Donald Trump est un homme qui déteste la guerre. Sauf pour le pétrole, et sauf lorsque l’utilisation de la force militaire vise à consolider la place de première puissance mondiale occupée par les Etats-Unis.
La preuve de cette obsession présidentielle vient d’être apportée en trois temps ces derniers jours. Et elle devrait se confirmer d’ici à la rencontre annoncée entre Donald Trump et Xi Jinping le 30 octobre en Corée du Sud.
Frappes dans les Caraïbes
Premier temps: la décision du président des Etats-Unis d’accroître les frappes militaires en mer des Caraïbes contre les trafiquants de drogue présumés basés au Venezuela. Après avoir autorisé, à la mi-octobre, la CIA à mener des actions clandestines et létales dans ce pays aux mains du régime dirigé depuis 2013 par le président Nicolas Maduro, successeur d’Hugo Chavez.
Renverser Maduro? L’objectif est presque avoué de la part de la Maison-Blanche, où le président a un seul chiffre en tête: les 300 milliards de barils des réserves pétrolières de ce pays, qui sont les plus importantes au monde. Un géant américain, Chevron, y est installé. Le principal client de Caracas est la Chine (500'000 barils importés par jour). En clair: si les Etats-Unis remettent la main sur l’or noir de ce pays, Pékin se retrouvera en difficulté dans ses négociations commerciales avec Washington dont les alliés (Arabie saoudite, Qatar..) contrôlent les hydrocarbures du Moyen-Orient, et alors que les deux géants pétroliers russes Ioukos et Rosneft sont désormais sous sanctions américaines.
Ioukos et Rosneft
Deuxième temps, justement: les sanctions annoncées, le 22 octobre, par le Département du Trésor des Etats-Unis contre Ioukos et Rosneft. Une vingtaine de filiales de ces deux conglomérats est listée dans le communiqué américain. Lequel prévoit que «tous les biens et intérêts dans les biens des personnes désignées ou bloquées qui se trouvent aux Etats-Unis ou qui sont en la possession ou sous le contrôle de personnes américaines sont bloqués et doivent être signalés».
En outre, toute entité détenue, directement ou indirectement, individuellement ou collectivement, à 50% ou plus par une ou plusieurs personnes bloquées est également bloquée, ainsi que toutes les transactions effectuées par des personnes américaines ou aux Etats-Unis (ou en transit) qui impliquent des biens ou des intérêts dans des biens appartenant à des personnes bloquées».
En clair: toute entité important des hydrocarbures russes via ces filiales se retrouvera dans le radar de Washington. L’Inde, qui négocie en ce moment pour faire tomber de 50% à 15% les tarifs douaniers américains, a sans surprise promis de diminuer ses importations de pétrole russe. Idem pour trois compagnies pétrolières chinoises, Sinopec, CNOOC et Zhenhua Oil. L’étau se resserre bel et bien sur Vladimir Poutine.
19e paquet de sanctions
Troisième temps: le 19e paquet de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, avalisé jeudi 23 octobre par les dirigeants des 27 à Bruxelles, avant la réunion de la «coalition des volontaires» pour aider l’Ukraine, durant laquelle un prêt à ce pays, adossé aux actifs russes gelés, pourrait être débloqué. Là aussi, les Etats-Unis de Trump sont à la manœuvre.
Ils ont exigé que l’Union européenne cesse d’importer du gaz liquéfié russe, ce qui vient d’être décidé d’ici à 2027. En clair: le marché européen pour le GNL américain est grand ouvert. Rappelons que lors de leur «deal» du 27 juillet 2025 à Turnberry (Ecosse), Ursula von der Leyen avait promis à Donald Trump que les pays de l’UE lui achèteront 750 milliards de dollars d’hydrocarbures d’ici à la fin de son mandat. Les voici obligés de passer à l’acte.
Offensive pétrolière
La logique de cette offensive pétrolière en trois temps de Trump est simple: il doit impérativement faire remonter les cours du pétrole (65 dollars le 23 octobre, contre 76 dollars lors de son élection, en novembre 2024) pour que l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis soit profitable. Or la meilleure manière d’y parvenir est de maîtriser les flux d’or noir.
En clair: plus le cours mondial du baril se rapproche des 50 dollars, plus les marges des exploitants américains de gaz de schiste diminuent. Alors qu’à l’inverse, ils engrangent des profits et peuvent financer de nouveaux investissements, conformément au slogan trumpiste «Drill, Baby, Drill» (Fore, bébé, fore…).