La pharma s'inquiète
Prix en baisse ou relocalisation? Trump met les laboratoires pharmaceutiques sous pression

Le président américain Donald Trump a frappé fort avec une mesure tarifaire visant l’industrie pharmaceutique. Jusqu’ici confiants, les dirigeants de ces grandes entreprises pourraient désormais commencer à s’inquiéter.
Publié: 11:12 heures
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Dernière mise à jour: 11:27 heures
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Le président américain Donald Trump s'attaque désormais au secteur pharmaceutique avec de nouveaux droits de douane.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Martin Schmidt

Le président américain Donald Trump aime les flatteries. Les grands patrons de la tech comme Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, ou Tim Cook, patron d'Apple, l'ont bien compris. En revanche, du côté de la branche pharmaceutique, Trump se heurte à un mur. Les chefs des grands groupes ont, paraît-il, ignoré les lettres du président américain. 

Le souhait du chef de la Maison Blanche? Que les entreprises pharmaceutiques baissent leurs prix tout en investissant des milliards aux Etats-Unis.

Augmenter la sécurité de l'approvisionnement

Il y a deux mois, Trump avait demandé à 17 entreprises pharmaceutiques de baisser leurs prix et de les ramener au niveau des pays industrialisés les moins chers. Novartis et Genentech, filiale de Roche, font partie des entreprises concernées par cette demande. Cette exigence est fondée: Les Américains sont ceux qui paient le plus cher leurs médicaments, et de loin. Sur un marché américain non réglementé, les laboratoires profitent des prix élevés pour financer en grande partie leurs recherches.

En l'absence de réaction, Trump a annoncé jeudi soir un coup de massue tarifaire contre l'industrie pharmaceutique. Cette fois-ci, il est concret. A partir du premier octobre, le président américain imposera un droit de douane de 100% sur tous les médicaments de marque ou brevetés. Les génériques semblent en être exclus.

Les entreprises qui exploitent des sites de production aux Etats-Unis ou qui construisent actuellement une usine devraient toutefois être épargnées. La raison? Trump souhaite forcer les entreprises fabriquant des médicaments pour le marché américain à s'installer aux Etats-Unis afin de garantir l'approvisionnement.

Trump tient à épater ses électeurs

Pendant les négociations douanières, l'industrie pharmaceutique mondiale avait annoncé des investissements à grande échelle aux Etats-Unis. Parmi eux, les groupes suisses Roche et Novartis. L'installation de nombreuses usines aux Etats-Unis était déjà prévue auparavant. 

Mais Trump tient à afficher de grands chiffres auprès de ses électeurs. À la demande du gouvernement américain, les groupes pharmaceutiques ont donc augmenté leurs budgets de recherche et développement de plusieurs milliards de dollars. Novartis s’est ainsi retrouvé avec 23 milliards de dollars d’investissements et Roche avec 50 milliards.

Le président américain a même annoncé une baisse des prix des médicaments de 1000%. Les groupes pharmaceutiques savent cependant faire leurs comptes. Si les prix baissent aux Etats-Unis, il faudra économiser ailleurs. Par exemple dans les investissements de plusieurs milliards prévus aux Etats-Unis. Dans un climat politique aussi instable, ces milliards investis restent une source de forte incertitude.

Les petites entreprises durement touchées

La liste des entreprises réellement touchées par les mesures douanières reste aujourd’hui très incertaine. A Bâle, on semble toujours aussi serein. «Roche et Novartis ne devraient pas être concernés en raison des investissements prévus», écrit Stephen Ezell à la demande de Blick. Il est directeur de l'Information Technology & Innovation Foundation, un groupe de réflexion basé à Washington.

Mais cette fois, l’inquiétude pourrait gagner les sièges des groupes pharmaceutiques. Il n’existe pas encore de base légale pour les droits de douane, mais cela pourrait bientôt changer. Sur la base d'une enquête de la section 232, Trump peut appliquer des droits de douane spécifiques à un secteur si les importations représentent un risque pour la sécurité nationale. L'enquête correspondante des autorités américaines a débuté en avril. «Le processus administratif et procédural est maintenant terminé», a déclaré Stephen Ezell.

Si Trump introduit réellement ces droits de douane, les petites entreprises seront particulièrement touchées. «Elles ne pourront pas facilement délocaliser leurs sites de production ou annoncer de nouveaux investissements», explique Stephen Ezell. Dans ce cas, certains médicaments pourraient disparaître du marché américain ou ne se vendre qu’à un prix très élevé.

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