La «colère» de la fonction publique vaudoise monte d'un cran: plus de 20'000 personnes ont pris la rue ce mercredi soir du 26 novembre à Lausanne. Une nouvelle fois pour protester contre les coupes budgétaires annoncées par le Conseil d'Etat pour 2026. Il s'agit de la quatrième journée de mobilisation depuis début octobre.
«Conseil d’Etat, stop aux dégâts», «Vau(d)tours», «Vous êtes à Vaud-mir», «Non au sécateur public» ou encore «Soutenez la fonction publique, elle le Vaud bien», pouvait-on lire sur les très nombreuses banderoles et pancartes brandies au centre-ville. «Notre mouvement est historique et il fera donc date dans l’histoire. On n’est pas près de s’arrêter», a pour sa part déclaré un syndicaliste.
David Gygax, secrétaire syndical au SSP
«Il y a des milliers de personnes qui sont dans la rue, de grévistes et de salariés qui se réunissent. Et le problème reste entier: On n'a pas d’interlocuteur pour négocier les mesures d’austérité annoncées par le Conseil d’Etat vaudois.»
«La démission de Rebecca Ruiz ne change pas le fond de l’affaire. C’est un élément de contexte qui ne change rien à la politique du Conseil d’Etat. Je rappelle que l’Exécutif, aujourd’hui, est composé d’une personne sous enquête pénale, d’une autre qui vient de démissionner. C’est la situation alors qu’il y a des milliers de salariés dans la rue, qui se battent.»
«Les coupes budgétaires vont non seulement impacter les salaires, mais aussi les prestations à la population. Vous avez des places en crèche qui coûtent déjà très cher, dont le prix va augmenter parce que les subventions publiques baissent. Un hôpital public qui doit prendre des mesures d’économie pour la quatrième année consécutives, ça touche les prestations délivrées aux patients. Toutes ces mesures-là vont avoir un impact sur l’ensemble de la population, tout ça pour faire bénéficier aux plus riches de cadeaux fiscaux à n’en plus finir.»
«On n'a pas eu une seule prise de contact du Conseil d’Etat. Personne ne nous écoute ou ne veut faire même semblant que la situation évolue et qu’aujourd’hui, il faut discuter. Le gouvernement fait comme si rien ne se passait, alors qu’il y a des rassemblements tous les jours. C’est surprenant dans un pays démocratique.»
David Gygax, secrétaire syndical au SSP
«Il y a des milliers de personnes qui sont dans la rue, de grévistes et de salariés qui se réunissent. Et le problème reste entier: On n'a pas d’interlocuteur pour négocier les mesures d’austérité annoncées par le Conseil d’Etat vaudois.»
«La démission de Rebecca Ruiz ne change pas le fond de l’affaire. C’est un élément de contexte qui ne change rien à la politique du Conseil d’Etat. Je rappelle que l’Exécutif, aujourd’hui, est composé d’une personne sous enquête pénale, d’une autre qui vient de démissionner. C’est la situation alors qu’il y a des milliers de salariés dans la rue, qui se battent.»
«Les coupes budgétaires vont non seulement impacter les salaires, mais aussi les prestations à la population. Vous avez des places en crèche qui coûtent déjà très cher, dont le prix va augmenter parce que les subventions publiques baissent. Un hôpital public qui doit prendre des mesures d’économie pour la quatrième année consécutives, ça touche les prestations délivrées aux patients. Toutes ces mesures-là vont avoir un impact sur l’ensemble de la population, tout ça pour faire bénéficier aux plus riches de cadeaux fiscaux à n’en plus finir.»
«On n'a pas eu une seule prise de contact du Conseil d’Etat. Personne ne nous écoute ou ne veut faire même semblant que la situation évolue et qu’aujourd’hui, il faut discuter. Le gouvernement fait comme si rien ne se passait, alors qu’il y a des rassemblements tous les jours. C’est surprenant dans un pays démocratique.»
Le Conseil d’Etat en grippe
Le cortège a lancé son parcours à travers les rues du chef-lieu vaudois peu après 18h. Direction la vieille ville et son Château, siège du gouvernement. Le rassemblement a réuni près de 20'000 personnes selon un décompte de la police réalisé aux alentours de 18h45. Les syndicats ont, quant à eux, avancé le chiffre de 28'000 personnes durant la mobilisation. Le mouvement est qualifié d'«historique, qui fera date dans l'histoire».
Le matin, quelque 400 manifestants s’étaient déjà réunis sur les escaliers de l’esplanade. Sur une large banderole à l’avant: «Les enseignants ne sont pas une promo Black Friday». Certains ont même sorti un fumigène rouge. La manifestation s'est prêtée à plusieurs prises de paroles qui ont toutes crié «non à l'austérité». Les coupes annoncées sont jugées inacceptables et injustifiables.
Plusieurs rassemblements, notamment devant les bureaux des différents conseillers d’Etat, ont également ponctué la journée. Le même jour, la conseillère d’Etat à la tête de la santé et de l’action sociale Rebecca Ruiz a annoncé sa démission. Mais pour des raisons de santé et non face à la pression populaire, a-t-elle précisé.
Les grévistes y voient une occasion manquée pour la socialiste de «rompre la collégialité» et d'afficher un soutien clair au mouvement de grève qui germe depuis près de deux mois au sein des secteurs publics et parapublics. Nuria Gorrite (PS) et Vassilis Venizelos (Les Vert-e-s) ont aussi été appelés durant la journée à marquer leur désaccord avec cette politique.
Vanessa, infirmière à domicile:
«On est à un tournant. Il faut vraiment réfléchir à quel type de société on veut pour l’avenir. Les soins devraient être un bien commun. Comme l’éducation, cela ne devrait pas être des secteurs rentables. Pour moi, c’est le centre de la bataille aujourd’hui.»
«Pour les soins à domicile, nous n’avons eu aucune information sur les répercussions. Mais il faudra trouver ces millions. Et vu la situation actuelle, la tension sur le marché de l’emploi, avec les rotations et le manque de personnel, je ne vois pas comment ça pourrait être facile.»
«Rebecca Ruiz est au secteur de la santé depuis de nombreuses années. Il n’y a pas eu de réponses concrètes par rapport aux vrais besoins de ce secteur. Et peut-être qu’un changement est nécessaire.»
«Le côté festif de la manifestation permet de faire sortir le stress, de donner du sens à notre combat quotidien et aux difficultés qu’on rencontre tous les jours. Donc oui, s’il le faut, je viendrai jusqu’à Noël.»
«Il faut des sous. Les seules solutions, c’est d’augmenter les effectifs et des conditions de travail correctes. En EMS actuellement, il y a trois personnes pour plus d’une centaine de résidents. C’est totalement inadmissible. Pour garder les gens, il faut plus de temps de repos, des retraites anticipées et des revalorisations salariales pour permettre un meilleur équilibre vie professionnelle, vie privée.»
«Il y a des infirmiers et infirmières à domicile qui, en arrivant à la retraite, sont cassées physiquement. A force de mobiliser les gens, de faire des douches dans des endroits exigus et de se plier en deux pour mettre des bas de contention.»
Vanessa, infirmière à domicile:
«On est à un tournant. Il faut vraiment réfléchir à quel type de société on veut pour l’avenir. Les soins devraient être un bien commun. Comme l’éducation, cela ne devrait pas être des secteurs rentables. Pour moi, c’est le centre de la bataille aujourd’hui.»
«Pour les soins à domicile, nous n’avons eu aucune information sur les répercussions. Mais il faudra trouver ces millions. Et vu la situation actuelle, la tension sur le marché de l’emploi, avec les rotations et le manque de personnel, je ne vois pas comment ça pourrait être facile.»
«Rebecca Ruiz est au secteur de la santé depuis de nombreuses années. Il n’y a pas eu de réponses concrètes par rapport aux vrais besoins de ce secteur. Et peut-être qu’un changement est nécessaire.»
«Le côté festif de la manifestation permet de faire sortir le stress, de donner du sens à notre combat quotidien et aux difficultés qu’on rencontre tous les jours. Donc oui, s’il le faut, je viendrai jusqu’à Noël.»
«Il faut des sous. Les seules solutions, c’est d’augmenter les effectifs et des conditions de travail correctes. En EMS actuellement, il y a trois personnes pour plus d’une centaine de résidents. C’est totalement inadmissible. Pour garder les gens, il faut plus de temps de repos, des retraites anticipées et des revalorisations salariales pour permettre un meilleur équilibre vie professionnelle, vie privée.»
«Il y a des infirmiers et infirmières à domicile qui, en arrivant à la retraite, sont cassées physiquement. A force de mobiliser les gens, de faire des douches dans des endroits exigus et de se plier en deux pour mettre des bas de contention.»
Deux jours d’affilée
Il s’agit de la quatrième journée de mobilisation des services publics et parapublics depuis octobre, la deuxième cette semaine après celle de mardi. Une première manifestation contre les coupes budgétaires avait réuni quelque 12’000 personnes le 2 octobre.
La semaine dernière, une partie du secteur public s’était déjà mis en grève, alors que le cortège du soir avait réuni plusieurs milliers de personnes. Les syndicats estimaient le nombre de manifestants à 25’000 et la police à 16’000.
Guillaume Matthey, doctorant UNIL
«L’UNIL se mobilise parce qu’elle est directement touchée. Il y a 13 millions de coupes qui vont nous attaquer directement, qui vont impacter les conditions de travail, la recherche et la qualité d’accueil des étudiants. C’est gravissime et dans la période actuelle, on ne peut pas le tolérer.»
«Le Conseil d’Etat refuse de retirer son budget austéritaire de merde. Il y a eu 25’000 personnes dans la rue lors de la dernière manifestation, on a jamais vu ça dans le canton de Vaud. Ils continuent à se foutre de nous, à faire la sourde oreille et à ne pas vouloir entrer en négociations avec les syndicats pour retirer les mesures d’austérité dont personne ne veut dans le canton.»
«Ça fait du bien de voir tout ce monde. Ça montre que tout le monde est concerné. C’est l’entier des services publics et parapublics qui sont attaqués par les coupes. Le Conseil d’Etat s’attaque directement aux salaires des fonctionnaires, c’est rarement vu.»
«A ce stade, la démission de Ruiz est difficile à interpréter. Mais je trouve que ce n’est pas un hasard qu’elle démissionne un jour de grève. Je tiens à rappeler qu’elle a dit tenir à la collégialité. C’est gravissime, ce n’est pas possible que des élus Vert-e-s et PS continuent de garder cette collégialité quand l’ensemble des services publics sont menacés et mobilisés.»
«Il y a déjà des postes qui ont été annoncés comme non-renouvelés à l’université. Il y a toujours la menace d’une hausse de taxes pour les étudiants et étudiantes, avec cette proposition totalement hallucinante et xénophobe de doubler pour les étudiants suisses, mais de quadrupler pour les étudiants étrangers. Les coupes en cours vont attaquer nos conditions de travail, avec moins de personnes pour les mêmes tâches, moins de matériel et d’argent pour faire tourner l’université. Et le risque d’augmentations de taxes, avec à la clef une éducation à deux vitesses: ceux et celles qui ont le fric peuvent se la payer et les autres, tant pis. Et ça, on ne le veut pas pour la Suisse.»
Guillaume Matthey, doctorant UNIL
«L’UNIL se mobilise parce qu’elle est directement touchée. Il y a 13 millions de coupes qui vont nous attaquer directement, qui vont impacter les conditions de travail, la recherche et la qualité d’accueil des étudiants. C’est gravissime et dans la période actuelle, on ne peut pas le tolérer.»
«Le Conseil d’Etat refuse de retirer son budget austéritaire de merde. Il y a eu 25’000 personnes dans la rue lors de la dernière manifestation, on a jamais vu ça dans le canton de Vaud. Ils continuent à se foutre de nous, à faire la sourde oreille et à ne pas vouloir entrer en négociations avec les syndicats pour retirer les mesures d’austérité dont personne ne veut dans le canton.»
«Ça fait du bien de voir tout ce monde. Ça montre que tout le monde est concerné. C’est l’entier des services publics et parapublics qui sont attaqués par les coupes. Le Conseil d’Etat s’attaque directement aux salaires des fonctionnaires, c’est rarement vu.»
«A ce stade, la démission de Ruiz est difficile à interpréter. Mais je trouve que ce n’est pas un hasard qu’elle démissionne un jour de grève. Je tiens à rappeler qu’elle a dit tenir à la collégialité. C’est gravissime, ce n’est pas possible que des élus Vert-e-s et PS continuent de garder cette collégialité quand l’ensemble des services publics sont menacés et mobilisés.»
«Il y a déjà des postes qui ont été annoncés comme non-renouvelés à l’université. Il y a toujours la menace d’une hausse de taxes pour les étudiants et étudiantes, avec cette proposition totalement hallucinante et xénophobe de doubler pour les étudiants suisses, mais de quadrupler pour les étudiants étrangers. Les coupes en cours vont attaquer nos conditions de travail, avec moins de personnes pour les mêmes tâches, moins de matériel et d’argent pour faire tourner l’université. Et le risque d’augmentations de taxes, avec à la clef une éducation à deux vitesses: ceux et celles qui ont le fric peuvent se la payer et les autres, tant pis. Et ça, on ne le veut pas pour la Suisse.»
Lors d'une assemblée générale unitaire mardi soir, le personnel des services publics et parapublics a d'ailleurs appelé à la poursuite de la mobilisation la semaine prochaine. Une «grève totale» est annoncée le jeudi 4 décembre, tout comme des actions les mardi 2 et mercredi 3 décembre devant le Grand Conseil – qui discutera du «fameux» budget 2026.
Coupes contestées
Le gouvernement vaudois a présenté le 24 septembre son projet de budget 2026, qui prévoit un déficit de 331 millions de francs et 305 millions de mesures d'économies. Ces dernières comprennent notamment 165 millions de coupes dans les subventions.
Le personnel de l'Etat est, lui aussi, directement concerné avec notamment une «contribution de crise» de 0,7% du salaire brut en 2026 sur les classes salariales de 6 à 18. Cette mesure, comme toutes les autres, est combattue par les syndicats