Les primes d'assurance maladie augmentent à nouveau, plus précisément de 4,4% l'année prochaine, et aucune amélioration n'est en vue. Le gouvernement fédéral n'a pas encore trouvé de solution à cette hausse annuelle.
Mais Stefan Meierhans, observateur des prix, et Christian Lohr, conseiller national du Centre, sont convaincus d'avoir trouvé un moyen efficace de réaliser des économies dans le secteur de la santé. Depuis des années, ils alertent sur le fait que les Suisses payent bien trop cher pour leurs analyses de laboratoire.
Stefan Meierhans table sur un potentiel de «plusieurs centaines de millions de francs». «Toutes les comparaisons de prix internationales réalisées jusqu'à présent montrent que les cotisants suisses paient des tarifs notoirement excessifs pour les analyses de laboratoire», affirme-t-il.
Une étude récente a d'ailleurs fourni des éléments qui appuient son hypothèse. Elle montre que les Suisses paient entre 50 et 70% de plus pour les analyses. Cette étude a été commandée par l'Office fédéral de la santé publique. Détail explosif: les salaires plus élevés ou les prescriptions réglementaires ont déjà été exclus de l'étude. En d'autres termes, même en tenant compte des raisons habituellement invoquées pour justifier des tarifs élevés en Suisse, les prix restent anormalement hauts.
De l'espoir pour 2027?
Christian Lohr travaille sur ce dossier depuis des années. Il vient de déposer une nouvelle motion, rappelant une fois de plus au Conseil fédéral le potentiel d'économies. «L'entrée en vigueur du nouveau tarif a déjà été repoussée à plusieurs reprises, ce qui devient lentement mais sûrement tragique», déclare-t-il.
Le conseiller national espère une accélération du processus. Car l'enjeu financier est de taille: selon les statistiques de l'assurance maladie obligatoire, les coûts de laboratoire se sont élevés à 2 milliards de francs suisses en 2024, soit 4,7 % des coûts totaux.
De nouveaux tarifs devraient désormais être introduits en 2027. «Il n'est toutefois pas exclu que la résistance des laboratoires persiste et retarde encore davantage les travaux», indique Christian Lohr.
Déjà 320 millions d'économies
L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) se défend contre ces accusations de lenteur. En principe, la révision des tarifs «se déroule actuellement comme prévu». La lenteur de cette révision n'est pas seulement due à la pression exercée par la Covid-19, mais aussi à la vérification d'environ 1300 positions tarifaires.
Divers tarifs et remboursements ont été adaptés ces dernières années, explique la porte-parole de l'OFSP Gabriela Giacometti. En 2022, le ministre de la Santé de l'époque, Alain Berset, a par exemple ordonné une réduction tarifaire de 10%. «Rien qu'en 2023, nous avons réalisé un total d'économies d'environ 320 millions de francs suisses», précise l'OFSP.
Cette réduction tarifaire en 2022 a aussi permis de réduire les coûts par habitant et par analyse de 19% en trois ans. Seulement voilà: alors que les coûts des analyses individuelles ont diminué, le nombre total d'analyses a augmenté. Les économies réalisées ont donc été absorbées.
Les laboratoires se défendent
L'Association suisse des laboratoires médicaux rejette les allégations de tarifs excessifs. «Les coûts des laboratoires ont évolué au fil des ans parallèlement à ceux des autres assurances maladie», déclare Thomas Zurkinden, directeur général. «Par ailleurs, les frais de laboratoire augmentent surtout pour des raisons démographiques et des progrès de la médecine.»
Selon lui, non seulement on observe une baisse ces dernières années, mais l'inflation n'a jamais été compensée. «Dans un contexte d'exigences réglementaires toujours plus strictes pour les laboratoires, il s'agit d'un défi majeur pour l'industrie.»
Thomas Zurkinden estime que la comparaison avec l'étranger de l'OFSP est «trompeuse». Selon lui, sa pertinence est limitée, car les conditions varient considérablement d'un pays à l'autre. L'association estime finalement la différence à 3%. Stefan Meierhans ne l'entend pas de cette oreille. L'étude a pris en compte les différents niveaux de coûts, explique-t-il. «L'écart restant reste très important et, à mon avis, inacceptable pour les cotisants suisses.»
Les médecins s'en mêlent
Les médecins qui prescrivent des analyses de laboratoire – et les réalisent parfois eux-mêmes dans leur propre laboratoire – pourraient également être mis en cause. «La nette augmentation des quantités doit être examinée avec les médecins prescripteurs», explique l'OFSP. L'Association des laboratoires médicaux souligne que les médecins réalisent environ 40% des analyses dans leur propre laboratoire, ce qui entraîne d'importantes pertes d'économies d'échelle.
Quel que soit le calcul, le fait est qu'en Suisse, les laboratoires sont toujours proches des médecins et des hôpitaux. Ainsi, les patients reçoivent leurs résultats très rapidement et sont parfaitement pris en charge.