«Politiquement, nous avons gagné»
Même vaincus, les Jeunes Socialistes imposent leur influence grandissante

Malgré le rejet massif de l'initiative sur l'impôt sur les successions (78 % de non), les Jeunes Socialistes continuent de marquer la scène politique suisse. Mirjam Hostetmann, leur présidente, s'impose comme figure montante, attirant même l'attention internationale.
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Mirjam Hostetmann, présidente des Jeunes Socialistes.
Photo: Linda Käsbohrer
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Céline Zahno

Des ballons dorés «Taxez les riches» sont suspendus dans la salle et l'ambiance est détendue malgré les sombres pronostics des sondages. Les Jeunes Socialistes (JS) se sont réunis à Berne au centre culturel Progr pour suivre le dimanche des votations.

«Indépendamment du résultat d'aujourd'hui, politiquement, nous avons gagné», déclare un membre du comité directeur des JS. «Nous continuons, parce que nous avons un monde à gagner», ajoute la présidente Mirjam Hostetmann dans un discours combatif.

L'initiative des Jeunes Socialistes pour un impôt sur les successions a certes été balayée par le peuple suisse avec un non retentissant de 78%. Mais en réalité, le système à succès du jeune parti continue de prospérer.

L'élève dépasse le maître?

Au fil des années, il a littéralement infiltré le parti mère, le Parti socialiste (PS). En effet, les personnalités les plus influentes des JS migrent régulièrement vers le PS, gravissent les échelons et marquent ainsi de plus en plus la politique de la principale formation de gauche de Suisse.

Alors que d'autres jeunes partis cherchent parfois désespérément à attirer l'attention avec des sketches sur Instagram, les Jeunes Socialistes se démarquent lors de débats médiatiques complexes. C'était aussi le cas avec l'initiative sur les successions: défaite historique ou non, leurs arguments ont fait mouche.

Leur position a également mis certains socialistes dans l'embarras: plusieurs parlementaires avaient mis en garde contre l'idée d'imposer à 50% les fortunes de plus de 50 millions de francs. La direction du PS a présenté à la dernière minute une mise en application «favorable aux entreprises», reconnaissant indirectement que l'initiative posait problème. Le jeune parti, plus radical, semble pousser le parti mère encore plus à gauche.

«Avant, je croyais en Dieu»

La présidente des Jeunes Socialistes, Mirjam Hostetmann, élue en juin 2024, s'impose comme la personnalité la plus prometteuse du parti. Son mandat a été clairement dominé par l'initiative sur l'impôt sur les successions, période durant laquelle elle n'a pas hésité à s'en prendre frontalement à l'entrepreneur Peter Spuhler, qui avait menacé de quitter la Suisse en cas de victoire des Jeunes Socialistes.

«
Je trouve un soutien et de l'espoir grâce aux causes que je défends
Mirjam Hostetmann, présidente des Jeunes Socialistes
»

Mirjam Hostetmann est une femme politique jusqu'au bout des ongles. Autrefois, elle jouait du violon et faisait de l'aviron. Aujourd'hui, elle se concentre uniquement sur ses engagements. Lorsqu'elle doit parler d'elle, cela débouche très vite sur une longue critique du système économique dominant. Son combat politique lui donne beaucoup d'assurance: «Avant, je croyais en Dieu, confiait-elle à Blick cet été. Maintenant, je trouve un soutien et de l'espoir grâce aux causes que je défends.»

Cette initiative a même permis à Mirjam Hostetmann d'attirer l'attention internationale: le magazine britannique «Spear's» l'a récemment nommée dans sa «Power List 2025» – une liste des 100 personnalités les plus influentes de la finance mondiale. «Même si l'impôt sur les successions n'entre pas en vigueur, il aura attiré suffisamment d'attention pour affaiblir la réputation de la Suisse en tant que forteresse imprenable des fortunes privées», pouvait-on lire à propos de son combat.

Les JS, un tremplin pour le Parlement

Ce ne serait pas la première fois qu'une campagne de votation mettrait en lumière de nouveaux leaders du Parti socialiste. Son actuel coprésident Cédric Wermuth est considéré comme la tête pensante de l'initiative 1:12. Bien que l'objet ait été clairement rejeté en 2013, avec seulement 34% de oui, la Suisse a discuté pendant des semaines des salaires des managers. Les actuels conseillers et conseillères nationaux David Roth, Fabian Molina et Tamara Funiciello sont eux aussi d'anciens membres importants des Jeunes Socialistes.

Mirjam Hostetmann envisage-t-elle un jour un aller-simple à la Berne fédérale? Pour l'heure, elle n'exclut pas cette possibilité. Quoi qu’il en soit, cela impliquerait forcément un changement de canton: en tant qu'Obwaldienne, ses chances d'être élue au Conseil national, et plus encore au Conseil des Etats, sont très limitées.

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