Les espoirs de paix s'amenuisent
Comment Poutine fait tourner Trump en bourrique avec sa tactique de lamentation

Les lamentations de Poutine sur une prétendue attaque contre sa résidence anéantissent l'espoir naissant d'une paix en Ukraine. 2026 pourrait être marquée par une nouvelle escalade.
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Donald Trump semble écouter davantage Vladimir Poutine que le président ukrainien.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
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Guido Felder

On aurait souhaité une fin plus réjouissante pour 2025. Comme avec un premier pas vers la paix que Donald Trump aurait pu mettre en place entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky. Après plusieurs négociations, dont la dernière a eu lieu dimanche à Mar-a-Lago, l'espoir aurait pu enfin renaitre. 

Mais lors des dernières heures de cette année, tout semble se dérouler différemment. Le dirigeant du Kremlin lance une guerre de propagande, ce qui pourrait déclencher une escalade sur le champ de bataille. Et Trump semble se laisser prendre à la tactique de lamentation de Poutine.

Moscou critique le «terrorisme d'Etat»

A l'origine de la dernière polémique en date se trouve une déclaration émanant du Kremlin. Lundi, Moscou a affirmé que la défense aérienne russe avait abattu 91 drones ukrainiens qui voulaient détruire la résidence de Poutine à Valdai, près de Novgorod. Le conseiller en chef de Poutine, Iouri Ouchakov, a parlé de «terrorisme d'Etat» ukrainien et a annoncé de lourdes représailles.

Dans le même temps, le bras droit de Poutine, l'ancien président de la République et actuel vice-président du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, a menacé Zelensky de mort et d'exposer son cadavre mutilé dans un musée de Saint-Pétersbourg.

Ce mercredi, la Russie en a remis une couche: le ministère russe de la Défense a diffusé une vidéo montrant un soldat au visage dissimulé se tenant près des débris d'un drone, ainsi qu'une carte montrant la trajectoire des engins lancés lors de cette attaque présumée dans la nuit de dimanche à lundi.

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De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a accusé mercredi la Russie de chercher à faire «dérailler» les efforts de paix avec l'Ukraine, en avançant des accusations «infondées». «L'affirmation de la Russie selon laquelle l'Ukraine aurait récemment pris pour cible des sites gouvernementaux clés en Russie a pour but de faire diversion», a-t-elle averti dans une publication sur le réseau social X.

Poutine bombarde des immeubles résidentiels

On est en droit de se demander pourquoi Poutine se montre autant indigné lorsque l'ennemi s'en prend à lui. Depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, Zelensky a également été la cible de plusieurs attentats. On parle d'une douzaine d'attaques qui ont pu être déjouées par les autorités ukrainiennes et, dans un cas, par les autorités polonaises.

On peut aussi se demander si une attaque contre une résidence de Poutine signifierait réellement une escalade de la part de l'Ukraine. On peut en effet supposer que les quartiers généraux de Poutine sont parfaitement protégés contre tout type d'attaque. Bien mieux que les immeubles d'habitation de Kiev, que l'armée de Poutine a bombardés samedi avec plus de 500 missiles et drones. Le bombardement massif a fait plusieurs morts et de nombreux blessés. Des milliers de personnes doivent désormais braver le froid à cause de la destruction des infrastructures énergétiques, alors que les températures nocturnes avoisinent les -10 degrés. 

Par conséquent, l'indignation de Poutine face à une possible attaque contre sa résidence est une mise en scène théâtrale, tout comme le fait qu'il dise à Trump que les drones de Zelensky voulaient le tuer. 

Trump croit Poutine

Cette tactique de propagande n'est pas nouvelle. La différence, c'est que Donald Trump semble y croire. En tout cas, il a répondu que la prétendue attaque ukrainienne le mettait «très en colère». Trump semble accorder sa confiance à l'homme qui peut lui être le plus utile pour conclure des accords: Poutine.

Toujours est-il que le parti de Trump porte un regard davantage nuancé sur les lamentations de Poutine. Le député républicain Don Bacon, du Nebraska, réprimande publiquement le président américain sur X. «Le président Trump et son équipe devraient d'abord s'informer des faits avant de rejeter la faute sur quelqu'un. Poutine est connu pour mentir sans vergogne.»

Pourquoi Poutine, d'ordinaire si intransigeant, se met-il soudainement à se lamenter et à se plaindre à la Maison Blanche au sujet de sa guerre brutale? C'est son vieux schéma habituel: il signale à Trump sa volonté de négocier, mais laisse la situation s'envenimer au moment décisif.

Poutine a besoin d'une excuse pour dénoncer Zelensky comme étant un obstacle à la paix et se donner une légitimité pour son véritable objectif: Poutine ne cherche pas la paix, mais la guerre pour soumettre l'Ukraine. Il l'a prouvé une fois de plus avec sa campagne de lamentations, qui a porté ses fruits.

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