Si vous vouliez envoyer vos colis aux Etats-Unis ces derniers jours, vous avez probablement fait chou blanc. Depuis le 26 août, les citoyens suisses ne peuvent plus envoyer de marchandises aux Etats-Unis par la Poste. L'entreprise publique a tiré la sonnette d'alarme: les nouvelles réglementations douanières américaines lui posent des défis majeurs.
Mais dès ce jeudi 4 septembre, les particuliers peuvent à nouveau envoyer des colis d'une valeur maximale de 80 francs suisses par la Poste aux Etats-Unis. Tout colis au-dessus de cette limite restera sur le territoire. Les boutiques en ligne suisses qui envoient des marchandises outre-Atlantique sont donc particulièrement concernées, et Daniel Kobel en fait partie. Ce Bernois vend et expédie des disques vinyles aux Etats-Unis.
«Jusqu'à présent, j'envoyais une à deux livraisons par semaine aux Etats-Unis», nous explique Daniel Kobel. Mais depuis avril – lorsque Trump a présenté ses droits de douane lors du «Liberation Day» – la demande en provenance des Etats-Unis a diminué. Daniel Kobel réalise habituellement un tiers de ses ventes dans ce pays. Mais l'incertitude est trop grande: «Les commandes ont chuté très rapidement.»
Des inquiétudes existentielles
Commandes ou pas, de toute façon Daniel Kobel ne peut plus expédier de marchandises aux Etats-Unis. La Poste propose une livraison express pour les petits articles d'une valeur maximale de 80 francs suisses. Les colis sont expédiés par FedEx, pour un coût minimum de 37,15 francs suisses.
«C'est au moins le double de ce que j'ai payé jusqu'à présent. En général, Fedex et UPS sont trop chers», explique Daniel Kobel, qui expédie principalement des colis d'une valeur comprise entre 300 et 400 francs aux Etats-Unis.
Si les problèmes avec la poste et les droits de douane se prolongent, la situation deviendra difficile pour l'entrepreneur: «Je ne pourrai plus maintenir mon activité. J'ai besoin des ventes américaines pour maintenir mon activité principale.»
Daniel Kobel gère un magasin de location de dirndl (robes traditionnelles bavaroises) à Oberdiessbach. Dans l'arrière-boutique de son magasin de 300 mètres carrés, il stocke ses quelque 8000 disques.
Il les vend en ligne via la plateforme Discogs, en tant que vendeur indépendant. Les revenus de la vente de disques lui ont jusqu'à présent permis de maintenir son activité de location à flot.
Mais malgré tout, Daniel Kobel a de la chance dans son malheur: les dirndl sont très tendance en septembre et octobre. En revanche, la situation risque de devenir plus compliquée vers la fin de l'année. «Je cherche un emplacement plus favorable pour avoir un plan B», explique l'entrepreneur.
Combien de temps cela prendra-t-il?
Le président américain Donald Trump a supprimé l'ancienne limite d'exonération de 800 dollars pour les expéditions de marchandises. En d'autres termes, chaque petit envoi doit désormais être dédouané.
Trump veut ainsi déclarer la guerre aux fournisseurs à bas prix comme Temu et Shein. Mais sa décision affecte bien d'autres acteurs, et ce, dans le monde entier. «Trump n'a même pas conscience de l'impact qu'il provoque», est convaincu Daniel Kobel.
Il y a néanmoins une lueur d'espoir: selon la plateforme Discogs, les supports enregistrés tels que les disques, les CD et même les cassettes devraient au moins être exemptés des droits de douane. Mais cette hypothèse se réalisera-t-elle vraiment? Rien n'est moins sûr.
Daniel Kobel espère pouvoir bientôt réapprovisionner les consommateurs américains en disques. Il estime toutefois que cela pourrait prendre jusqu'à six mois. Interrogée, la Poste n'a pas pu estimer la durée de l'interdiction d'envoi de colis postaux de plus de 80 francs. En attendant, Daniel Kobel se montre combatif: «Je suis indépendant depuis 28 ans, plus rien ne me fait peur.»