Contre le conseil fédéral
UBS pourrait utiliser les droits de douane américains à son avantage

Les droits de douane de 39% pourraient drastiquement impacter l'économie d'exportation suisse. Mais le lobby bancaire y voit aussi une opportunité d'atténuer certaines réglementations dans le secteur.
Publié: 14:56 heures
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Les droits de douane permettraient au patron d'UBS, Sergio Ermotti, de réduire certaines réglementations.
Photo: keystone-sda.ch

Le monde politique doit agir pour que la place économique suisse ne s'affaiblisse pas davantage, déclare le directeur de l'Association suisse des banquiers, Roman Studer. «La place financière et la place industrielle vont de pair», rappelle-t-il. Selon lui, si l'économie suisse est menacée, les banques ne seront pas épargnées, comme c'est actuellement le cas avec les droits de douane de Donald Trump.

Les premières entreprises ont déjà annoncé qu'elles se retireraient des Etats-Unis et transféreraient une partie de leur production dans l'Union européenne ou qu'elles achèteraient plus de composants dans des pays épargnés par les droits de douane. Elles souhaitent ainsi réduire la part de valeur ajoutée suisse dans la chaîne d'approvisionnement. Mais les entreprises fortement orientées vers l'exportation pourraient se retrouver sous pression et demander le chômage partiel.

Un atout contre Berne

La démarche de Roman Studer peut paraître intéressée. D'après ses déclarations, les banques soutiendront les entreprises en leur accordant des crédits. De plus, une crise offre toujours la possibilité de réduire certaines prescriptions. «Il faut ramener les réglementations à un niveau raisonnable», précise un représentant important du secteur bancaire.

La politique douanière de Trump a montré combien le modèle de réussite suisse est vulnérable. Berne a subi une profonde humiliation à Washington, le temps est venu de se serrer les coudes. Le changement de contexte géopolitique donnerait au Conseil fédéral l'occasion de désamorcer les réglementations sans perdre la face. Le durcissement des exigences en matière de fonds propres prévu par Berne pourrait être reconsidéré et atténué.

Le «Financial Times» avance aussi un autre argument. Le Conseil fédéral se plaint à juste titre du traitement inéquitable de son principal partenaire commercial, mais UBS pourrait faire de même. En effet, elle souhaiterait aussi être traitée équitablement et avoir les mêmes chances que ses concurrents. Pour cela, Berne devrait reconsidérer les prescriptions renforcées en matière de fonds propres.

UBS reste silencieuse

La grande banque refuse de prendre position sur ce sujet. Une déclaration pourrait être contre-productive, l'opinion publique pourrait lui reprocher de vouloir tirer profit de la crise. Par ailleurs, la discussion sur les fonds propres durera encore de nombreuses années avant qu'une décision définitive ne soit prise. D'ici là, le litige douanier sera peut-être déjà oublié.

Reste à savoir si faire des concessions à UBS sur le sujet des fonds propres est une bonne idée. La grande banque poursuit des plans de croissance ambitieux aux Etats-Unis. «Nous venons tout juste de commencer à faire travailler nos muscles», avait déclaré Rob Karofsky, directeur pour l'Amérique et codirecteur de la gestion de fortune mondiale, dans une interview récente.

UBS veut accorder davantage de crédits et a demandé les licences nécessaires. Les risques liés à ses activités aux Etats-Unis augmentent, tout comme ceux pesant sur l’ensemble de la banque et le contribuable suisse.

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