Alerte rouge au Parti socialiste
Après la défaite électorale, les tensions se creusent au sein du PS

La débâcle de l'initiative des Jeunes Socialistes représente un revers sévère pour le PS, qui se retrouve profondément divisé. Cette défaite n’est pas un hasard: les fractures internes, déjà visibles lors de débats précédents, se font à nouveau sentir.
1/6
La défaite des Jeunes Socialistes met en lumière les divisions au sein du principal parti de gauche de Suisse.
Photo: DR
RMS_Portrait_AUTOR_398.JPG
Daniel Ballmer

C'était une claque annoncée: seuls 21,7 % des électeurs ont soutenu l'initiative des Jeunes Socialistes (JS) sur les successions. Même si ce n'est pas leur première défaite politique, celle-ci reste particulièrement amère.

Mais ce résultat devrait surtout pousser le parti mère, le Parti socialiste (PS), à réfléchir. La direction, incarnée par d’anciens membres des JS, comme Cédric Wermuth, avait soutenu l'initiative avec enthousiasme, malgré de nombreux doutes au sein même de ses rangs. Beaucoup la jugeaient excessive, irréaliste et potentiellement contre-productive.

La gauche est divisée (une fois de plus)

La sanction fut immédiate. Dans le camp gauche-vert, environ 40% de l'électorat a voté contre l'impôt sur les successions des Jeunes Socialistes, et donc contre la ligne officielle du PS. C'est ce que montre un sondage postélectoral de Tamedia.

Ce n'est pas la première fois, loin s'en faut, que les socialistes se divisent ces derniers temps. Leur débat sur la résolution concernant Gaza, lors du congrès de fin octobre, en est un exemple frappant. Deux textes opposés avaient été débattus: l'un, soutenu par la direction, condamnait Israël pour «génocide» ; l'autre, déposé en réaction, mettait l’accent sur les crimes de guerre du Hamas. L'absence d'une prise de position claire du parti après les débordements lors d'une manifestation pro-palestinienne à Berne a également suscité des critiques internes.

Ou encore à propos de l'accord douanier: alors que le PS s'oppose à l'accord avec le président américain Donald Trump et récolte des signatures pour casser dans l'œuf la «politique d'accommodement», l'Union syndicale suisse, proche du PS, s'engage en faveur de cet accord, invoquant la sauvegarde des emplois. «Avec leur opposition totale à l'accord Trump, les dirigeants du Parti socialiste montrent étonnamment peu de sens des réalités», s'étonnent des syndicalistes auprès de Blick.

La direction se montre imperturbable

De l'extérieur, la direction du PS paraît toujours imperturbable. Malgré la lourde défaite en votation, Cédric Wermuth continue de dénoncer les «oligarques» du système suisse et poursuit sa rhétorique de lutte des classes. Fier des Jeunes Socialistes, il estime que ce n'est que «le début d'un débat sur les inégalités, pas sa conclusion».

Le co-président du PS semblait alors tenter de se motiver lui-même, tout en galvanisant ses troupes. Cependant, l'embarras du parti face à l'initiative des JS est devenu évident lorsque la direction a présenté, à la dernière minute, une version plus favorable aux entreprises – un aveu implicite des lacunes de l'initiative.

Mais la débâcle dans les urnes ne pouvait plus être évitée. Les socialistes qui avaient mis en garde se trouvent désormais confortés, et les chefs du parti doivent se rendre à l'évidence: ce résultat ne profite qu’à leurs adversaires. Un impôt national sur les successions semble désormais hors de portée, et pour un bon bout de temps.

Des querelles qui laissent des traces

Les querelles récurrentes au sein de ses propres rangs semblent également laisser des traces à la tête du parti. La co-présidente Mattea Meyer a même annoncé un congé sabbatique le soir du dimanche de la votation. Elle ressentait un «grand épuisement» et devait «tirer le frein d'urgence à temps» pour rester capable de travailler à long terme. Elle ne participera donc pas à la session d'hiver.

Un départ qui ne facilitera pas la tâche du co-président restant. Cédric Wermuth n'a pas souhaité s'exprimer auprès de Blick au lendemain de la débâcle des votations.

Mais il semble clair que le Parti socialiste ne pourra pas éviter une discussion interne sur son orientation politique et qu'il devra décider où il se place par rapport à la ligne plus radicale des Jeunes Socialistes. En tant que premier parti de gauche de Suisse, il ne peut pas se permettre, sur le long terme, de décevoir trop souvent une large partie de son électorat.

Articles les plus lus