Le Parlement s’exaspère
A peine entré en fonction, le chef de Ruag obtient une augmentation de salaire

Le président du conseil d'administration de Ruag, Jürg Rötheli, vient d'obtenir une augmentation de son temps de travail. Et donc de son salaire. La situation suscite des critiques au Parlement qui souhaite maintenant «tenir le groupe en laisse».
Publié: 06.06.2025 à 15:50 heures
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Accusations de fraude, contrôles insuffisants, projets en retard: l'année dernière, Ruag n'a pas pu échapper aux gros titres.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer

Accusations de fraude portant sur des millions, contrôles insuffisants, projets en retard, pouf pour les chars. L'année dernière, Ruag, le groupe d'armement appartenant à la Confédération n'a pas pu échapper aux gros titres. 

Un rapport d'enquête du Contrôle fédéral des finances (CDF) a attribué des notes déplorables au groupe, ce qui a entraîné démissions sur démissions. Afin de remettre les choses en ordre, le Conseil fédéral a élu en novembre Jürg Rötheli à la présidence du conseil d'administration.

Mais le nouveau patron de Ruag fait déjà tourner les têtes au Parlement. Le Conseil fédéral vient de faire savoir que, sur proposition du conseil d'administration, il augmentait le taux d'occupation de Jürg Rötheli de 35 à 50% pour une année. «Il est étrange qu'un nouveau président du conseil d'administration, nommé parce que l'on savait que Ruag n'allait pas bien, reçoive une augmentation de salaire substantielle quelques mois seulement après son entrée en fonction», estime la politicienne socialiste Sarah Wyss.

«Personne ne comprend cela!»

Concrètement, selon le rapport des cadres 2023, Jürg Rötheli reçoit 150'000 francs pour un poste à 35%. Pour 50%, il touche donc environ 215'000 francs. Cela ne passe pas non plus auprès de l'Union démocratique du centre (UDC). «Dans la situation actuelle, de tels excès salariaux sont un mauvais signal vers l'extérieur», déclare le politicien Mauro Tuena. «Personne ne comprend cela!», s'exclame-t-il.

«J'aurais en fait attendu d'avoir d'abord des solutions, et pas d'abord une augmentation de salaire, estime Sarah Wyss. La nécessité d'agir est certes incontestée, mais il est frappant de constater que certains membres du conseil d'administration cumulent jusqu'à onze mandats. J'attends de ces membres très occupés qu'ils puissent eux aussi mettre à disposition des capacités suffisantes pour relever ensemble les défis de Ruag». La méfiance semble désormais grande au sein du Parlement.

Nécessaire pour mettre en œuvre les réformes

Le Conseil fédéral, en revanche, se montre convaincu par cette augmentation du temps de travail. Pour le conseil d'administration de Ruag, elle est importante pour mettre en œuvre les conclusions des enquêtes. Celles-ci ont montré que «des réformes sont nécessaires dans plusieurs domaines» afin de créer des conditions stables dans l'entreprise.

Parallèlement, le Conseil fédéral examine la possibilité de rapprocher le groupe d'armement de l'administration fédérale. Aujourd'hui, Ruag travaille surtout pour l'armée suisse. 

Mais le Conseil fédéral est convaincu que la situation internationale en matière de sécurité exige un pilotage plus fort par la politique. C'est pourquoi le groupe d'armement doit à nouveau être tenu en laisse.

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