De janvier à aujourd'hui
Les temps forts de la négociation entre la Suisse et les Etats-Unis

La Suisse a intensifié ses efforts diplomatiques avec les États-Unis ces derniers mois pour négocier un accord commercial favorable. Malgré ces démarches, Trump a imposé des droits de douane élevés sur les produits suisses, provoquant un choc pour l'économie helvétique.
Publié: 09:45 heures
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Karin Keller-Sutter s'est rendue à Washington avec Guy Parmelin pour poursuivre les négociations.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

La Suisse a multiplié les contacts avec les responsables américains et les voyages à Washington ces derniers mois pour arracher le meilleur accord possible avec les Etats-Unis. Ces efforts n'ont pas permis d'éviter le coup de massue décidé au final par Donald Trump. Les temps forts d'un dossier où la Suisse a longtemps cru avoir de bons atouts en main.

Janvier: lors de son investiture, le président américain Donald Trump annonce qu'il va instaurer des droits de douane à grande échelle contre d'autres pays. Selon lui, ces mesures visent à aider les citoyens américains et à faire affluer des fonds étrangers dans les caisses de l'Etat. Il déclare vouloir réformer le système commercial international afin de protéger les travailleurs et les familles américaines.

23 janvier

Dans un message vidéo adressé au Forum économique mondial (WEF) à Davos, Donald Trump appelle les entreprises internationales à produire aux Etats-Unis et réitère sa menace d'introduire des droits de douane.

Février

1er février: Le chef de la Maison-Blanche déclare plusieurs états d'urgence nationale, notamment en réponse à la contrebande de fentanyl. Il cible en particulier le Canada, le Mexique et la Chine.

Les associations économiques suisses observent avec plus ou moins d'inquiétude ces annonces. Elles appellent la politique à se montrer «pro-active». Des responsables, à l'image de la secrétaire d'Etat à l'économie Helene Budliger Artieda, soulignent l'importance pour la Suisse de négocier un accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

Interrogée le 27 février par Keystone-ATS sur la guerre commerciale qui se profile entre l'Union européenne et les Etats-Unis, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter se montre confiante. «Il n'y aura, selon mes informations, pas de conséquences sur la Suisse», déclarait-elle en marge d'une rencontre du G20 au Cap.

Mars

2 mars: Le débat enfle en Suisse. Dans une interview accordée à la NZZ am Sonntag, la coprésidente du Parti socialiste Mattea Meyer déclare qu'au vu des menaces de Washington d'imposer des droits de douane de 25% sur des produits européens, ce n'est pas le moment de discuter de libre-échange avec les Etats-Unis.

9 mars: Washington place la Suisse sur une «liste» de pays aux «méthodes commerciales déloyales», Berne ayant une balance commerciale positive avec les Etats-Unis pour les biens.

18 mars: Helene Budliger Artieda rencontre à Washington le chef de cabinet du représentant américain au commerce Jamieson Greer. «Dans une atmosphère conviviale», la délégation helvétique a pu faire valoir que le reproche fait à la Suisse d'avoir recours à des «pratiques commerciales déloyales» était infondé, assure le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).

Avril

2 avril: A l'occasion d'un «Jour de la libération», Donald Trump secoue la planète en annonçant des tarifs douaniers très lourds à l'encontre de la plupart des pays. Pour la Suisse, c'est un coup de massue: 31%, beaucoup plus que les droits appliqués à l'Union européenne (20%). Entrée en vigueur prévue: le 9 avril.

5 avril: Karin Keller-Sutter appelle à ne pas «céder à l'alarmisme». «La Suisse a des atouts à faire valoir», estime la présidente de la Confédération dans un entretien diffusé par La Liberté, ArcInfo et Le Nouvelliste. La Suisse doit les faire valoir à la table des négociations. Les entreprises suisses figurent parmi les principaux investisseurs étrangers aux Etats-Unis, relève notamment la ministre des finances.

6 avril: Nouveau voyage de la secrétaire d'Etat à l'économie à Washington. Helene Budliger Artieda veut notamment «dissiper d'éventuels malentendus».

7 avril: Le ministre de l'économie Guy Parmelin a un premier entretien en visioconférence avec le représentant américain au Commerce Jamieson Greer. Les discussions vont se poursuivre, indique-t-on.

9 avril: Karin Keller-Sutter parle au téléphone avec Donald Trump. Les deux responsables conviennent de poursuivre les discussions pour «trouver des solutions dans l'intérêt des deux pays». Ce contact direct est commenté positivement en Suisse.

Le même jour, dans une volte-face spectaculaire, Donald Trump annonce qu'il augmente encore les droits de douane sur les produits venus de Chine, mais qu'il suspend pendant trois mois (jusqu'au 9 juillet) les surtaxes imposées aux autres pays. Les bourses jubilent.

25 avril: La Suisse fait partie d'un groupe de 15 pays avec lesquels les Etats-Unis veulent trouver une solution rapide à la question des droits de douane, affirme Karin Keller-Sutter, après avoir rencontré son homologue américain Scott Bessent à Washington. Elle précise avoir «clairement senti que les Etats-Unis étaient également intéressés par l'ouverture de négociations avec des partenaires commerciaux importants. Et nous faisons partie de ces partenaires commerciaux importants». Lors de l'entretien, il est convenu d'élaborer une déclaration d'intention commune.

Mai

9 mai: Alors que les Etats-Unis et la Chine négocient à Genève, Mme Keller-Sutter s'entretient une nouvelle fois avec Scott Bessent. La Suisse dit avoir désormais un engagement des Etats-Unis pour accélérer encore le dialogue sur les tarifs douaniers. La présidente de la Confédération veut présenter à Washington une déclaration d'intention d'ici deux semaines. «On peut dire que c'est encourageant que les Américains veuillent accélérer le processus», affirme Mme Keller-Sutter, ajoutant cependant que «c'est encore un peu tôt» pour affirmer que la Suisse est «tirée d'affaire».

10 mai: Toujours à Genève, Scott Bessent affirme que les entreprises suisses souhaitent injecter de nouveaux investissements pour 150 à 200 milliards de francs aux Etats-Unis.

28 mai: Le Conseil fédéral adopte un projet de mandat de négociation. Quelques jours plus tard, les commissions de politique extérieure des deux Chambres donnent leur accord.

Juillet

4 juillet: Donald Trump annonce qu'il va commencer à adresser des «lettres» aux partenaires commerciaux des Etats-Unis, les informant de l'imposition de droits de douane qui entreraient en vigueur au 1er août. Les négociations sont dans leur dernière ligne droite. L'attente débute.

8 juillet: Le Conseil fédéral a «bon espoir» que la Suisse et les Etats-Unis parviennent à «une bonne conclusion ou du moins à un premier pas» sur les droits de douane américains, déclare le conseiller fédéral Albert Rösti lors d'une rencontre avec des journalistes sur le Moleson (FR). Il ne manque que l'accord de Donald Trump, précise le ministre UDC.

31 juillet: Quelques heures avant le délai pour l'entrée en vigueur des droits de douane, Karin Keller-Sutter annonce que la Suisse et les Etats-Unis n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la déclaration d'intention négociée en matière de politique douanière.

Août

1er août: Le couperet tombe. Donald Trump impose des droits de 39% sur les produits suisses, invoquant un déficit commercial de 40 milliards à l'égard de la Suisse. Karin Keller-Sutter qualifie cette façon de calculer «absurde».

4 août: Après une séance extraordinaire en visioconférence, le Conseil fédéral annonce qu'il entend poursuivre les négociations avec les Etats-Unis. Berne va présenter une offre plus attractive et n'envisage pas de contre-mesures pour l'heure.

5-6 août: Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin se rendent aux Etats-Unis pour tenter de trouver un compromis avec l'administration Trump. La présidente de la Confédération doit rencontrer mercredi le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio.

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