à la Suisse un taux de 39%, valable à partir de jeudi. En même temps, les Bourses internationales avaient perdu entre 2% et 3% vendredi, tandis que la Bourse suisse était fermée le 1er août. On s’attendait donc à des pertes importantes. Durant le week-end, UBS mettait encore en garde contre des «décisions hâtives» et des «réactions émotionnelles» – autrement dit, contre des ventes par panique.

Et puis, lundi, à l’ouverture de la Bourse à 9 heures, il ne s’est presque rien passé. Le SMI a d’abord perdu 1,8%, mais il s’est ensuite redressé au cours de la journée. Actuellement, l’indice phare suisse affiche encore une baisse de 0,4%, et près de la moitié des 21 titres du SMI ont même gagné en valeur. C’est une situation similaire pour le SPI, l’indice plus large de quelque 200 titres, qui a pour l’instant perdu 0,4%. Alors, pourquoi le lundi noir n’a-t-il pas eu lieu à la Bourse de Zurich? Il y a de bonnes raisons à cela.

Premièrement

Le marché boursier local ne reflète que partiellement l’économie suisse. Cela vaut particulièrement pour le très suivi SMI: «Le Swiss Market Index comprend principalement de grandes entreprises multinationales dont la présence mondiale les rend moins affectées par les droits de douane», écrit Matthias Geissbühler, responsable des investissements chez Raiffeisen Suisse, dans une analyse de marché. 

De plus, le secteur des services n’est pas directement touché par les droits de douane. Cela inclut les titres financiers comme UBS et Partners Group, qui ont tous deux perdu moins de 1% jusqu’à présent. C'est aussi le cas chez les assureurs Zurich Insurance, Swiss Re et Swiss Life, ainsi que l’opérateur télécom Swisscom, dont les actions ont toutes progressé récemment.

Deuxièmement

Les trois poids lourds du SMI – Nestlé, Novartis et Roche – qui représentent ensemble environ 30% de l’indice principal, s’en sortent plutôt bien en Bourse. L’action Roche perd actuellement 1,5%, ce qui est la plus forte baisse parmi ce trio. 

Certes, les deux géants pharmaceutiques bâlois sont sous pression à cause des prix des médicaments aux Etats-Unis – Trump les a menacés jeudi dernier dans une lettre – mais leurs produits sont encore exemptés des droits de douane. Quant à Nestlé, il peut bien éviter le coup des taxes de Trump, car le groupe alimentaire implanté à Vevey peut fabriquer pratiquement tous ses produits directement aux Etats-Unis.

Et troisièmement

De nombreux observateurs du marché et analystes boursiers soulignent que les droits de douane de 39% ne sont pas encore gravés dans le marbre. L’image «Taco» du président américain se fait sentir jusqu’en Suisse. «Taco» signifie «Trump always chickens out», que l'on pourrait traduire en en français par «Trump finit toujours par faire marche arrière».

Le terme a déjà commencé à circuler dans le milieu économique américain pour décrire les hésitations du chef de la Maison Blanche. Sur le marché local, la majorité est convaincue que Trump utilise les 39% de droits de douane uniquement comme base de négociation. Et qu’il finira par baisser ce taux.

Toutefois, à court terme, le temps presse. Les droits de douane de 39% doivent entrer en vigueur dès jeudi. Faut-il alors à nouveau craindre le pire pour la Bourse suisse?

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