A tous leurs loupés, leurs ratés
Les cinq plus beaux fiascos de nos conseillers fédéraux à l’international

Parmelin et KKS ont vécu un échec face à Trump. Avant eux, Schneider-Ammann, Berset ou Merz nous avaient déjà faire rire (ou pleurer) par des maladresses qui ont ridiculisé la Suisse à l'international. Florilège attendrissant des plus beaux ratés suisses vus d'ailleurs.
Publié: 17:13 heures
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Dernière mise à jour: il y a 5 minutes
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Ces derniers jours, Guy Parmelin a dû affronter de nombreux défis face aux droits de douane de Donald Trump.
Photo: KEYSTONE

Un fiasco, Made in Switzerland? Ce 7 août, la Suisse a écopé de droits de douane américains parmi les plus élevés au monde, fixés à 39% par Donald Trump (le secteur pharmaceutique suisse est pour l’heure dispensé de ces 39%, mais menacé de droits de 250% d’ici un an et demi). Il restera, dans les mémoires, l’appel téléphonique houleux entre Karin Keller-Sutter et le président américain, où le destin commercial de la Suisse aurait basculé quand la présidente a jugé «absurde» sa fixette sur le déficit plutôt que de lui offrir plus de concessions. Alors, comme Jean-Jacques Goldman célébrant ses échecs en chantant «à tous mes loupés, mes ratés…», Blick a voulu revenir sur 5 autres grands fiascos de nos conseillers fédéraux, histoire de prendre du recul (et de rire un bon coup).

Au-delà d’anecdotes qui ont marqué l’imaginaire helvétique, comme le voile de Micheline Calmy-Rey en Iran, la fuite de Viola Amherd par les toilettes pour hommes du Palais fédéral, ou l’idée d’Alain Berset d’«agir aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire», Blick a sélectionné cinq situations passées qui nous ont ridiculisé à l’international, et dont se souviennent probablement encore nos interlocuteurs étrangers.

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KKS a «compris comment parler à Trump»

Pour se faire encore un peu mal, attardons-nous quelques instants sur le récent épisode douloureux des droits de douane. Souvenons-nous: début juin, la présidente du Conseil fédéral surestimait encore son impact sur le locataire de la Maison Blanche, en déclarant à Blick: «J'ai manifestement trouvé comment m’adresser à Trump.» Une réalité plus crue s’est révélée quand Trump a raconté sa version, sur CNBC, du coup de fil qu’il a eu avec Karin Keller-Sutter le 31 juillet: «J’ai parlé avec la Première ministre de Suisse l’autre jour, a-t-il commencé. La dame était sympa, mais elle ne voulait pas écouter. Je lui ai dit: nous avons un déficit de 41 milliards avec vous, Madame – je ne la connaissais pas.» Et pourtant, Trump lui avait déjà parlé au téléphone au début du mois d’avril… Tant de choses ont filtré en si peu de mots, à commencer par un fossé de perception béant.

Dès lors, la présidente de la Confédération incarne à l'international une Suisse particulièrement maltraitée dans ce dossier des douanes, qui aura malgré tout continué jusqu’au bout de tenter d’amadouer Trump, comme en témoigne le dernier papier de Mediapart sur le sujet. Toujours le 7 août, justifiant le dernier voyage-éclair et infructueux à Washington, Guy Parmelin nous a encore gratifié d’une ultime perle lors de la conférence de presse à Berne: «Nous avons voulu savoir où est-ce qu'il y a eu un problème, comme on dit en bon vaudois, où c'est que la chatte a eu mal au pied». Cela ne s’invente pas.

Pour Guy Parmelin, il faut chercher «où la chatte a mal au pied»
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Fiasco des droits de douane:Pour Guy Parmelin, il faut chercher «où la chatte a mal au pied»
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Schneider-Ammann a fait rire le monde

«Rire, c’est bon pour la santé, comme dit le dicton populaire». En 2016, Johann Schneider-Ammann, alors président de la Confédération, nous gratifie d’un moment d’anthologie. Comme toujours, l’intention est bonne. Il donne une allocution télévisée à l’occasion de la Journée des malades. 

Sa tirade en français sur les bienfaits du rire, exprimée avec un air d’enterrement, et un fort accent alémanique, laisse entrevoir un exercice peu familier avec la communication du 21ème siècle. La séquence fait le buzz à l'international. L'émission française Le Petit Journal (qui deviendra Quotidien dans le futur) s'en donnera même à cœur joie en qualifiant son discours de «magistral de glauquitude». Plus tard, Schneider-Ammann, heureusement adepte de l’autodérision, déclarera fièrement que Barack Obama en personne s'était amusé de la séquence.

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Maurer «can nothing say» et Parmelin «english speaking can»

Le 16 mai 2019, Ueli Maurer donne une interview à CNN après sa rencontre avec Donald Trump à la Maison Blanche. Il peine manifestement à comprendre les questions, et on entend quelqu’un les lui traduire. A la suite d'une question sur le retrait de Donald Trump de l'accord sur le nucléaire iranien, Ueli Maurer répond: «I can nothing say on this issue». Un moment délicat pour la Suisse, qui n’est pas sans rappeler la formule de Guy Parmelin qui, lors de sa campagne pour le Conseil fédéral en 2015, déclara «I can english understand, mais je préfère répondre en français», ce qui lui vaudra des railleries du célèbre «New York Times».

Peu échaudée, l'Union démocratique du centre (UDC) a demandé en juin d'interdire aux conseillers fédéraux de parler anglais lors de leurs entretiens diplomatiques, mais de se limiter aux langues nationales. On n’ose imaginer ce qui se serait passé si KKS, lors de son coup de fil (déjà désastreux) avec Trump, avait dû en plus lui parler en allemand...

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Merz, des excuses de la honte (et sans effet)

En 2008, Hannibal Kadhafi, fils du dictateur libyen d'alors Mouammar Kadhafi est arrêté à Genève à la suite de mauvais traitements sur les employés d'un hôtel. Fâchée, la Libye prend alors deux citoyens suisses en otage pour se venger. Inexcusable. Mais, malgré cela, en 2009, ne sachant comment faire libérer les otages, Hans-Rudolf Merz ne trouve rien de mieux à faire que de s'excuser, au nom de la Suisse et de façon totalement injustifiée, auprès du dictateur libyen. Lorsque des journalistes lui demanderont s'il a perdu la face, il répondra par la négative: «si ces deux personnalités restent en Libye, alors j'aurai perdu la face.»

Le contre-son-camp est immense, les otages n'ayant été libérés que l'année suivante, grâce aux efforts de Micheline Calmy-Rey. Petite consolation: le même Hannibal Kadhafi, détenu depuis 2015 dans une prison libanaise, supplierait actuellement Genève de lui redonner l’asile. 

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Alain Berset se fait intercepter en France

En juillet 2022, la presse révèle que le conseiller fédéral Alain Berset a été arrêté par la police de l'air française, qui l’a forcé à atterrir, alors qu'il pilotait un avion de plaisance dans un cadre privé. Le ministre de la Santé suisse semble avoir volé dans une zone non autorisée. La bourde a entraîné l'intervention de deux avions de chasse français. Emmanuel Macron a été mis au courant de l'incident, en raison de l'appartenance d'Alain Berset à un gouvernement. On imagine que cette facétieuse capture dans l'azur hexagonal n'a pas manqué de faire rire le président français.

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