Deux médecins font le point
Le Covid-19 regagne du terrain: faut-il à nouveau se faire vacciner?

L'automne est là et une vague de grippe devrait déferler dans les semaines à venir en Suisse. A l'occasion du lancement de la saison de vaccination, des immunologistes expliquent la situation actuelle concernant la grippe et du coronavirus en Suisse.
Publié: 09:52 heures
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Dernière mise à jour: 10:16 heures
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La saison froide est arrivée, et avec elle, l'activité des virus augmente.
Photo: Philipp Nemenz
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Riccarda Campell

L'automne marque le retour de la toux et du rhume. Juste à temps pour la saison froide, l'activité du coronavirus augmente à nouveau en Suisse, accompagnée de l'arrivée de l'épidémie de grippe, qui atteint son apogée entre novembre et janvier.

Blick s'est entretenu avec les médecins Martin Bachmann, chef du service d'immunologie de l'Hôpital de l'Ile, à Berne, et Onur Boyman, directeur de la clinique d'immunologie de l'Hôpital universitaire de Zurich. Ils répondent aux principales questions sur la protection contre les infections, les conséquences à long terme et les vaccins recommandés à l'automne 2025.

A-t-on besoin d'un vaccin contre la grippe si on vient de l'attraper?

Cela dépend si l'infection a réellement été causée par des virus grippaux et si le corps a produit suffisamment d'anticorps. «S'il est prouvé que l'on a bel et bien eu la grippe et que la protection immunitaire est bonne, la vaccination n'est généralement pas nécessaire», explique Onur Boyman.

Le cas est moins clair si la maladie précédente n'était qu'un rhume dû à d'autres virus circulants ou si l'on n'a eu qu'une légère infection. La protection immunitaire n'est peut-être pas suffisante dans ce cas.

Mais quoi qu'il en soit, mieux vaut demander un avis médical afin de mettre en balance les avantages individuels de la vaccination et les inconvénients éventuels. En particulier si l'on appartient à un groupe à risque ou si l'on est en contact avec ce groupe, une vaccination supplémentaire peut être avantageuse pour garantir une protection sûre.

Doit-on reporter la date de vaccination si on est légèrement malade?

Un rendez-vous de vaccination doit être reporté en cas de symptômes grippaux légers et de suspicion d'un début d'infection. Mais si l'on se sent juste épuisé pour des raisons non infectieuses, il n'y a aucune raison de reporter la vaccination.

Est-il normal de se sentir un peu malade après la vaccination?

«Oui, c'est tout à fait normal», explique Onur Boyman. Cela est dû aux adjuvants contenus dans le vaccin, qui activent le système immunitaire. Cette activation entraîne la sécrétion par le système immunitaire de certains messagers appelés cytokines, responsables de symptômes tels qu’une légère fièvre. «Ce processus est nécessaire pour que le système immunitaire puisse mettre en place une bonne protection – composée d'anticorps et de cellules T – contre l'agent pathogène proprement dit.»

Qui devrait se faire vacciner contre le coronavirus et la grippe?

«Je recommande la vaccination en priorité aux personnes particulièrement vulnérables: celles présentant des antécédents médicaux ou étant en contact régulier avec des groupes à risque devraient envisager de se faire vacciner», explique l’immunologue Martin Bachmann. Selon Onur Boyman, une personne en bonne santé, déjà vaccinée contre le Covid-19 ou ayant été infectée, n’a actuellement pas besoin d’une nouvelle vaccination contre le coronavirus.

La situation est similaire pour la grippe. «Si vous avez 65 ans ou plus, je vous recommande de vous faire vacciner contre la grippe afin d'éviter de graves infections pulmonaires», explique Onur Boyman. Les personnes jeunes et en bonne santé devraient se faire vacciner si elles veulent protéger les personnes vulnérables de leur entourage.

Peut-on se faire vacciner à la fois contre la grippe et le Covid-19?

En principe, oui. Mais Onur Boyman conseille de laisser passer environ une à deux semaines entre les deux vaccins. La raison en est que certains vaccins contiennent des adjuvants qui peuvent provoquer des effets secondaires. Si les deux vaccins sont administrés en même temps, les effets secondaires peuvent s'intensifier.

Le Covid-19 n'est-il plus qu'une grippe comme une autre?

Onur Boyman explique qu'une infection grippale peut être grave. Les refroidissements normaux causés par des virus saisonniers et accompagnés de symptômes grippaux (souvent appelés grippe) se distinguent du Covid-19 par le fait que la population a déjà acquis une bonne immunité de base. Celle-ci freine le virus, raison pour laquelle on ne tombe généralement que légèrement malade.

Selon l'expert, le coronavirus se rapproche de plus en plus de cette situation. Cela s'explique par le fait que l'ensemble de la population a développé une immunité croissante contre les différentes formes du virus.

Une infection par le coronavirus protège-t-elle encore suffisamment?

En termes simples, toujours selon Onur Boyman, la protection après une infection ou une vaccination dure en réalité toute la vie chez les personnes en bonne santé. Cette réponse a toutefois un inconvénient: la protection mise en place est toujours dirigée contre la variante concrète du virus. En cas de nouveau contact, le système immunitaire réagit plus rapidement et freine la propagation.

Mais si le virus mute, la protection n'est que partiellement efficace. Elle atténue certes la maladie, mais ne protège plus aussi efficacement que contre la forme initiale.

Quelle est la propagation actuelle des variants du coronavirus?

L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) confirme que l'activité du coronavirus est à nouveau en hausse: «La charge virale du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées a augmenté au cours des dernières semaines. De même, le système de déclaration obligatoire signale à nouveau davantage de cas depuis début août 2025.»

Le variant XFG domine la vague actuelle. Il est responsable de plus de 80% de la charge virale totale dans les eaux usées suisses.

Peut-on contracter un Covid long après avoir été infecté?

Selon Onur Boyman, le risque est nettement plus faible que les années précédentes pour les personnes sans antécédents médicaux. «A l'époque, la population n'était pas encore immunisée contre le coronavirus, car les taux de vaccination et d'infection n'étaient pas aussi élevés qu'aujourd'hui. En conséquence, le risque de Covid long était important.»

Les personnes souffrant de maladies préexistantes telles que des déficits immunitaires, par exemple des déficits en anticorps, des allergies graves ou des maladies inflammatoires, ou les personnes qui ont déjà eu un Covid long doivent rester prudentes.

Dans quelle mesure est-on immunisé contre le Covid-19 en Suisse?

«La population générale est très bien protégée contre le Covid-19, explique Onur Boyman. Seules les personnes souffrant de certaines maladies préexistantes ou de problèmes immunitaires restes exposées. Cela ne vaut pas seulement pour le Covid-19, mais aussi pour d'autres maladies.»

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