Von der Leyen veut de «vraies solutions»
Xi Jinping appelle les dirigeants européens à resserrer les liens avec la Chine

Xi Jinping a affirmé jeudi que Pékin et Bruxelles devaient renforcer leur confiance mutuelle, la présidente de la Commission européenne appelant à de «vraies solutions» pour des relations bilatérales qui sont à un «moment charnière».
Publié: 24.07.2025 à 13:46 heures
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«Les défis actuels auxquels l'Europe est confrontée ne viennent pas de la Chine», a insisté Xi Jinping.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

La Chine cherche à resserrer ses liens avec le Vieux continent, et se présente comme un partenaire stable et plus fiable que les Etats-Unis de Donald Trump. Mais Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et Antonio Costa, le président du Conseil européen, sont arrivés avec une longue liste de contentieux.

Parmi eux: un important déséquilibre commercial en défaveur de l'UE, des craintes d'inondation du marché européen par des produits chinois bon marché et subventionnés, ou le rapprochement Pékin-Moscou, vu avec suspicion sur fond d'invasion russe de l'Ukraine.

«Faire le bon choix stratégique»

«Plus la situation internationale est grave et complexe, plus la Chine et l'UE doivent intensifier la communication, renforcer la confiance mutuelle et approfondir la coopération», a déclaré Xi Jinping dans l'immense Palais du peuple, lieu traditionnel de réceptions diplomatiques au coeur de Pékin.

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«Il n'existe entre la Chine et l'UE pas de conflit d'intérêts ni de désaccord géopolitique fondamentaux»
Xi Jinping, président de la Chine
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Face aux «instabilités» dans le monde, «les dirigeants chinois et européens doivent encore une fois faire preuve de clairvoyance et d'engagement, et faire le bon choix stratégique», a-t-il souligné.

«Les défis actuels auxquels l'Europe est confrontée ne viennent pas de la Chine», a insisté Xi Jinping, cité par l'agence étatique Chine nouvelle. «Il n'existe entre la Chine et l'UE pas de conflit d'intérêts ni de désaccord géopolitique fondamentaux», a-t-il ajouté.

Un «moment charnière»

En réponse, Ursula von der Leyen a déclaré qu'il était «essentiel que la Chine et l'Europe reconnaissent leurs préoccupations respectives et proposent des solutions concrètes». Elle a averti que les relations se trouvaient à un «moment charnière».

De son côté, Antonio Costa a déclaré à Xi Jinping que l'UE souhaitait voir des «progrès concrets sur les questions liées au commerce et à l'économie». «Nous voulons tous les deux que notre relation soit (...) mutuellement bénéfique», a-t-il souligné.

Défendre le libre échange

Lors d'une réunion distincte jeudi, le Premier ministre chinois Li Qiang a lui déclaré aux deux dirigeants de l'UE qu'une «coopération étroite» entre Pékin et Bruxelles était un «choix naturel». «Tant que la Chine et l'UE défendront sincèrement le libre-échange, alors l'économie et le commerce internationaux resteront dynamiques», a-t-il affirmé.

Bruxelles a reconnu avant la visite que les discussions avec Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang pourraient être tendues. «Nous savons que nous ne sommes pas d'accord avec la Chine sur de nombreux sujets», a confié la semaine dernière un haut responsable européen à l'AFP. «Mais nous pensons qu'il est essentiel d'avoir ce type d'échange très direct, ouvert et constructif, au plus haut niveau».

La Chine et l'UE se sont également engagées jeudi dans un communiqué conjoint à «renforcer leurs efforts» dans la lutte contre le changement climatique. Les dirigeants chinois et européens sont convenus d'accentuer la coopération dans des domaines comme la transition énergétique, d'accélérer le déploiement mondial des énergies renouvelables ou encore de faciliter l'accès aux technologies vertes.

Un déficit commercial inquiétant

En tête des préoccupations européennes lors de ce sommet de jeudi figurait le déficit commercial abyssal avec Pékin, qui a atteint l'an dernier 357 milliards de dollars (304 milliards d'euros). Ursula von der Leyen a demandé à Pékin d'ouvrir davantage son marché aux entreprises européennes et d'assouplir ses restrictions à l'exportation de terres rares – stratégiques pour les technologies modernes.

L'UE a imposé de lourds droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, accusant les subventions étatiques chinoises de fausser la concurrence, au détriment des constructeurs européens. Pékin a répondu par des enquêtes ciblées sur les importations de porc, de cognac et de produits laitiers européens.

Relations avec la Russie

Sur la guerre en Ukraine, les Européens voient avec méfiance le rapprochement économique et politique Chine-Russie depuis l'invasion de 2022, estimant qu'il fournit un soutien crucial à Moscou. Antonio Costa a encore exhorté jeudi la Chine, devant Xi Jinping, à «user de son influence sur la Russie» pour mettre fin à la guerre.

La semaine dernière, l'UE a adopté de nouvelles sanctions contre la Russie - ciblant notamment deux banques chinoises.

«Nous ne sommes pas naïfs», avait déclaré à l'AFP le haut responsable européen. «Nous ne demandons pas à la Chine de couper ses liens avec la Russie mais de renforcer ses contrôles douaniers et financiers».

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