Tant les émeutes dans un quartier lausannois que les révélations sur le racisme, le sexisme et l'antisémitisme au sein de la police lausannoise ont fait réagir mardi le Grand Conseil vaudois. Cinq députés ont pris la parole au nom de leur parti (EP, UDC, PLR et PS). La gauche radicale demande une réforme complète, avec notamment six mesures déjà évoquées par le passé et qu'elle réitère.
«Les huit décès, dont sept racisés, ces dernières années dans le canton de Vaud sont un bilan morbide qui doit servir d'électrochoc. Le Conseil d'Etat doit aussi regarder en face le problème du racisme systémique dans la police», a affirmé Joëlle Minacci, élue d'Ensemble à Gauche & POP (EP).
Au niveau communal et cantonal, la gauche radicale appelle à l'instauration d'un reçu à l'occasion de chaque interpellation de police, une meilleure formation des policiers, l'interdiction du plaquage ventral, la création d'une instance indépendante pour le dépôt de plaintes ainsi que la suspension immédiate des policiers concernés dans des affaires graves.
Toujours à gauche, le parti socialiste condamne fermement les images et propos échangés au sein de la police lausannoise. «C'est avec effarement que nous avons pris connaissance de ces pratiques», a dit Julien Eggenberger. Le PS salue la décision de la Municipalité de Lausanne de vouloir effectuer une réforme structurelle en profondeur au sein de la police. Il appelle aussi d'autres polices du canton à détecter d'éventuel même problèmes.
Junod critiqué par l'UDC
Du côté de l'UDC, on a surtout déploré «les incivilités et les émeutes» de dimanche et lundi soirs. «Aucune colère ne justifie de mettre le feu à des containers et des bus», a dit Cédric Weissert, évoquant des similitudes avec les violences dans les banlieues françaises. «Il s'agit d'actes de violences gratuits et ciblés contre la police qui est ainsi mise en danger», a renchéri Philippe Jobin du même parti.
S'agissant du racisme qualifié de «systémique» par le syndic de Lausanne Grégoire Junod, Cédric Weissert a critiqué ces propos qui «jettent en pâture tout le corps de police», insistant à «ne pas se désolidariser» de la police et de la gendarmerie. «La police n'est pas l'ennemi (...) Il faut éviter toute haine et toute caricature», a encore ajouté Philippe Jobin.
Même constat pour le PLR Xavier de Haller: «Il ne faut pas jeter l'opprobre sur toute une profession, sur toute la police (...) Cette manière de procéder est dangereuse». Il a toutefois qualifié d'«inacceptables» les actes de discrimination raciale et sexuelle commis au sein de la police. «Il faut les punir, les sanctionner, prendre des mesures administratives, et ensuite laisser la justice pénale oeuvrer dans la sérénité et l'indépendance».