Derrière une façade impassible, la tension est maximale. Depuis le choc douanier du 1er août, les diplomates suisses redoublent d’efforts pour convaincre le président américain de conclure un accord. L’objectif? Obtenir la levée de la taxe d’importation de 39% sur les marchandises helvétiques.
Depuis son entretien téléphonique avec Trump le 31 juillet, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter est également sous pression. Les initiés de Washington et une partie de l'économie locale la tiennent pour responsable du fiasco douanier. Des voix s'élèvent même pour demander que la magistrate se retire des discussions bilatérales avec les Etats-Unis.
KKS invitée à céder sa place
D’après des informations de Blick, le cofondateur de Partners Group, Alfred Gantner, a lui-même appelé la présidente de la Confédération pour lui demander de céder sa place et de confier les négociations à la cheffe du Seco, Helene Budliger Artieda.
L'intervention du manager de private equity aurait suscité l'indignation à la tête du département des finances. Alfred Gantner avait accompagné la présidente de la Confédération et le ministre de l'économie Guy Parmelin à Washington début août, en tant que membre de la «Team Switzerland». Le Conseil fédéral souhaitait que des représentants de grands groupes soient présents pour convaincre la partie adverse de la concrétisation des projets d'investissement suisses aux Etats-Unis.
Alfred Gantner, cofondateur de l'alliance Kompass/Europa et co-initiateur de l'initiative Kompass, est également très actif sur le plan politique. Mais n'a-t-il pas dépassé les limites en intervenant auprès de la plus haute représentante de la Confédération? Le «Big Fredy», comme le surnomme le magazine économique «Bilanz», a-t-il perdu le sens de la subtilité politique?
Trump se serait plaint de la «présidente de la Suisse»
Le 7 septembre dernier, le CEO de Rolex Jean-Frédéric Dufour a invité Trump à la finale du tournoi de tennis US Open à New York, et tous deux ont salué la foule depuis les loges du stade Arthur Ashe. Lors de ce tête-à-tête exclusif avec le président américain, le Genevois aurait fait la promotion de la Suisse. A cette occasion également, selon la rumeur, Trump se serait à nouveau plaint de la «présidente suisse», Karin Keller-Sutter.
Le rôle de la Saint-Galloise reste controversé. Dans son entourage, on souligne à juste titre que le dossier de négociation concernant Trump est entre les mains du Département de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) de Guy Parmelin et du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) qui lui est rattaché.
«No comment», a affirmé le Département fédérale des finances (DFF), interrogé sur la conversation téléphonique d'Alfred Gantner avec Karin Keller-Sutter. Alfred Gantner a lui-même fait savoir qu'il ne s'exprimera plus publiquement jusqu'à la fin des négociations.