Le chancelier allemand Friedrich Merz ne pouvait pas rêver plus belle revanche!
Le 9 janvier 2025, en pleine campagne électorale, Elon Musk donnait un coup de pouce sans précédent à son adversaire d’extrême-droite Alice Weidel. Dans une conversation à distance avec la leader de l’AFD – le parti arrivé en seconde position dans les urnes, le 23 février – l’homme le plus riche du monde entamait alors une série d’incursions politiques visant à appuyer de toutes ses forces les formations nationales populistes. Une offensive évidemment adoubée par Donald Trump, et doublée en Allemagne par l’intervention du vice-président JD. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich, le 14 février.
Ironie du calendrier
Moins de quatre mois plus tard, l’ironie du calendrier a voulu que Trump choisisse d’humilier Elon Musk à l’issue de son échange avec le chancelier conservateur dans le bureau ovale. Mieux: quelques minutes seulement ont séparé, jeudi 5 juin, le moment où Friedrich Merz remet au président des Etats-Unis l’acte de naissance de son grand-père Friedrich Trump, qui vit le jour près de Brandebourg, dans le Palatinat, avant de tenter sa chance en Amérique. L’image est forte: voici Trump tout sourire, aux côtés d’un dirigeant européen lui rappelant ses origines familiales. Tandis que l’afrikaner Elon Musk, né en Afrique du Sud, devient d’un seul coup le paria de la Maison Blanche…
Cette scène ne veut pas dire que Trump et les ténors de son mouvement MAGA (Make America Great Again) vont remiser de suite leurs attaques contre une Europe qu’is jugent trop réglementée, trop fermée aux produits américains, et pas assez gourmande en matériel militaire «Made in USA». Elle ne signifie pas non plus que le président des Etats-Unis va suivre ses alliés de l’OTAN, qu’il retrouvera les 24 et 25 juin à La Haye, aux Pays-Bas, dans leur soutien réaffirmé à l’Ukraine contre Vladimir Poutine.
Idéologie MAGA
Ce que le divorce en cours avec Elon Musk révèle en revanche est le retour probable, à Washington, d’une administration prête à adapter son idéologie MAGA aux circonstances. Pour satisfaire l’appétit de son empire industriel, spatial et numérique à vocation mondiale, Elon Musk avait un intérêt immédiat à déstabiliser les gouvernements européens et les institutions communautaires, ou à s’assurer en tout cas que des dirigeants amis et redevables prennent d’urgence le pouvoir sur le Vieux Continent. Donald Trump a, lui, davantage intérêt au calme après la tempête économique mondiale déclenchée par sa guerre des tarifs douaniers. L’heure est aux négociations. Donc aux concessions mutuelles.
Ennemi des démocraties
L’extraordinaire paradoxe de ce duel Trump-Musk est que l’homme le plus riche du monde a, sur certains points, de réelles convergences avec l’Europe. Musk ne nie pas l’impact du réchauffement climatique. Musk sait que le commerce mondial est une clé pour la prospérité des deux côtés de l’Atlantique. Musk a, avec Tesla, des intérêts industriels importants sur le marché européen.
Le problème est que son immense fortune, son réseau social X, son tempérament, son idéologie libertarienne, sa folie dopée par la victoire présidentielle de Trump et ses élans néofascistes ont fini par le transformer en dangereux saboteur de démocraties. Sa répudiation par Donald Trump va donc donner aux Européens l’occasion de profiter d’une pause, et de renouer les fils avec la Maison Blanche et le Congrès. C’est ce que Friedrich Merz a compris. Le dialogue sera difficile. Mais il est urgent de l’imiter.