«À son arrivée au foyer de l'Étoile en 2021, il m'a tout de suite demandé comment faire pour s'intégrer et pour avancer», a raconté Nesim, un ami du jeune homme. Très ému, il se souvient de son camarade: un gars sympa, sportif, studieux et qui jouait du violon. «Après s'être battu pour son avenir, il avait perdu tout espoir», a-t-il ajouté.
La cousine du jeune Afghan, en pleurs, a raconté les souffrances de l'adolescent pour arriver en Suisse. Il avait quitté l'Iran, où sa famille s'était réfugiée pour fuir les talibans. En Grèce, il avait subi des violences qui l'avaient profondément traumatisé. «L'État est responsable et doit rendre des comptes», a déclaré la cousine.
Les manifestants, dont de nombreux jeunes résidents des foyers, ont crié leur colère devant le siège de l'Hospice général au centre-ville. «En Suisse: injustice!» ou «Réfugiés: solidarité!», a scandé la foule. Des chants, parfois interrompus par des cris de détresse, ont résonné. Beaucoup tenaient une photo du jeune homme dans leurs mains.
Le directeur de l'Hospice général, Christophe Girod, a pris le micro pour exprimer son soutien aux proches du jeune homme. Il a ensuite critiqué des décisions administratives prises sans considération des situations personnelles. Mais le directeur général n'a pas pu finir son intervention. Il a été interrompu par les manifestants qui criaient «Hospice: injustice!».
Décision du SEM fustigée par les manifestants
La décision de renvoi du jeune Afghan en Grèce par le Secrétariat d'État aux migrations (SEM), confirmée par le Tribunal administratif fédéral, a été fustigée par la foule. Selon plusieurs orateurs, les autorités auraient dû prendre en compte le risque suicidaire que présentait ce jeune requérant.
Des représentants des associations d'aide aux migrants ont aussi dénoncé les mauvaises conditions d'hébergement dans les foyers. «On nous parle mal», a raconté Nesim. Les chambres sont trop petites et ressemblent à une prison, a-t-il expliqué. Les associations réclament depuis longtemps des alternatives au foyer de l'Étoile.
La foule s'est ensuite dirigée devant l'Hôtel-de-Ville pour interpeller Thierry Apothéloz, conseiller d'État chargé de la Cohésion sociale. Mercredi, le gouvernement genevois avait exprimé son incompréhension face aux pratiques de la Confédération «qui met en danger la vie et la santé des personnes déboutées, lorsque celles-ci se trouvent dans une situation médicalement avérée de détresse psychologique».
(ATS)