«Déchirant et inacceptable»
Au Kenya, un homme ayant critiqué la police est retrouvé mort en cellule

La mort d'un homme de 31 ans en garde à vue au Kenya suscite la controverse. Le président Ruto qualifie l'incident d'inacceptable, tandis que les médecins légistes réfutent la thèse du suicide, pointant vers une agression policière.
Publié: 11.06.2025 à 16:28 heures
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Le président Ruto qualifie l'incident d'inacceptable, tandis que les médecins légistes réfutent la thèse du suicide.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Le président kényan William Ruto a jugé mercredi «déchirant et inacceptable» le décès en cellule, «commis par la police» le weekend dernier, d'un homme de 31 ans qui avait critiqué un officier en ligne, une mort qui suscite l'indignation au Kenya. «Ce tragique incident, commis par la police, est déchirant et inacceptable», a-t-il déclaré dans un communiqué.

La police avait initialement affirmé que l'homme s'était suicidé durant sa détention après s'être tapé lui-même la tête contre les murs de sa cellule. Une thèse que des médecins légistes ont estimé «peu probable» mardi, tant les lésions étaient nombreuses sur le corps et le crâne de la victime.

Albert Ojwang, 31 ans, avait été arrêté pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages accusant de corruption l'inspecteur général adjoint de la police, Eliud Kipkoech Lagat.

«La cause de la mort est très claire : blessure à la tête, compression du cou, et nous avons aussi d'autres blessures sur tout son corps qui pointent vers une agression», avait déclaré mardi Bernard Midia, l'un des cinq médecins-légistes à avoir examiné sa dépouille, lors d'une conférence de presse, après laquelle des dizaines de personnes avaient manifesté.

Sa mort provoque d'importants remous au Kenya, un an après la sanglante répression des manifestations de juin 2024. Les forces de sécurité sont accusées par des groupes de défense des droits humains d'avoir tué au moins 60 personnes lors de ce mouvement de contestation, surtout des jeunes adultes, et d'en avoir enlevé des dizaines d'autres depuis.

L'inspecteur général de la police, le général Douglas Kanja, a indiqué lundi lors d'une conférence de presse que la victime avait été arrêtée, avec d'autres suspects, sur plainte de son adjoint, dont «le nom avait été terni». «La police nationale regrette profondément les événements malheureux qui ont entraîné la mort de M. Albert Ojuang alors qu'il était en garde à vue», a-t-il déclaré mercredi au Sénat. Cinq policiers ont été suspendus.

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