Le père de la célèbre horloge parlante de la place de la Palud à Lausanne n’est plus. Pascal Besson et sa femme, Mireille, tous deux atteints dans leur santé, ont eu recours au suicide assisté le 6 octobre. Après 67 ans de mariage. Il avait 91 ans, elle 89.
La journaliste Nina Brissot était une amie intime du couple. «Le 20 septembre, lorsque j’ai vu que Mireille tentait de me joindre, je me suis dit: 'Pourvu que ce ne soit pas une mauvaise nouvelle'. Je savais Pascal très mal.» La fondatrice de l’hebdomadaire «Le Régional», média local aujourd’hui disparu, la rappelle. «Elle m’a dit: 'Tu sais que Pascal ne bouge plus de son lit depuis un an. Eh bien maintenant, c’est moi qui suis affaiblie par la maladie. Nous avons décidé de nous en aller ensemble.»
«Nous voulons partir ensemble»
Pascal et Mireille Besson s’étaient connus jeunes. Il avait 18 ans, elle 16. «Lors de ce même téléphone, elle m’a lancé: 'Nous n’avons vécu que le meilleur ensemble, nous voulons partir le même jour. Nous avons contacté Exit'. C’est vrai, on les voyait toujours ensemble, ils ne se quittaient jamais. Il était son héros, elle était sa mémoire. Il était plein d’humour, elle avait le sens des réalités.»
Nina Brissot est émue. Leur rendre hommage lui tient à cœur. Elle poursuit son récit: «Que lui répondre? Je ne voulais pas la rendre nostalgique ni lui demander des détails sur sa maladie. Alors, je l’ai remerciée pour les bons moments passés ensemble, mais aussi de nous avoir averti de leur décision. Elle m’a demandé de ne plus l’appeler et de scruter le journal. Dans les jours qui ont suivi, j’ai consulté, anxieusement, les avis mortuaires. Jusqu’à ce 10 octobre…»
Né le 24 mars 1931, Pascal Besson était peintre, plasticien, créateur de décors de théâtre, de vitraux et de tapisseries. Son œuvre la plus célèbre: l’horloge parlante de la place de la Palud à Lausanne, construite à l’occasion de l’exposition nationale suisse en 1964. Chaque jour, entre 9h et 19h, les petites figurines de ce monument phare de la capitale olympique défilent et racontent à celles et ceux qui passent par là — à dessein ou non — trois grands moments de l’histoire vaudoise.
Du Musée olympique au MoMa de New York
«J’ai souvent écrit sur Pascal, confie Nina Brissot. C’était un artiste complet. Il avait étudié le graphisme aux Beaux-Arts de Lausanne, puis à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris, où il a travaillé. C’est en Bretagne qu’un ami le pose pour la première fois devant un chevalet. Toute sa vie, il aura peint cette région, mais aussi la Toscane et Lavaux. On l’a aussi vu enseigner à l’Ecole d’arts appliqués de Vevey, trente ans durant.» Le Pulliéran avait «une jolie plume» et avait aussi «commis quelques livres», glisse-t-elle encore. Son art est conservé dans des collections privées et publiques du monde entier, du Musée olympique de Lausanne au MoMa de New York.
Les funérailles de Pascal et Mireille Besson ont eu lieu le 13 octobre à l’Eglise du Prieuré de Pully (VD), non loin de leur dernier domicile. Nina Brissot y était. «Je n’aurais pas pu les imaginer séparés, 73 ans après leur première rencontre. Je comprends qu’ils aient choisi de partir main dans la main. Bon voyage!»