L’accord avec l’Union européenne (UE) doit passer au plus vite par la procédure de consultation – du moins si la Confédération et une majorité du Parlement en décident ainsi. Mais l’organisation Mass-Voll, présidée par Nicolas Rimoldi, veut dresser un obstacle sur ce chemin. Elle prévoit de lancer un générateur de plaintes destiné à inonder le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), dirigé par le conseiller fédéral Ignazio Cassis.
En Suisse, chaque citoyen peut en principe s’exprimer sur un projet de loi. Pour cela, le processus de consultation met à disposition un formulaire officiel de réponse. Celui-ci reste pourtant rarement utilisé, car il est jugé compliqué, obscur, peu connu et coûteux. Pourtant, ce mécanisme constitue un outil précieux de démocratie directe.
Mass-Voll entend désormais lever ces obstacles grâce à un outil numérique – et l’exploiter en parallèle dans la campagne de votation contre l’accord avec l’UE. Car Nicolas Rimoldi, et avec lui Mass-Voll, s’affiche comme un farouche opposant aux Bilatérales III: «Le nouveau paquet sape la souveraineté du peuple suisse et nous ne devons en aucun cas laisser faire», justifie-t-il.
Générateur de recours assisté par IA
Jusqu’au 31 octobre, Mass-Voll propose ce générateur sur son site. Les utilisateurs peuvent prendre position de manière simplifiée sur divers volets de l’accord – par exemple la libre circulation des personnes, l’électricité ou les finances. Les questions correspondent à celles du formulaire officiel de la Confédération.
Grâce à l’intelligence artificielle, l’outil produit automatiquement un texte de réponse pour chaque question ouverte – en s’appuyant sur le contenu de l’accord, des articles de presse et les arguments de Mass-Voll. Pour réduire encore les barrières à la participation, l’organisation a intégré une échelle d’évaluation émotionnelle allant de «très insatisfait» à «très satisfait».
En pratique, les réponses générées se révèlent systématiquement critiques, voire défavorables au dossier européen, quel que soit le degré de satisfaction sélectionné. Par ailleurs, l’outil porte le nom de «Traité de l’UE sur la neutralité», ce qui montre clairement l’intention de Mass-Voll: récolter des réponses négatives. Concrètement, il s’agit d’un générateur de plaintes.
«Nous voulons inonder le DFAE»
Les déclarations de Nicolas Rimoldi à Blick confirment cette stratégie. «Nous espérons que des milliers de personnes utiliseront le générateur et que nous inonderons ainsi Ignazio Cassis, qui est à la botte de l’UE», déclare-t-il. L’objectif est clair: faire pression sur le DFAE. Chaque avis transmis doit en effet être enregistré et évalué par l’administration. «Dans le meilleur des cas, nous pouvons ainsi retarder la suite du processus concernant les traités», ajoute Nicolas Rimoldi.
Mais une question demeure: qui assumera la facture de ce surcroît de travail administratif? Car ce sont bien les contribuables qui financent les fonctionnaires chargés d’examiner les réponses. «L’argent dépensé pour la bureaucratie n’est pas comparable à l’argent que nous coûteraient les traités européens. Nous devons accepter ce moindre mal», estime Nicolas Rimoldi.