L'effondrement financier de l'hôpital régional zurichois de Wetzikon est un cauchemar pour des dizaines de créanciers. Des artisans restent assis sur leurs factures, un bistrot a dû fermer ses portes. L'une des raisons de ce gouffre financier est la construction d'un nouveau bâtiment qui a dérapé. Suite au refus de la conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli (UDC) d'accorder un soutien financier et une garantie de l'Etat, la société d'exploitation GZO Spital Wetzikon a été placée en sursis concordataire.
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Comme le montre un bilan actualisé cette semaine, la montagne de dettes s'élève à 285 millions de francs. Pour compenser cela, il reste seulement huit millions de francs de fonds propres. Une part qui s'élève donc à un maigre 2,8%. On apprend maintenant que Postfinance fait également partie des créanciers. L'établissement financier de La Poste serait même le plus grand créancier de l'hôpital de l'Oberland zurichois, et de loin!
«Nous ne nous prononçons pas sur les détails de certains investissements dans notre portefeuille de placements», déclare un porte-parole. Mais plusieurs sources chez Postfinance, à la maison mère et dans les milieux des créanciers confirment les faits. L'engagement auprès de l'hôpital a déjà causé un préjudice financier à Postfinance. Comme il ressort du rapport semestriel, l'établissement financier a dû comptabiliser un «ajustement de valeur de 25 millions de francs sur une position individuelle».
Selon des informations sûres, il s'agit d'un prêt sur reconnaissance de dette d'un montant de plus de 40 millions de francs. Postfinance n'a donc pas encore corrigé la valeur de la totalité du prêt, mais d'environ 60%. Il reste donc au moins 16 millions de francs dans les comptes de la filiale de la Poste. La valeur de cette position résiduelle reste à prouver et dépendra des mesures d'assainissement que l'hôpital poursuivra.
Pourquoi avoir pris un tel risque?
Pour PostFinance, cet investissement se transforme en véritable cauchemar financier. En raison de cette dépréciation, son bénéfice semestriel a chuté de 30 %, pour atteindre 64 millions de francs. Les experts peinent à comprendre pourquoi PostFinance a pris un tel risque, alors que l'hôpital fonctionnait depuis des années avec des capitaux propres insuffisants. L'idée que le canton interviendrait en cas de besoin semble avoir mené à une certaine négligence des risques financiers.
Cet épisode remet en question la stratégie de PostFinance. En principe, son rôle est de fournir une infrastructure pour les paiements en Suisse, et non de se lancer dans des investissements risqués. La loi interdisant à PostFinance de distribuer des crédits ou des hypothèques, ce prêt s'apparente à une entorse à la réglementation.
La distribution du courrier ne rapport plus assez
Le fait que la Poste interprète son mandat de prestations de manière idiosyncrasique fait désormais presque partie de l'ADN de l'entreprise publique. Depuis des années, le géant jaune mène une politique d'expansion douteuse. Comme les revenus de son activité principale, entre autres la distribution du courrier, diminuent, le directeur du groupe Roberto Cirillo rachète frénétiquement des entreprises. Le groupe postal s'immisce ainsi de plus en plus dans des domaines qui étaient jusqu'à présent couverts par des prestataires privés.
Il ne se contente pas de s'étendre dans des secteurs économiques où il n'a rien à faire. Dans sa tournée d'achats, il rassemble également des entreprises qui ne sont peut-être pas les meilleures et dont les produits et services sont en fin de cycle de vie. La plupart des entreprises «postées» sont placées sous l'égide du secteur «Services de communication» de Nicole Burth, membre de la direction du groupe. Celui-ci est «toujours en cours de développement», comme on peut le lire dans le rapport de gestion de la Poste.
L'année dernière, les «services de communication» de Burth ont enregistré une perte de plus de 72 millions de francs. De plus, avec les reprises, la Poste charge aussi beaucoup de goodwill sur le bilan. Au cours des deux dernières années, ce poste de fortune immatérielle a augmenté de 40% pour atteindre 531 millions de francs. Le potentiel d'amortissement atteint ainsi des sommets toujours plus vertigineux.
L'épreuve de force vendredi
Une vérification de la réalité aura lieu vendredi prochain. Les créanciers d'un emprunt de 170 millions de l'hôpital se réuniront alors à Wetzikon. Cet emprunt représente la majeure partie de la charge de la dette. Des débats houleux auront lieu sur la manière dont l'hôpital pourrait être assaini. Un groupe de créanciers, le GZO Creditor Group, estime que les actifs de l'hôpital dépassent de loin ses dettes. Les propriétaires de l'hôpital – des communes de l'Oberland zurichois – veulent conduire l'hôpital au surendettement en procédant à un amortissement.
Si GZO Creditor Group parvient à convaincre la majorité des détenteurs d'obligations – parmi lesquels se trouvent des caisses de pension, des assurances et des caisses-maladie –, un contrepoids aux propriétaires sera créé. L'avis de Postfinance sera également sollicité. Elle n'est certes pas obligataire, mais en tant que créancière du prêt sur reconnaissance de dette, elle doit néanmoins décider si elle se rallie ou non au plan du groupe de créanciers. Lorsqu'elle s'est engagée il y a plus de dix ans, elle ne s'attendait sans doute pas à ce que les choses en arrivent là.