Des rhumes d'octobre à mars…
Pourquoi les enfants sont-ils tout le temps malades en hiver?

Les parents le redécouvrent avec stupeur, chaque année: les plus jeunes ont le don d'enchaîner rhumes, gastros et autres délicieux désagréments dès l'automne. Pourquoi sont-ils si souvent malades et est-ce réellement pour «booster» leur immunité?
Publié: 19:32 heures
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Dernière mise à jour: 20:00 heures
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D'après l'Université de Stanford, les enfants ont jusqu'à huit rhumes par hiver, en moyenne.
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Si vous êtes parents, vous connaissez bien l'affreux instant suspense qui emballe votre rythme cardiaque, au moment d'attendre le verdict du thermomètre, glissé sous l'aisselle de vos enfants. Hélas, il s'agit d'une scène qui semble se répéter inlassablement, chaque année, dès la première chute des feuilles. Et surtout si votre petite famille est cliente des crèches ou autres systèmes de garde collectifs.

«Vous verrez, ils ont le rhume d'octobre jusqu'à mars», répètent les parents expérimentés face à de naïfs novices qui s'apprêtent à découvrir le rythme corsé des nez bouchés, toux, fièvres et autres conjonctivites tenaces, ramassés à la crèche et collectionnés avec passion jusqu'à l'apparition des premières jonquilles. «C'est bien, ils renforcent leur système immunitaire», ajoutent-ils encore, pour leur donner de l'espoir, une fois passé le cap de la vingtième boîte de sérum physiologique achetée.

Les rhinovirus sont les plus courants

Une nouvelle étude américaine publiée en octobre 2025 dans la revue «Pediatrics» confirme effectivement que les maladies respiratoires bénignes sont bien plus fréquentes dans les cadres éducatifs, où elles bondissent allègrement d'enfant en enfant. Les plus jeunes, de la crèche à l'école enfantine, étaient les plus concernés, selon les chercheurs, tandis que les élèves plus âgés et les adultes travaillant sur place étaient moins souvent touchés.

D'après la recherche, les rhinovirus, responsables du simple rhume, sont les plus communs, sachant que 65% des 800 participants de l'étude avaient été testés positifs au moins une fois pendant l'année. 

Un système immunitaire encore immature

Mais quand, après six jours d'un miraculeux répit, les petits nez se remettent à couler comme d'obstinés robinets, on ne peut que se demander, avec inquiétude: pourquoi? La CNN a trouvé la réponse, en la personne de la Dre Leana Wen, urgentiste et professeure associée à l'université George Washington. 

«Le système immunitaire des jeunes enfants est encore en développement, et la plupart d'entre eux n'ont pas encore été confrontés au large panel de virus respiratoires qui circulent chaque automne et hiver, indique-t-elle. Cela signifie que leurs défenses immunitaires sont moins expérimentées, ce qui les rend plus susceptibles de tomber malade lorsqu'ils sont exposés.»

L'experte ajoute par ailleurs que les habitudes des enfants facilitent la propagation du virus: «Ils se touchent souvent le visage, partagent leurs jouets, se lavent moins souvent les mains et ne recouvrent pas leur bouche en toussant, souligne-t-elle. Dans les salles de classe ou dans les crèches, ils sont à proximité d'autres enfants pendant des heures à la fois. Et comme certains virus peuvent se répandre même quand un enfant ne présente que de légers symptômes, voire aucun, ils peuvent quand même infecter les autres sans s'en rendre compte.»

Cela paraît logique, quand on voit les plus petits ramper avec curiosité, prêts à lécher ou mordiller tout ce qu'ils trouvent sur leur passage... La bonne nouvelle, en revanche, est que l'idée selon laquelle l'enchaînement de rhumes permet aux enfants de «faire leur système immunitaire» est bien réelle! 

Si vous constatez des symptômes importants ou inhabituels, une fièvre qui ne réagit pas aux médicaments, une difficulté à respirer, une léthargie ou l'impression de ne pas reconnaître votre bébé, n'hésitez jamais à consulter au plus vite. Pour rappel, la fièvre chez un nourrisson de moins de trois mois est considérée comme une urgence.

Environ huit rhumes par an

Citant l'université de Stanford, la Dre Wen précise en outre que les enfants peuvent avoir, en moyenne, huit rhumes par an. «Cela peut donner l'impression qu'au moment où la famille commence à se remettre d'un virus, le prochain commence déjà», affirme la professeure. 

De quoi passer la saison entière en angoisse permanente, à guetter la température et l'état des plus jeunes... Heureusement, l'experte rappelle, toujours auprès de la CNN, que la plupart de ces virus respiratoires restent bénins pour les enfants en bonne santé, mais qu'ils peuvent perturber le rythme de la semaine, en provoquant des jours d'absence à l'école et au travail. 

Comment prévenir l'enchaînement des virus?

Pour aider les parents à protéger au mieux leur tribu, l'experte recommande les mêmes gestes d'hygiène répétés durant la pandémie de Covid-19: un lavage fréquent des mains avec de l'eau savonneuse pendant un minimum vingt secondes, surtout avant les repas et après une quinte de toux, un passage aux toilettes ou un éternuement. Le fait de rester chez soi durant les premiers jours du refroidissement est également indiqué. 

«Gardez à l'esprit que les virus peuvent s'attarder sur les surfaces les plus souvent utilisées, donc il est toujours mieux de se laver les mains après avoir touché des poignées et manipulé des objets ou jouets partagés, poursuit la Dre Wen, qui encourage les parents à nettoyer ces surfaces fréquemment. Elle leur conseille par ailleurs d'apprendre aux enfants à se couvrir la bouche avec leur coude avant de tousser. 

«Il faut aussi veiller à éviter d'embrasser ou de partager le même verre qu'une personne présentant des symptômes respiratoires, afin de limiter la propagation des virus», conclut-elle.

L'importance de l'aération des espaces clos

Un autre réflexe non négligeable, qui peut potentiellement nous éviter bien des rhumes, est le simple fait d'ouvrir les fenêtres. Dans un précédent article consacré au plus récent variant d'Omicron, surnommé Frankenstein, Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, nous rappelait l'importance sous-estimée de cette habitude: «En obtenant un air intérieur d’une qualité microbiologique semblable à celui que nous respirons à l’extérieur, notamment en aérant mieux les lieux clos et souvent mal ventilés, on pourrait se débarrasser d’un bon nombre de ces maladies fréquentes et fortement impactantes sur notre santé et nos sociétés», avait-il expliqué. 

Pour le spécialiste, les lieux tels que les écoles et les crèches sont les plus à même d'être mal ventilés et d'héberger un groupe de personnes pendant plusieurs heures de suite. Une simple fenêtre ouverte pourrait ainsi faire une grande différence.

Et gardons une à l'esprit, quand les virus s'enchaînent sans relâche: chaque rhume essuyé laissera des anticorps pour la prochaine fois!

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