Les membres du Conseil fédéral ont loué la cohésion de la Suisse, à l'occasion de la fête nationale. Ce 1er Août a été troublé par les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump.
La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a eu beau affirmer sur la prairie du Grütli que l'annonce de Washington ne devait pas troubler la fête, la Suisse ayant déjà connu de telles tempêtes, les droits de douane étaient dans tous les esprits. Et dans la quasi-totalité des discours.
«L'incertitude domine. Et la Suisse n'est pas épargnée. Loin s'en faut, comme nous le démontre l'annonce» américaine, a lancé Elisabeth Baume-Schneider. Le ministre de la justice Beat Jans a parlé d'une mesure «arbitraire», alors que Guy Parmelin estimait sur les ondes de la RTS que la Suisse a été «spécialement maltraitée».
«Le 1er Août nous rappelle que la Suisse a appris de son histoire comment trouver le bon chemin avec prudence et détermination, même dans des situations difficiles», a pour sa part affirmé Albert Rösti. «Nous ne nous laissons pas décourager et continuons à rechercher un accord dans l'intérêt des deux parties», a renchéri Ignazio Cassis. Le ministre de la défense Martin Pfister s'est quant à lui dit «sûr que nous trouverons une solution».
Une «machine à Tinguely»
Plus généralement, le Zougois a estimé que «nous devons garder à l'esprit que nous vivons dans un pays stable et prospère». Malgré les nombreux défis à relever, les fondements du pays restent solides selon lui. La Suisse reste unie grâce, notamment, à des institutions fiables et à une société qui crée de la prospérité avec «esprit», sans oublier les plus faibles, a ajouté Martin Pfister.
Albert Rösti a lui aussi parlé de solidarité au-delà des différences. La catastrophe de Blatten (VS) a illustré l'esprit de solidarité de la Suisse. «Un pays, c'est bien plus qu'un espace, un lieu géographique. Un pays, c'est une histoire commune, des valeurs partagées et un sentiment d'appartenance», a-t-il dit.
«C'est le vivre ensemble qui nous a rendus forts, pas la voie solitaire», a renchéri Beat Jans. Pour le Bâlois, la Suisse est une sorte de «machine à Tinguely», un ensemble créatif, composé de différentes pièces uniques.
Karin Keller-Sutter a également mis en évidence ce subtil équilibre qui crée la cohésion nationale. La compréhension mutuelle, la fiabilité et la prévisibilité sont les forces du pays en période d'incertitude, a-t-elle dit.
Apprentissage des langues
Cette diversité existe aussi en politique, grâce au fédéralisme. Mais pour le préserver, il faut aussi être prêt à assumer des responsabilités, a-t-elle souligné, en précisant que les enfants doivent apprendre le français ou l'allemand à l'école. C'est important pour le respect des communautés et la cohésion nationale.
Même appel de la part d'Elisabeth Baume-Schneider, qui a défendu l'apprentissage du français à l'école primaire, menacé par des motions déposées dans certains parlements cantonaux en suisse alémanique. «Nous devons avoir conscience que notre pays ne peut fonctionner à long terme que si nous sommes capables de nous intéresser aux autres régions linguistiques», a-t-elle lancé.
Liens avec l'Europe
Pour elle, cette diversité linguistique rend la Suisse profondément européenne. Dans ce contexte, la Jurassienne a souligné la volonté du gouvernement de stabiliser et moderniser la relation de la Suisse avec l'UE. Une relation d'autant plus importantes lorsque le système international devient «plus instable», a-t-elle dit, alors que Beat Jans soulignait à quel point la Suisse est intégrée et connectée à l'Europe.
Conscient que la question européenne va donner lieu à de vives discussions dans les prochains mois, Ignazio Cassis a plaidé pour que les débats se déroulent «sans haine». La démocratie n'est pas une histoire d'amour, mais de «désaccords vécus», a-t-il souligné.
Pour lui, la force de la Suisse réside dans l'alliance entre enracinement et ouverture. Le pays dépend du monde et a besoin de relations internationales fiables, en particulier dans ces temps difficiles. «Les dépendances sont une réalité. Et les personnes qui les reconnaissent peuvent les gérer de manière souveraine», a-t-il dit.
Le ministre de l'économie Guy Parmelin a quant à lui exhorté la Suisse à «ne pas brader ses atouts». «Notre stabilité politique et institutionnelle, notre excellence en matière d'innovation, de formation et de recherche, notre culture de la qualité et du compromis sont autant d'atouts primordiaux qu'il s'agit de cultiver avec courage et conviction», a lancé le Vaudois.