Les menottes ont claqué
L'esthéticienne suisse qui maltratait ses patientes est derrière les barreaux

Se faisant passer pour médecin, Fatma Y. attirait des clients avec de fausses promesses esthétiques. Malgré plaintes, interdictions et fermeture de son institut, elle a continué à pratiquer. Mardi dernier, elle a été arrêtée et placée en détention préventive.
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Mi-novembre, l'institut de beauté de Fatma Y. a été fermé.
Photo: DR
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Qendresa Llugiqi

Elle se mettait en scène sur les réseaux sociaux comme une médecin-esthéticienne élégante: photos en blouse blanche, stéthoscope autour du cou. Se présentant comme une «Docteur en médecine», alors même qu'elle ne possède aucun diplôme, l'esthéticienne Fatma Y.* a tout fait pour inspirer confiance. Séduits par cette image, de nombreux clients se sont laissés convaincre et ont fréquenté son institut de beauté pour divers traitements, notamment des injections visant à augmenter le volume des lèvres ou des fesses.

Mais la justice est intervenue: depuis mardi dernier, la fausse médecin est en prison. Les faits reprochés? Des blessures corporelles et peut-être aussi des infractions à la loi sur les produits thérapeutiques. «Nous avons reçu plusieurs plaintes selon lesquelles des traitements incorrects sur le plan professionnel, voire dangereux pour la santé, auraient été effectués dans cet institut de beauté», explique Adrian Schuler, porte-parole du ministère public d'Argovie.

Bravant tous les avertissements

Fatma Y. avait déjà fait l'objet de plusieurs plaintes au cours des deux dernières années. L'Office de la santé argovien avait tenté, par des mesures simples, de la remettre dans le droit chemin: recommandations, exigences, interdictions… rien n'y a fait. Elle s'est obstinée à ignorer toutes les mises en garde.

Les autorités avaient déjà déposé une plainte pénale à l'été 2024. Mais Fatma Y. avait poursuivi ses injections en toute insouciance. Pourtant, depuis la mi-novembre, la fausse médecin ne pouvait plus ignorer que des problèmes se profilaient à l'horizon: à cette période, l’Office de la santé argovien a ordonné la fermeture immédiate de son institut de beauté à Wettingen et lui a interdit toute activité jusqu'à nouvel ordre. De graves complications étaient survenues chez une cliente.

Mais Fatma Y. ne s'est pas laissée décourager: elle a continué à proposer des traitements et a même mené une campagne de publicité en ligne particulièrement riche, avec des offres spéciales pour diverses interventions pour lesquelles elle n'est pas qualifiée.

Détention préventive confirmée

Cette audace aura finalement conduit à son arrestation. «Après la fermeture, la police et le ministère public ont reçu des indications claires selon lesquelles des traitements non autorisés étaient toujours proposés, déclare Adrian Schuler. Par la suite, nous avons examiné les démarches juridiques possibles. L'exploitante a été arrêtée la semaine dernière.» Le parquet de Baden a en effet demandé la détention préventive, et le tribunal l'a confirmée.

Depuis la fermeture, le service de santé a reçu trois autres plaintes concernant la fausse esthéticienne. Il y a quelques jours, Blick s'est également entretenu avec une cliente concernée: Adelina M.* avait connu de graves complications après un traitement il y a deux ans et demi. La patiente doit encore aujourd'hui se battre contre ses conséquences et souhaite également agir contre Fatma Y., afin que d'autres femmes ne connaissent pas le même sort.

Quelques jours avant son arrestation, la fausse médecin n'a pas voulu répondre à Blick sur les reproches concrets des autorités. Elle a toutefois fait référence à ses nombreuses évaluations sur Google. Elle a écrit: «J'ai 550 critiques. 500 sont positives et 50 sont mauvaises. Je pense que cela montre que je n'étais pas si mauvaise.» A noter que Fatma Y. bénéficie toujours de la présomption d'innocence.

*Noms connus de la rédaction

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