La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a eu un «très bon échange» avec le Secrétaire d'Etat américain Marco Rubio sur les droits de douane mercredi à Washington. Rien n'a filtré cependant dans un premier temps sur un éventuel infléchissement de la position américaine.
Il s'est agi d'une «très bonne rencontre, un échange très amical et ouvert sur les enjeux communs», a déclaré Karin Keller-Sutter au journal télévisé de la RTS au sortir de la discussion, commencée vers 16h15 et terminée aux alentours de 17h.
De son côté, le porte-parole de Marco Rubio a indiqué que Marco Rubio a rencontré Mme Keller-Sutter et le ministre de l'Economie Guy Parmelin pour discuter «de l'importance d'une relation commerciale équitable et équilibrée profitant au peuple américain. Ils ont également réaffirmé leur engagement à renforcer la coopération bilatérale en matière de défense.»
La présidente de la Confédération a laissé entendre sur X que les échanges avaient eu une large portée: «Nous avons discuté de la coopération bilatérale entre les Etats-Unis et la Suisse , des taxes douanières et de questions internationales», a-t-elle tweeté. «Avec le vice-président Guy Parmelin, nous avons également rencontré d’importants dirigeants économiques américains afin de discuter des droits de douane», a-t-elle ajouté.
Un enjeu colossal
Les deux membres du Conseil fédéral s'étaient envolés mardi en toute hâte avec une délégation de haut rang mardi pour Washington, pour des négociations de la dernière chance. Objectif: infléchir la position du président américain Donald Trump, qui avait imposé le 1er août une surtaxe douanière de 39% sur les exportations suisses aux Etats-Unis, dès ce jeudi.
Cette décision de Trump avait suscité une onde de choc en Suisse, en particulier dans les industries d'exportation comme celles des machines, de l'horlogerie ou encore l'industrie alimentaire. La surtaxe est nettement plus élevée que celle imposée aux pays de l'UE (15%) et plus élevée que celle que subit l'immense majorité des pays, de quoi faire craindre une perte de compétitivité et des réductions d'emploi en Suisse.
Les observateurs n'ont pas été en mesure d'indiquer si un contact a pu être établi sur place avec Donald Trump directement, mais cela semblait peu vraisemblable. Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin n'ont pas prévu de point de presse à Washington à l'issue de leur entrevue. Une information devant les médias n'est pas prévue avant leur retour en Suisse, probablement vendredi, a précisé la présidente à la RTS.
La délégation du Conseil fédéral s'était envolée avec l'idée de présenter «une nouvelle offre» attractive au président américain pour qu'il mette de l'eau dans son vin. Durant le week-end, Guy Parmelin avait évoqué quelques pistes possibles du côté suisse, comme l'achat de gaz naturel liquéfié américain (à l'instar de concessions faites par l'UE aux Etats-Unis) ou davantage d'investissements des grandes entreprises helvétiques outre-Atlantique, dans le but d'obtenir un accord plus favorable.
Pharma et défense
Un des grands enjeux du bras-de-fer porte aussi sur les aspects militaires et des produits pharmaceutiques. Trump reproche aux multinationales pharmaceutiques – suisses notamment – de s'«enrichir sur le dos du peuple américain» en vendant beaucoup plus cher leurs produits aux Etats-Unis qu'ailleurs. Cela est possible car, aux Etats-Unis, la fixation des prix est libre, alors que ceux-ci sont fixés par l'Etat en Suisse par exemple. Donald Trump s'est promis de faire baisser le prix des médicaments dans son pays.
Selon une source proche des discussions citée mercredi par Reuters, l'administration Trump pousse la Suisse à acheter davantage de produits énergétiques et de défense américains. Plus tôt dans la journée, Karin Keller-Sutter et sa délégation ont rencontré des chefs d'entreprise suisses, dont Severin Schwan, président de Roche, ainsi qu'Alfred Gantner et Marcel Erni, fondateurs du fonds d'investissement Partners Group, a encore précisé Reuters.
Le groupe, qui comptait également Daniel Jaeggi, président du négociant mondial en énergie et matières premières Mercuria, a discuté de la situation tarifaire, selon la source gouvernementale citée. D'autres rendez-vous étaient prévus avec des dirigeants d'entreprises suisses implantées aux Etats-Unis.
Début juillet, à la suite de discussions avec le secrétaire au Trésor Scott Bessent et le représentant au Commerce Jamieson Greer, la Suisse avait conclu un projet d'accord avec les États-Unis prévoyant des surtaxes beaucoup plus avantageuses. Mais Donald Trump, qui entre-temps avait encore échangé avec Karin Keller-Sutter, ne l'a pas accepté.
De son côté, l'UE a obtenu un taux «réduit» de 15% contre son engagement d'acheter pour 750 milliards de dollars de gaz naturel liquéfié, de pétrole et de produits nucléaires américains sur les trois prochaines années, ainsi que des offres intéressantes pour les Etats-Unis sur les achats d'armes.