C'est la crise à la Société suisse de radiodiffusion (SSR): 900 postes à temps plein seront supprimés d’ici à 2029. Pour ne rien arranger, en mars 2026, l'initiative «200 francs, ça suffit!» sera soumise à un référendum pour baisser la redevance audiovisuelle annuelle à 200 francs. Les premiers sondages indiquent un scrutin serré. Cette baisse de financements à la SSR aura-t-elle un impact sur le débat autour de l'initiative?
La conseillère aux Etats Flavia Wasserfallen (PS), dénonce des «coupes drastiques» qui, en des temps incertains, fragilisent la cohésion nationale et la lutte contre la désinformation. «Il est d’autant plus important d'unir nos forces contre les conséquences désastreuses de cette initiative», déclare-t-elle.
«C'est louable»
Pour le conseiller national centriste Martin Candinas, la suppression de ces postes était prévisible. En effet, le Conseil fédéral a décidé que la redevance médias pour les ménages serait progressivement abaissée de 335 francs à 300 francs – et qu'environ 80% des entreprises assujetties à la TVA seraient exonérées de cette redevance.
«Si nous devons économiser 17% dans un secteur à forte intensité de personnel comme celui des médias, il faut forcément réduire les effectifs», déclare Martin Candinas. Selon lui, accepter cette mesure de réduction serait un coup dur de plus et aurait des conséquences désastreuses, comme la fin du service public en quatre langues.
La SSR peut remplir son mandat
Les partisans de l'initiative voient les choses différemment. «Cette réduction était prévisible à la suite de la décision du Conseil fédéral de couper les financements», déclare le conseiller national Mauro Tuena (UDC). Il entrevoit d'ailleurs la possibilité de faire d'autres coupes budgétaires. Cette réduction du personnel permettra à la SSR de se recentrer sur sa mission, ce que les chaînes privées ne peuvent pas faire. «Elle sera tout à fait capable de remplir son mandat, même après cette réduction des effectifs», affirme Mauro Tuena. Avant d'ajouter: «Je suis un grand fan de la série policière 'Tatort', mais sa production coûte environ 2,4 millions de francs de redevances par épisode.»
Le conseiller national Thomas Matter (UDC) critique les nombreux emplois créés par la SSR, allant contre toutes les tendances observées chez les chaînes étrangères et dans les entreprises privées. Selon lui, l'initiative doit alléger la charge des ménages et supprimer la double imposition des PME, puisqu'«une PME ne peut pas regarder la télévision».
Le PLR divisé
L'initiative divise le Parti libéral-radical (PLR). Au Conseil national, neuf de ses membres ont voté en faveur, et 15 contre. Parmi ses partisans, le conseiller national Marcel Dobler: «En Suisse, nous payons les redevances télé et radio les plus élevées du monde: 335 francs par foyer et jusqu’à 50'000 francs pour les entreprises.» Selon lui, l'initiative vise à alléger la charge des familles et de la classe moyenne.
Pense-t-il que l'annonce de suppression des 900 postes influencera l'opinion sur la votation? «Les communications de la SSR semblent opaques et trompeuses, c'est difficile d'y voir clair», répond Marcel Dobler. Il attend plus de transparence de la part du service public.
Un licenciement massif
«A présent, nous comprenons clairement les conséquences d'une baisse de 30 francs de la redevance Serafe dans un environnement exigeant avec des recettes publicitaires en baisse», déclare le conseiller aux Etats PLR Josef Dittli. Il espère que tout le monde se rendra compte que si l'initiative passe, un licenciement massif s'abattra sur la SSR jusqu'à ce qu'elle soit démantelée.
Etant donné que la SSR a enregistré une perte de 270 millions de recettes, elle a dû élaborer un ensemble de mesures que Josef Dittli estime être équilibré. «Je soutiens ce plan à 100%.» Il espère que sa mise en œuvre «ouvrira les yeux du peuple».