Il est encore loin d'être un expert en sécurité nationale des Etats-Unis, mais ça pourrait vite changer. Le jeune Thomas Fugate, 22 ans, vient d'être nommé à la tête du principal centre de prévention du terrorisme affilié au Département de la sécurité intérieure américaine (DHS), a dévoilé ce mercredi 4 juin le média à but non lucratif ProPublica, spécialisé dans les abus de pouvoir.
Un choix curieux, dans un organe gouvernemental déjà fortement touché par le remaniement opéré par Donald Trump dans son administration. La nomination à ce poste d'un vingtenaire à peine sorti de ses études en droit et politique il y a un an laisse pantois certains spécialistes de la sécurité. Quand bien même l'Université du Texas à San Antonio lui a donné la mention honorifique d'excellence Cum laude, son inexpérience ressort de sa page LinkedIn – où il apparaît, sourcil levé.
«Cela revient à confier la responsabilité du bureau à un stagiaire», s'offusque un chercheur en contre-terrorisme auprès de ProPublica. Un responsable de la lutte anti-terrorisme estime que son pays entre ainsi dans «un territoire très dangereux». Parmi des officiels interrogés, la décision est jugée «imprudente» alors que plusieurs attaques ont récemment eu lieu aux USA, dont une voiture piégée en Californie et l'assassinat de deux membres de l'ambassade d'Israël.
Jardinier et épicier, mais surtout militant trumpiste
En mai dernier, le militant républicain est donc venu combler le vide laissé par le départ du précédent directeur du Centre pour les programmes de prévention et les partenariats (CP3). Bill Braniff, vétéran de l'armée américaine, était fort de plus de 20 ans d'expérience en matière de sécurité. Début février, Thomas Fugate avait commencé à travailler dans ce département comme simple «assistant spécial» assigné à un bureau traitant de l'immigration.
Et il faut croire que ses services ont été appréciés, puisqu'il a remplacé son supérieur. Avec la direction du CP3 lui revient donc la tâche de superviser un programme à 18 millions de dollars de subventions, destiné à aider les communautés à lutter contre l'extrémisme violent, relate ProPublica. Sa nomination pourrait toutefois n'être que «temporaire», assure un responsable du DHS au média.
Une façon de remercier Thomas Fugate pour «son éthique de travail et son succès au travail». Il y a cinq ans, il travaillait comme jardinier, puis dans une épicerie pendant ses études, souligne le Daily Beast, un média en ligne américain. Voilà désormais le jeune trumpiste – engagé comme pas deux dans la campagne électorale du Républicain – propulsé sur le devant de la scène politique.