«Je crois pouvoir dire que nous sommes une vraie famille. La MSF Family (le surnom donné aux participantes et participants à Miss et Mister Suisse francophone, ndrl). La première fois, aux castings, nous étions entre 600 et 700 personnes à tenter notre chance. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 55 à attendre la fameuse finale du 9 juillet.
Au début, beaucoup de gens pensent que les concours de ce type sont réservés à des personnes superficielles et convaincues qu'elles sont les plus belles. Mais ce n'est pas ça. Car, ça, ce n'est que ce qui est rendu visible sur les réseaux sociaux, dans les stories Instagram. Derrière ça, une fois que l'on creuse là-dedans, on se rend vite compte que, derrière chaque candidat, il y’a une histoire. Dans cette compétition, l’apparence physique n’est pas essentielle. J’ai personnellement été surpris de voir à quel point l’humain est au centre. Mais je crois qu’il faut le vivre pour le comprendre.
Un peu par hasard
Moi, j’y ai mis les pieds un peu par hasard, pour me rencontrer. De 2015 à 2017, je suis passé par l’anorexie et, en me sortant de là, finalement, je ne savais pas qui j’étais, ce que je vaux. Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Et maintenant, grâce à ça, j’ai pu voir un peu qu’elles sont mes qualités, mes défauts, deux ou trois trucs dans le genre. Je suis donc sur une meilleure voie pour faire mieux.
À vrai dire, c’est un ami qui m’a inscrit au concours. Sans ça, je crois que je n’y serais jamais allé. Et, comme si ça ne suffisait pas, cet ami, Samuel, est devenu Mister Suisse francophone le soir de notre rencontre. Et ce n’est que quelques mois plus tard, lorsque je lui ai raconté mon parcours, qu’il m’a dit: 'Écoute Boris, tu ne voudrais pas essayer aussi de vivre ça?' Comme je lui ai dit non, il n’a pas hésité à m’inscrire lui-même!
Kilos sur la balance: 38
L’anorexie, ça m’a renfermé, je ne parlais à plus personne. C’était le début de cette phase où je me suis retrouvé littéralement dans ma bulle. À l’époque, j’avais le sentiment d’être bien dans cette bulle. Mais je sortais peu, et j’avais besoin de rencontrer du monde. Alors, c’est peut-être très bête, mais cette compétition m’a aussi aidé à resociabiliser. C’est très important de rester auprès des personnes qui vivent l’anorexie. Si vous connaissez quelqu’un qui en souffre, ou si vous suspectez quelque chose, il faut l’aider.
Parce que, il faut quand même le dire, j’ai frôlé l’hospitalisation, si ce n’est pas la mort. Le médecin me prévenait: si je passais sous la barre des 40 kilos, je ne pourrais plus me battre tout seul. Ma mère était là, juste à côté de moi. Je lui ai promis. Je lui ai dit: 'Maman, je te promets, je ne vais pas aller à l’hôpital.' Elle m’a cru et, rapidement, je suis monté jusqu’à 47 kilos. Et puis un jour, je me suis revu dans le miroir et, pour moi, j’étais devenu trop gros, trop moche. J’ai plongé à 38 kilos.
D’Instagram à la caserne militaire
Évidemment, j’ai été aidé par une psychologue. C’était très bien, mais elle n’avait que le côté théorique de la chose. Le côté pratique, étonnamment, je l’ai trouvé sur Instagram. Un jour, j’ai créé un compte anonyme, avec pour objectif de soutenir toutes les personnes qui étaient touchées par l’anorexie ou par les troubles du comportement alimentaire. On s’aidait tous les jours, on mettait des photos de ce que l’on mangeait, bref, c’était très important. Mais aussi très bizarre de recevoir des messages du type: 'Bonjour, je suis la maman de tel ou telle. Je découvre ce compte après le décès de ma fille à cause des troubles du comportement alimentaire.'
En parallèle de ça, j’ai été aidé par l’armée. C’est bizarre aussi, parce que je suis le premier homme de la famille à faire mon service militaire! Par exemple, mon père me demandait de ne jamais rentrer à la maison dans mon uniforme. Alors, le jour où je lui ai dit que j’allais travailler dans l’armée, là, il y a eu un froid. Mais il a fini par l’accepter. Et j’ai terminé ma carrière militaire, dans la promotion de la paix à l’étranger, il y a quelques jours. C’est cet univers qui m’a fait prendre confiance en moi, entre autres.
En fait, j’ai toujours eu beaucoup de respect pour l’uniforme et surtout pour l’aide publique. Depuis tout petit (il a aujourd’hui 22 ans, ndrl), je suis admiratif à chaque fois que je vois un policier, un militaire, un pompier, un ambulancier… Je pense désormais me diriger vers l’école de police, car, c’est super important pour moi de rester dans le service public. C’est mieux de le faire avant d’avoir une famille, à mon avis. Et puis, qui sait, peut-être qu’un jour je m’investirais dans un projet de soutien aux personnes touchées par l’anorexie.
Plus heureux que jamais
Aujourd’hui, je crois pouvoir dire que je suis heureux. C’est sans doute un peu gnangnan, mais je suis plus heureux que jamais. En général, actuellement, je suis comblé. Et ça, je n’aurais pas pu le dire à l’époque. J’ai de la chance de vivre dans un monde où je me sens mieux, après ce combat. Je suis moi-même et en bonne santé. Et puis, peu importe la fin de l’histoire ou de l’aventure Miss et Mister Suisse francophone, grâce à celle-ci, j’ai rencontré ma copine, Tamara. Même si la finale du concours n’a pas encore eu lieu, moi, j’ai déjà trouvé ma Miss.»
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Police: 117 | Urgences médicales: 144 | La Main Tendue: 14
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ABA Association Boulimie Anorexie
Avenue de Villamont 19
1005 Lausanne
Tél. 021 329 04 39
https://boulimie-anorexie.ch
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