«Il se présentait comme son meilleur ami»
La Suissesse qui accuse Trump d'agression sexuelle fait des révélations sur Epstein

Beatrice Keul, ancienne finaliste de Miss Suisse, accuse Donald Trump de l'avoir agressée sexuellement en 1993 ; elle avait témoigné pour Blick en 2024. Aujourd'hui, elle fait des révélations sur Jeffrey Epstein et sur sa relation avec l'actuel président des Etats-Unis.
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Beatrice Keul en 1993 avec Donald Trump à New York.
Photo: zVg
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Daniel Kestenholz

Beatrice Keul a été l'incarnation du monde du glamour suisse: mannequin prometteuse, elle a été finaliste du concours Miss Suisse. En 1993, à l'âge de 23 ans, elle s’est envolée pour New York, invitée par un certain Donald Trump, alors organisateur d’un concours de beauté. Mais ce qui devait être un tremplin vers une carrière internationale s'est transformé, selon elle, en un véritable piège.

«D’abord Trump, puis Epstein: on essaie de tout ranger dans un tiroir, mais celui-ci finit toujours par s’ouvrir», confie Beatrice Keul dans des entretiens téléphoniques accordés à la «NZZ am Sonntag». La Bernoise y décrit les liens entre Donald Trump et Jeffrey Epstein et évoque un réseau mêlant pouvoir, argent et silence, dont certaines ramifications mèneraient jusqu’en Suisse.

Selon son témoignage, elle aurait d’abord été victime de harcèlement sexuel de la part du futur président américain. Elle affirme que Donald Trump l’aurait ensuite agressée sexuellement dans une suite d’hôtel. «Il m’a touchée partout», déclare-t-elle aujourd’hui. En 2024 déjà, elle avait brisé le silence à ce sujet et s'était livrée à Blick, provoquant un écho médiatique international.

Epstein voulait la «placer» avec le prince Andrew

Aujourd’hui, Beatrice Keul apporte de nouveaux éléments. Lors du même événement, elle affirme avoir également été harcelée de manière insistante par Jeffrey Epstein, qui se présentait comme le «meilleur ami» de Donald Trump. Il aurait tenté de l’attirer à Mar-a-Lago, la propriété du futur locataire de la Maison Blanche en lui promettant gloire, luxe et «une nouvelle vie». Elle dit avoir refusé, une décision qui, selon elle, lui a permis d’échapper à son emprise.

Avant qu’elle ne rompe tout contact, Jeffrey Epstein aurait même tenté de la «placer» auprès du prince Andrew. En raison de sa proximité avec Epstein, le membre de la famille royale britannique – propriétaire d’un chalet à Verbier – a depuis vu sa réputation gravement ternie. «Jeffrey Epstein m’a dit que j’avais le 'calibre pour cette ligue'», raconte Beatrice Keul.

Des traces menant aux banques suisses

Plus de dix ans après ces événements new-yorkais, le réseau d’abus et d’argent lié à Jeffrey Epstein continue de faire trembler la sphère politique américain. Des révélations de plus en plus nombreuses révèlent désormais un lien entre cette vaste entreprise criminelle et la Suisse. Jeffrey Epstein se serait fréquemment rendu à Genève, «pour rendre visite à son argent», affirme Beatrice Keul.

Pour la première fois, deux banques suisses se retrouvent dans le viseur de la justice américaine: UBS et Julius Bär. Un projet de loi du Sénat des américain vise à obliger l’accès à toutes les entreprises et à tous les comptes susceptibles d’être liés à Jeffrey Epstein ou à ses collaborateurs.

Le mannequinat suisse aussi concerné

Le milieu du manequinat suisse semble lui aussi lié à ce scandale. Des noms comme celui de Jean-Luc Brunel – qui dirigeait des agences de mannequins avec Jeffrey Epstein et s’est suicidé en prison trois ans après la mort de ce dernier –figurent dans les rapports d'enquêtes. Selon des documents du FBI, au moins un «homme d’affaires suisse» faisait partie de l’entourage de Jean-Luc Brunel, lequel est accusé d’avoir mis en relation plus de 1000 mineurs avec Epstein. L’identité de l'investisseur incriminé demeure confidentielle.

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Les années nonante étaient une horreur. En tant que femmes, nous ne pouvions que nous taire
Beatrice Keul
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Aujourd’hui, Beatrice Keul vit retirée et travaille dans une banque. Elle s’est exprimée depuis un hôpital suisse, où elle se remet d’une opération. Elle considère le livre qu’elle prévoit de publier en 2026 comme un acte de libération. «Les années nonante étaient une horreur. En tant que femmes, nous ne pouvions que nous taire», dit-elle. Elle a tenté d’oublier Donald Trump et Jeffrey Epstein, sans jamais y parvenir. «Le moment est venu de tout mettre sur la table, pour que de telles choses ne se reproduisent plus jamais.»

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