Face aux Etats-Unis, la Suisse encaisse les coups. Donald Trump a imposé des droits de douane de 39% sur les produits en provenance de notre pays, une décision qui pèse lourdement sur l'économie d'exportation. Dans un contexte marqué par une défiance croissante à l'égard des Etats-Unis, une nouvelle tendance émerge clairement: les relations avec l’Union européenne (UE) sont désormais mieux perçues par la population suisse.
En effet, alors que Donald Trump est en train de chambouler, l’Europe apparaît comme un partenaire fiable. C’est ce que révèle un nouveau sondage représentatif de l’institut GFS Bern, mené auprès d’environ 1000 électeurs pour le compte d’Interpharma. «Les évolutions autour des Etats-Unis semblent renforcer l’évaluation positive des accords bilatéraux conclus par le passé», précise pour Blick le directeur de l’étude, Urs Bieri.
Approche bilatérale plébiscitée
Par exemple, 64 % des personnes interrogées estiment que l'approche bilatérale apporte uniquement des avantages ou surtout des avantages, tandis que seulement 21 % y voient surtout des inconvénients. Cette perception positive a considérablement augmenté, en particulier chez les électeurs du Parti libéral radical (PLR), lesquels soutiennent désormais l'approche bilatérale à 76%, un chiffre impressionnant.
Attention toutefois à ne pas surévaluer l'impact des 39% de taxes décrétées par Donald Trump: l'enquête a été menée entre les mois de juillet et août 2025, soit avant l'annonce des nouveaux droits de douane. Il n'en reste pas moins que Berne était déjà sous la menace de sanctions, le président américain ayant déjà annoncé son intention de taxer les produits suisses dès le mois d'avril.
Ce regain de popularité de l'approche bilatérale influence également le regard des Suisses sur le projet d'accord que Berne négocie actuellement avec l'Union européenne. En effet, les Bilatérales III – qui visent renforcer et à étendre les accords déjà existants – bénéficient actuellement d'une nette majorité de soutiens, tout comme les trois nouveaux accords prévus sur l'électricité, la santé et les denrées alimentaires. Ce sondage ne présage toutefois pas d'un quelconque succès dans les urnes, la première votation étant prévue pour 2027 au plus tôt.
Vous trouverez tous les détails de l'accord dans l'article suivant.
61% en faveur du paquet avec l'UE
Actuellement, 61% des Suisses se disent pleinement ou plutôt favorables aux paquet des Bilatérales III. Seuls 30% s’y opposent, tandis que le reste demeure indécis. Le soutien est particulièrement marqué chez les sympathisants du Parti socialiste (89%), des Vert’libéraux (84 %) et des Verts (82 %). Même au centre et au PLR, les partisans sont majoritaires à 72%. Seule la base de l’Union démocratique du centre (UDC) rejette l’accord, avec 68% de non contre seulement 17% de oui.
Les arguments économiques pèsent lourd dans la balance: l’accès au marché européen et le renforcement de la compétitivité helvétique convainquent largement. Une majorité nette souhaite une coopération stable et sécurisée avec l’UE. Les mesures internes, comme un meilleur encadrement de la protection des salaires ou la clause de sauvegarde sur l’immigration, renforcent encore l’adhésion au projet. Ce dernier argument séduit même 60% des sympathisants UDC.
Les critiques, eux, redoutent surtout une hausse de l'immigration et une perte de souveraineté. «Dans les milieux conservateurs de droite, on craint en particulier un affaiblissement de la démocratie directe», note Urs Bieri. L’adoption partielle de la directive européenne sur la citoyenneté alimente aussi les inquiétudes. Mais c’est surtout la contribution annuelle de 350 millions de francs pour la cohésion qui suscite le plus de scepticisme. «Ce sont des thèmes qui devraient revenir au premier plan durant la campagne de votation», ajoute Urs Bieri.
Les nouveaux accords bien accueillis
S'agissant des autres projets, l'accord sur l’électricité recueille un soutien étonnamment élevé, avec 69% d’avis favorables. Et ce, malgré la menace d’un référendum brandie par certains syndicats. Pour l’instant, seuls un quart des sondés rejettent l’accord. Ses objectifs sont clairs: une meilleure sécurité d’approvisionnement, une stabilité accrue du réseau et, surtout, l’ouverture du marché de l’électricité à tous. Urs Bieri estime toutefois que les critiques pourraient gagner du terrain à mesure que le débat public s’intensifiera.
L’accord sur la santé bénéficie lui aussi d’une large approbation, à hauteur de 6 %. Un répondant sur cinq seulement s’y oppose. Cet accord vise à renforcer la protection contre les menaces sanitaires en donnant à la Suisse un accès aux systèmes européens d’alerte précoce et de prévention.
En revanche, l’accord sur les denrées alimentaires divise davantage. Il conserve certes une majorité d'approbation avec 54 % de oui contre 39 % de non, mais l’opposition est particulièrement forte chez les sympathisants de l’UDC. Le but de ce projet est notamment de créér d’un espace commun de sécurité alimentaire. La Suisse pourrait ainsi rejoindre le système d’alerte rapide de l’UE, qui signale les produits mal étiquetés ou les substances dangereuses dans l’alimentation. Le contrôle aux frontières pour les produits agricoles, en revanche, resterait inchangé.