180 kilomètres. Cinq jours. Cinq nuits. Sans sortir de l’eau. Noam Yaron, nageur et éco-aventurier suisse originaire de Morges, se prépare à tenter une traversée hors norme entre Calvi et Monaco. Son objectif? Battre un record du monde et secouer les consciences.
L’été dernier, le Vaudois de 28 ans avait déjà tenté l’exploit. Il avait nagé 103 km en 48 heures, avant de devoir abandonner pour cause de météo défavorable. Un coup dur? Pas pour lui. «Un échec, ça veut dire qu’on abandonne. Moi, je suis sorti de l’eau avec une seule idée en tête: revenir.»
Cette année, il se dit mieux entouré, mieux organisé et plus déterminé que jamais. Avec une cinquantaine de personnes mobilisées autour de lui: météorologues, skippers, caméramans, logisticiens. Le projet est devenu une véritable «Formule 1 sur l’eau», rigole-t-il.
Une traversée politique et écologique
La traversée de Noam n’est pas seulement un défi physique. C’est un message. Le tracé relie la Corse, les eaux italiennes et Monaco, soit les trois pays qui gèrent le sanctuaire Pelagos, une aire marine protégée censée préserver la biodiversité. Sauf que, sur le terrain, ça ne suit pas.
«Il n’y a pas énormément d’actions pour protéger cette zone. Elle ne l’est pas vraiment», regrette le Morgien. Son objectif: alerter sur les menaces qui pèsent sur les cétacés. En Méditerranée, une baleine sur cinq porte des traces de collision avec des bateaux. «Il y a la deuxième plus grande baleine au monde ici, le rorqual commun. Et elles sont tuées par des cargos ou des yachts lancés à pleine vitesse.» Sa demande est simple: réduire la vitesse à 10 nœuds dans la zone, comme cela se fait ailleurs dans le monde.
Dormir en nageant
Durant la traversée, Noam n’aura pas le droit de sortir de l’eau, ni de s’accrocher à un bateau. Il devra manger, boire, dormir et faire ses besoins… dans la mer. Son arme secrète: les micro-siestes. «Je dors sept minutes toutes les quatre à six heures. Et la nuit, j’ai appris à dormir en nageant, grâce à une méthode d’hypnose.» Une ligne lumineuse l’aide à s’orienter. Les hallucinations? Il connaît. «Je vois des films d’animation, des acteurs. D’autres voient des requins. Moi, c’est plutôt cinéma», sourit-il.
Avec des fonds marins à 2800 mètres, des méduses la nuit et des bruits sous-marins mystérieux, la traversée est aussi mentale. Mais pas de panique pour le Morgien. «La mer, il faut la respecter. Mais cette peur, je l’utilise comme outil. C’est une bonne dose d’adrénaline.»
Le Vaudois, parti ce lundi matin de Calvi, ne nagera pas seul. Grâce à son concept de MedCube, les supporters peuvent effectivement devenir co-détenteurs du record du monde. «Ce sera homologué par la World Open Water Swimming Federation. Pour la première fois, un record sera officiellement détenu par plusieurs personnes, même si je suis seul à nager.»