Des dizaines de milliers de personnes se mobilisent pour faire valoir leurs droits, à l’occasion de la traditionnelle grève féministe du 14 juin. L’égalité salariale, des salaires minimaux et des rentes décentes figurent au cœur des revendications.
Différentes actions et manifestations ont lieu tout au long de la journée dans plusieurs villes de Suisse. À Genève, entre 25 000 et 30 000 personnes descendent chaque année dans la rue pour exprimer leur colère, selon le collectif de la grève féministe. L’estimation fournie par la police se situe entre 6 000 et 8 000 personnes.
« Le féminisme : c’est l’espoir ! »
« Le féminisme : c’est l’espoir ! » a lancé Françoise Nyffeler, membre du collectif, devant la foule rassemblée dans le parc des Bastions, face au Mur des Réformateurs. Elle a invité les manifestant·es à pousser un cri de colère, juste avant que le cortège ne se mette en marche. La clameur a résonné jusqu’en haut de la vieille ville.
À Lausanne, un cortège a formé une grande vague violette sous les éclaircies. Les participant·es étaient entre 15 000 et 20 000 en 2024, selon la Grève féministe et 18 000 selon la police. On a pu entendre à de nombreuses reprises le slogan « Grève, grève féministe ». On pouvait lire sur les pancartes : « Délivrez-nous du mâle », « Touxtes en grève », ou encore « Revulvition ».
« Solidaire, féministe, antiraciste »
« Nous manifestons pour l’égalité salariale, de traitement et des droits de toutes et tous, et contre les attaques dont les femmes et les minorités sexuelles sont la cible, au travail, dans la vie privée, en politique et jusque dans la culture », a déclaré le syndicat Syna. L’égalité à la retraite n’est pas oubliée, « parce que l’inégalité salariale se répercute sur les rentes ».
Unia exige un salaire minimum équitable de 5 000 francs par mois. Il est scandaleux que près d’une femme sur deux ayant terminé son apprentissage gagne moins de 5 000 francs, dénonce le syndicat.
Le travail des femmes aurait-il moins de valeur ?
On fait comprendre aux femmes que leur travail a moins de valeur, ce qui les met à juste titre « en colère », a déclaré la présidente d’Unia Vania Alleva.
Il est incroyable que les femmes en Suisse gagnent encore 1 500 francs de moins par mois que les hommes, a ajouté la syndicaliste. Il est aussi tout à fait scandaleux qu’une femme sur trois soit encore victime de harcèlement sexuel au travail. Et il est honteux que, dans une Suisse riche, un quart des femmes soient touchées par la pauvreté une fois à la retraite.
La droite boude la manif
Alliance F Suisse, la plus grande association faîtière féminine du pays, a demandé une politique d’égalité ambitieuse: une meilleure protection contre la violence envers les femmes et les filles, un salaire égal pour un travail égal, et enfin de meilleures conditions-cadres pour concilier vie professionnelle et vie familiale.
Comme en 2023, les femmes bourgeoises sont restées à l’écart d’un mouvement jugé trop partisan. Dans un communiqué publié le 14 juin 2024, les jeunesses du PLR, de l’UDC et du Centre ont affirmé que la grève féministe était « détournée pour servir un agenda politique de gauche ».
Elles ont notamment dénoncé des arguments reposant sur « la polémique et les fake news » pour combattre la réforme de la prévoyance professionnelle. Les Jeunes Vert’libéraux estiment, pour leur part, que la grève féministe « ne parle pas pour toutes les femmes ».