Nouvelles attaques
Kiev dit progresser en Russie, Moscou maintient sa pression

Kiev a revendiqué jeudi de nouvelles avancées dans la région russe de Koursk, au neuvième jour de son offensive. L'armée russe a pour sa part assuré y avoir repris un village et capturé un autre dans l'est de l'Ukraine.
Publié: 15.08.2024 à 21:57 heures
Les forces ukrainiennes assurent avancer sur le sol russse.
Photo: Anadolu via Getty Images
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ATS Agence télégraphique suisse

Les forces ukrainiennes ont attaqué le 6 août cette région frontalière, s'emparant de plusieurs dizaines de localités dans ce qui est la plus grande opération militaire étrangère en sol russe depuis la Seconde guerre mondiale.

Le commandant de l'armée ukrainienne Oleksandre Syrsky a revendiqué jeudi une progression de 35 kilomètres en profondeur pour un contrôle total de 1150 km2 et de 82 localités, soit huit localités supplémentaires par rapport à mardi.

Le président Volodymyr Zelensky a lui annoncé que ses forces avaient «libéré» entièrement la ville russe de Soudja, une cité de 5500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière et qui représente la principale conquête des forces ukrainiennes dans le cadre de cette offensive.

«Forces et moyens supplémentaires»

Signe de l'intention des forces ukrainiennes de s'implanter dans la durée, le général Syrsky a annoncé la création d'une administration militaire dans la région, chargée des affaires courantes, de la logistique et d'assurer la sécurité.

Prise au dépourvu face à des groupes motorisés ukrainiens très mobiles et qui ont facilement franchi la frontière, l'armée du Kremlin a assuré depuis avoir mobilisé des renforts et a annoncé jeudi pour la première fois avoir repris un village dans la région, celui de Kroupets.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, a également fait état jeudi de «l'allocation de forces et de moyens supplémentaires» dans la région de Belgorod, voisine de celle de Koursk. La situation y est «extrêmement tendue», selon son gouverneur Viatcheslav Gladkov.

«Prier pour nos combattants»

Du côté ukrainien de la frontière, à Soumy, les journalistes de l'AFP ont assisté jeudi aux funérailles de six militaires ukrainiens tués au cours de l'offensive de Koursk.

Les familles, en pleurs et vêtus de noir, ont écouté le prêtre prononcer une oraison funèbre. «Notre tâche est de prier pour nos combattants héroïques et leurs familles», a-t-il lancé. Des sirènes d'alerte aérienne ont résonné à la fin de la cérémonie.

L'offensive dans la région de Koursk est la première avancée d'ampleur de l'Ukraine depuis ses contre-offensives victorieuses de la fin 2022. Volodymyr Zelensky, pour qui l'attaque vise à «déplacer» la guerre en Russie, a affirmé que des centaines de soldats russes avaient été faits prisonniers depuis le 6 août.

Elle a donné un second souffle à l'armée ukrainienne, qui, depuis l'échec d'une autre contre-offensive à l'été 2023, recule dans la région de Donetsk (est) face à des forces russes plus nombreuses et mieux armées.

Des médias britanniques ont affirmé jeudi que l'armée ukrainienne utilisait des chars lourds Challenger 2 livrés par le Royaume-Uni lors de son offensive en Russie. Sans confirmer cette information, un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a argué jeudi que les récents «changements sur la ligne de front» montraient que Kiev utilisait «efficacement l'aide militaire et financière» reçue de l'étranger.

Situation «difficile» dans l'Est

Les autorités ukrainiennes ont fourni diverses raisons pour expliquer l'assaut contre la Russie: forcer Moscou à retirer des troupes d'autres parties du front, créer une «zone tampon» en territoire russe contre les bombardements ou encore s'en servir comme monnaie d'échange lors de négociations futures.

La pression ne semble pourtant pas s'alléger dans l'est de l'Ukraine, où se déroule toujours l'essentiel des combats. Moscou y a revendiqué jeudi la capture du village d'Ivanivka, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Pokrovsk, un important noeud logistique.

Selon le commandant de l'armée ukrainienne Oleksandre Syrsky, la situation sur les fronts Est et Sud reste «difficile mais sous contrôle».

Sur Telegram, l'administration de Pokrovsk a néanmoins appelé jeudi les habitants, «en particulier les familles avec des enfants», à évacuer avant qu'il ne soit trop tard, soulignant que l'ennemi avançait «à un rythme rapide».

Les frappes russes se poursuivent aussi. Les autorités locales ukrainiennes ont rapporté dans la journée la mort de cinq civils tués par des bombardements dans les régions de Donetsk, Kharkiv (nord-est) et Kherson (sud).

Couloirs humanitaires

À Koursk, la capitale de la région éponyme, des journalistes de l'AFP ont vu jeudi environ 500 personnes évacuées lors d'une distribution de nourriture et de vêtements menée par la Croix-Rouge russe.

Selon les autorités, plus de 120'000 personnes ont fui les combats et les bombardements, et près de 2000 autres pourraient se trouver dans les zones occupées par l'armée ukrainienne.

Au moins 12 civils ont été tués et plus de 120 blessés, dont des enfants, depuis le début de l'opération ukrainienne, selon un bilan des autorités russes fourni en début de semaine.

Enfin, l'Ukraine a fait savoir mercredi que son armée prévoyait d'ouvrir des couloirs humanitaires dans la région de Koursk pour faciliter les évacuations de civils tant en direction de la Russie que de l'Ukraine.

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