Il en fait trop avec l'armée
Les généraux contre Trump: la révolte que redoute l'Amérique

Combien sont-ils à ne pas vouloir suivre les ordres du Président des Etats-Unis? Dans les couloirs du Pentagone, un vent de révolte gronde parmi les généraux américains. Et si Trump trébuchait sur cette armée qu'il fait défiler le 14 juin?
Publié: 11.06.2025 à 06:04 heures
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Le président Donald Trump est accueilli à l'aérodrome de l'armée à Fort Bragg, mardi 10 juin.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Pour l’heure, seuls les vétérans les plus gradés s’expriment. «Nous assistons à la politisation des forces armées s’est exclamé l’ex-général de division Paul Eaton, après avoir appris le déploiement de 700 Marines à Los Angeles. «Cela donne une image terrible de l’armée.» Est-il seul à prendre la parole? Non. «Les vétérans mettent de plus en plus en garde contre le risque de transformer l’armée américaine en force politique», notait lundi 9 juin l’édition américaine du «Guardian».

Cette révolte des «étoilés» est le scénario que Donald Trump et son clan redoutent le plus, à quelques jours de la parade militaire du 14 juin sur le Mall, à Washington dont le coût (45 millions de dollars) est déjà décrié. Ce jour-là, le président des Etats-Unis fêtera aussi son 79e anniversaire. La coïncidence du calendrier n’en est bien sûr pas une. Pour le locataire de la Maison Blanche, cette démonstration de force, justifiée par le 250e anniversaire de la création de l’armée américaine, est d’abord au service de ses intérêts politiques.

Contre l’avis du gouverneur

Problème: les manifestations de Los Angeles, et le déploiement ordonné par l’exécutif de la Garde nationale et des Marines, contre l’avis du gouverneur de Californie, sont en train d’attiser cette rébellion. «Nous nous dirigeons vers l’invocation de la loi sur l’insurrection, qui fournira une base juridique pour des activités inappropriées», a averti Paul Eaton, un des commandants de l’armée durant la guerre en Irak. Un signal d’alarme qui vient s’ajouter au chaos ambiant au Pentagone, le ministère de la Défense dirigé par l’ancien commandant des forces spéciales (et animateur de Fox TV) Pete Hegseth.

«En trois mois seulement, Pete Hegseth a provoqué un chaos sans précédent. Il n’a fait que promouvoir des vétérans de l’armée sans expérience de la gestion d’organisations vastes et complexes. Certains sont soupçonnés d’avoir divulgué des informations non autorisées et ont été escortés hors du bâtiment», racontait le «New York Times» dans son édition du 22 avril. Or, déployer les réservistes de la Garde nationale contre l’avis du gouverneur de l’Etat de Californie, Gavin Newsom, est un signe inquiétant: «Trump parle à son Amérique MAGA (Make America Great Again), estime une universitaire. Il veut les convaincre que le chaos menace le pays, alors qu’il le provoque.»

Inimitié connue

L’inimitié entre Donald Trump et de nombreux généraux réputés et décorés n’est un secret pour personne. Durant son premier mandat, ses principaux collaborateurs issus de l’armée, tels les Généraux HR Mc Master (conseiller à la sécurité nationale), James Mathis (secrétaire à la défense) ou John Kelly (chef d’Etat-major interarmes) ont tous fini par se retourner contre lui. James Mathis l’a même accusé d’avoir des tendances «fascistes». Une accusation étayée, selon l’officier supérieur, par des paroles de Trump louant les généraux nazis, dévoués à la personne d’Hitler.

Un général est particulièrement redouté par l’administration Trump. Il s’agit de l’ex-chef d’Etat-major limogé en février, CQ Brown Jr., un pilote de l’US Air Force que le secrétaire à la Défense a accusé d’avoir été promu parce qu’il est afro-américain. S’il prenait la parole, CQ Brown pourrait entraîner derrière lui des ex-poids lourds du Pentagone comme l’ancien patron de la CIA David Petraeus. Le nouveau commandant en chef interarmes est le Général Dan Caine.

Audition devant le Congrès

Lui et Pete Hegseth étaient convoqués mardi 10 juin pour une audition devant la Commission de la défense de la Chambre des représentants. Ils doivent justifier la demande de budget 2026 du président Trump, qui s’élève à près de 1000 milliards de dollars. Mais les élus démocrates ont déjà Los Angeles, et les questions constitutionnelles posées par ce déploiement de l’armée, dans leur collimateur.

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