Le CHUV et 11 hôpitaux représentés par la Fédération des hôpitaux vaudois (FHVi) ont choisi le logiciel du groupe américain Epic pour le remplacement du Dossier patient informatisé (DPI). L'adjudication a été finalisée après plusieurs mois d'incertitudes liées à des recours en justice.
Lancé durant l'automne 2024, l'appel d'offres du CHUV et de la FHVi avait fait l'objet de recours de la société genevoise Kheops, laquelle estimait que les critères d'attribution favorisaient Epic Systems Corporation. Le TF a toutefois rejeté ces recours, le dernier définitivement le 5 novembre, rappelle jeudi le CHUV.
«Rigoureux, innovant et participatif»
Le logiciel d'Epic est considéré «comme le plus à même d'assurer une continuité complète de l'information tout au long du parcours patient, tant au sein des établissements qu'entre eux», affirme l'hôpital vaudois. Et de souligner que le processus d'évaluation a été «rigoureux, innovant et participatif» en mobilisant «un large panel» d'utilisateurs des 12 hôpitaux.
La solution proposée par Epic Systems est utilisée par plus de 3000 hôpitaux et 72'000 cliniques dans le monde. «C'est également le système qui satisfait le mieux l'ensemble des critères définis dans le cahier des charges, dont les exigences fonctionnelles ont été développées par une équipe pluridisciplinaire (domaines médical, soignant, médico-technique, informatique et de la recherche)», poursuit le communiqué.
Plus de 89 millions de francs
Le nouveau DPI doit notamment permettre de «renforcer la continuité des soins et d'harmoniser les pratiques à l’échelle cantonale». Le CHUV ajoute que les données des patients seront hébergées exclusivement en Suisse.
L'offre de la société Epic se monte à un peu plus de 89 millions de francs, avec une maintenance annuelle d'environ 10 millions de francs par an. «Après la phase de contractualisation, le projet se déroulera sur deux à trois ans», indique le CHUV.
«Position de faiblesse»
Pour Pierrick Gonnet, patron de Kheops, «un pays qui renonce à investir dans ses propres solutions pour des infrastructures vitales se met volontairement en position de faiblesse», affirme-t-il dans un communiqué. «C'est d'autant plus regrettable que des solutions suisses existent, mieux adaptées que l'Epic aux petites structures et nettement moins coûteuses», assure-t-il.
Par ailleurs, il estime que les données, même hébergées en Suisse, «ne sont pas à l'abri des lois extraterritoriales américaines, qui permettent aux autorités d'exiger leur accès. Pour un hôpital universitaire, ce n'est pas un détail: c'est une vulnérabilité structurelle», estime-t-il.