Le président américain Donald Trump met l'économie suisse sens dessus dessous. Les droits de douane punitifs de 39% sont en vigueur depuis le 7 août. Les produits suisses deviennent donc beaucoup plus chers par rapport à d'autres produits européens. Les premières entreprises envisagent déjà de partir à l'étranger. En voici quelques exemples.
Packsys Global de Rüti (ZH)
PackSys Global produit des machines d'emballage de plusieurs tonnes pour les secteurs des boissons, de la pharmacie et des cosmétiques. Comme le directeur de l'entreprise Beat Rupp l'a déclaré au «Tages-Anzeiger», l'entreprise située à Rüti, dans le canton de Zurich, envisage de délocaliser des activités dans l'UE – par exemple en Slovaquie.
Les premières commandes de pièces de rechange aux Etats-Unis ont déjà été annulées, mais Beat Rupp ne veut pas renoncer à l'Amérique, car l'entreprise vend jusqu'à un quart de ses machines aux USA. A plus long terme, le patron craint que la moitié de l'atelier se vide si les commandes américaines s'effondrent.
PackSys Global est une filiale indépendante du groupe allemand Brückner. Une de leurs usines se trouve déjà en Slovaquie, c'est pourquoi une délocalisation serait tout à fait réaliste. «En fin de compte, ce qui compte, c'est qu'il n'y a plus de 'Made in Switzerland' inscrit dessus», déclare-t-il au journal.
Thermoplan de Weggis (LU)
Lorsque Donald Trump a annoncé son coup de massue tarifaire le 1er août, le patron de Thermoplan, Adrian Steiner a tiré la sonnette d'alarme. «J'étais abasourdi, en colère et déçu», a-t-il confié à Blick. Depuis 1999, son entreprise familiale de Weggis, à Lucerne, fournit des machines à café à Starbucks pour toutes ses filiales dans le monde. Les pièces de rechange sont désormais bloquées à la douane américaine.
«39%, c'est la super catastrophe absolue», poursuit Adrian Steiner. Il envisage maintenant des mesures au détriment de ses employés. «A cause de cette nouvelle situation, nous devons envisager une production aux Etats-Unis», explique le PDG. Ironique du sort, car au mois d'avril, il déclarait: «chaque fibre de mon corps s'oppose à la mise en place d'une production décentralisée».
TOFWERK de Thoune (BE)
Plus de 30% des exportations de TOFWERK sont destinées aux Etats-Unis. L'entreprise de Thoune fabrique des spectromètres de masse, c'est-à-dire des appareils d'analyse pour les molécules et les atomes. Sa fondatrice, Katrin Fuhrer, explique qu'«à court terme, nous devons chercher des solutions en collaboration avec nos clients». Elle s'attend toutefois à ce que des commandes déjà en cours soient annulées. «A moyen terme, nous devrions mettre en place notre propre site de production aux Etats-Unis.»
Actuellement, TOFWERK produit exclusivement en Suisse. «Avec une taxe punitive de 39%, nos produits ne seront plus compétitifs aux USA.» L'entreprise thounoise risque de perdre pratiquement toutes ses activités américaines. Or, pour une PME comme TOFWERK, une délocalisation de la production serait totalement inefficace. «Les emplois ne pourraient pas être maintenus à long terme si les droits de douane américains restent aussi élevés», craint Katrin Fuhrer.
Ypsomed de Burgdorf (BE)
Selon un rapport de Bloomberg, l'entreprise de technique médicale Ypsomed avance ses plans pour produire en Allemagne la moitié des biens destinés aux Etats-Unis. Concrètement, l'entreprise du conseiller national du Parti libéral-radical (PLR) Simon Michel veut délocaliser une partie de sa production à Schwerin, où elle exploite une usine depuis 2019.
«Avec un droit de douane de 10 à 15%, nous aurions peut-être pu négocier avec nos clients», a déclaré Simon Michel à Bloomberg. «Mais à 39%, nous n'avons pas d'autre choix que de délocaliser une partie de la production en Allemagne et en Amérique du Nord.» Selon le PDG, Ypsomed livre environ 5% des produits fabriqués en Suisse aux Etats-Unis. Parallèlement, il veut réaliser un investissement de 300 millions de francs sur la côte est américaine dès l'année prochaine, au lieu de 2027.
Tecan de Männedorf (ZH)
Le marché américain est très important pour le fabricant zurichois de techniques de laboratoire Tecan. L'entreprise de Männedorf, dans le canton de Zurich, a réalisé 55% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis. La moitié de ce chiffre est déjà produit aux Etats-Unis, notamment dans les usines du groupe en Californie.
C'est là, entre autres, que Tecan veut augmenter sa production à l'avenir. «Dans le cadre du développement stratégique de nos sites, nous examinons en permanence comment nos capacités existantes, par exemple en Californie et en Malaisie, peuvent être développées afin de répondre au mieux à des conditions cadres modifiées, comme les droits de douane américains actuels», a indiqué l'entreprise à l'agence de presse AWP.