L'idylle suisse est menacée
Les taxes douanières de Trump font tousser Ricola

Ricola, leader du marché américain des bonbons aux herbes, fait face à la hausse des tarifs douaniers imposée par Donald Trump. Malgré l'importance du marché américain pour l'entreprise, Ricola se dit confiante dans sa capacité à surmonter cette difficulté.
Publié: 15:24 heures
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Ricola réalise plus de 40% de son chiffre d’affaires aux États-Unis.
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Milena Kälin

Des montagnes suisses idylliques dominées par une cascade. Un saint-bernard devant le Cervin. Et, bien sûr, une vache aux cornes imposantes, avec une grosse cloche autour du cou. Dans sa publicité diffusée aux Etats-Unis, Ricola enchaîne les clichés helvétiques. Le célèbre yodel final, accompagné de deux joueurs de cor des Alpes – «Ricolaaaaa!» – parachève cette image d’un monde alpin idéal.

C’est probablement ainsi que beaucoup d’Américains s’imaginent la Suisse lorsqu’ils dégustent un bonbon aux herbes. Mais bientôt, ce petit plaisir pourrait coûter plus cher: chez Walmart, le prix du paquet pourrait passer d’environ 5,50 dollars (4,50 francs) à près de 8 dollars (6,50 francs), en raison des nouveaux droits de douane américains. Leader du marché aux Etats-Unis, Ricola compte même parmi ses fans la chanteuse et actrice Ariana Grande.

La publicité pour Ricola aux Etats-Unis fait appel à de nombreux clichés suisses.
Photo: Screenshot Youtube

Un trouble-fête vient toutefois assombrir ce tableau: le président américain Donald Trump a instauré des droits de douane punitifs de 39%, applicables aussi aux acheteurs américains de Ricola. L’entreprise suisse relativise: «Les droits de douane américains représentent un grand défi pour Ricola, explique une porte-parole à Blick. Mais il n’y a aucune menace pour notre activité globale. Ricola est en parfaite santé et confiante dans sa capacité à relever ces défis.»

Des propos sereins, alors même que plus de 40% du chiffre d’affaires de l’entreprise proviennent des Etats-Unis, contre seulement 7% en Suisse. L'orientation internationale est telle qu’au siège, à Laufen, dans le canton de Bâle, l’anglais est la langue de travail.

Agitation au siège principal

Selon les informations de Blick, l’ambiance est pourtant loin d’être paisible depuis l’annonce, le 1er août, de cette taxe de 39%. La tension a encore monté d'un cran avec son application définitive le 7 août.

Dès avril, lorsque Donald Trump avait menacé d’imposer un droit de douane de 31% lors du Liberation Day, le directeur général Thomas P. Meier avait mis sur pied une «Tariffs Task Force», selon la «Handelszeitung.» Ce groupe, réunissant la direction financière, le responsable de la chaîne d’approvisionnement et les chefs régionaux aux Etats-Unis, a planché sur plusieurs scénarios.

Ricola made in USA?

Parmi ces options figure la possibilité de fabriquer une partie des bonbons sur place. Les producteurs américains utiliseraient alors des extraits d’herbes importés de Suisse. «Ce n’est pas notre intention. Ce n’est qu’un scénario d’urgence», déclarait Thomas P. Meier à Bilanz fin mai.

Aujourd’hui, la porte-parole confirme ces propos: «Mettre en place un nouveau site de production aux Etats-Unis prendrait des années. À court terme, ce n'est donc pas envisageable.» Elle ne se prononce toutefois pas sur les perspectives à moyen ou long terme.

Actuellement, les bonbons Ricola sont déjà conditionnés aux Etats-Unis, où ils arrivent par bateau dans de grands sacs de 800 kilos. L’entreprise discute avec ses clients américains d’une adaptation des prix et cherche à réduire ses coûts logistiques «lorsque cela est possible et pertinent». Le siège suisse, lui, ne devrait pas être modifié à l'avenir.

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