Le 18 octobre 2025 sera un jour crucial pour le Parti libéral-radical (PLR). Le parti est profondément divisé sur la question de l'Union européenne. Pendant près de six mois, ses membres ont discuté des nouveaux traités, les ont débattus en interne et se sont affrontés publiquement. Mais il faudra attendre l'assemblée des délégués pour connaître la position finale.
Douze membres – six défenseurs de l'UE, six réfractaires – d'un groupe de travail spécialement choisis pour trouver un consensus n'ont pas réussi à se mettre d'accord. Ce n'est non pas une, mais deux propositions différentes qui ont été élaborées. Blick a pu les consulter. Le fossé au sein de ce «conseil des sages» illustre bien les difficultés que rencontre le parti sur cette question. Voici les différents points de vue.
«Monsieur Bilatérales» et les adpetes de l'UE
Commençons par les défenseurs de l'UE avec en tête d'affiche, le conseiller national soleurois Simon Michel, le «Monsieur Bilatérales» du parti. Il parcourt le pays pour tenir des discours louant les nouveaux accords. A ses côtés, le conseiller aux Etats lucernois Damian Müller ou le chef de groupe neuchâtelois Damien Cottier défendent également ces traités. Ensemble, ils incarnent l'aile du PLR favorable à l'Union européenne.
Dans leur prise de position, ils plaident clairement en faveur du «oui». Le groupe des six défenseurs de l'UE dresse le bilan suivant: «Les Bilatérales III ne sont pas un risque, elles sont une chance et un investissement pour notre avenir. Un futur que nous voulons contribuer à façonner en tant que PLR.»
Les récalcitrants
Le conseiller national bernois Christian Wasserfallen fait partie du camp adverse. Sa position est aux antipodes de celle Simon Michel. Il a fait parler de lui à plusieurs reprises en faisant cavalier seul dans les médias. Par exemple, lorsqu'il a critiqué les mesures de protection salariale sur lesquelles les employeurs et les syndicats se sont mis d'accord après d'âpres négociations.
Les Zurichois Filippo Leutenegger et Matthias Müller ont également fait part de leurs désaccords, s'attirant les foudres de l'ancienne conseillère nationale PLR Christa Markwalder. D'après elle, ils n'ont aucun légitimité pour «torpiller les accords de cette manière». Dans le document intitulé «Contre les traités avec l'UE», les pourfendeurs écrivent: «De l'avis du groupe de travail, les nouveaux accords révèlent un rapport déséquilibré entre abandon de souveraineté et utilité réelle.»
Selon certaines informations, le groupe des partisans souhaitait trouver un compromis afin que le «oui» l'emporte, assorti d'une exigence de majorité des cantons. Mais les réfractaires sont restés inflexibles et ont insisté pour voter «non». De quoi provoquer le mécontentement de certains membres du parti: cette absence de compromis affaiblirait ainsi inexorablement le parti.
Les sceptiques
Le conseiller national tessinois Simone Gianini a récemment semé le trouble au sein de son propre camp. Appartenant à l'aile des réfractaires, il n'était toutefois pas d'accord avec le document de refus formulé, selon lui, de manière trop virulente par ses collègues. «J'aurais souhaité une position commune de l'ensemble du groupe de travail, derrière laquelle le parti aurait pu se ranger, a-t-il expliqué à CH Media. Le document du 'non' a également suscité la désapprobation d'autres personnes. Il contiendrait des positions purement UDC et présenterait une argumentation pauvre, voire erronée.»
Les indécis
Alors que certains politiciens affichent fièrement leur opinion en public, d'autres se montrent plus modérés. Le vice-président du PLR Andri Silberschmidt, par exemple, répète qu'il ne veut pas s'exprimer sur la question avant d'avoir entendu les deux partis. Mais tout le monde sait qu'il serait en faveur de ces accords. La Présidente des Femmes PLR, Bettina Balmer, plaiderait aussi pour le «oui». Cependant, elle reste silencieuse jusqu'à la prise de position officielle de son parti.
Ce 18 octobre 2025 sera d'autant plus chargé que Thierry Burkart va quitter la présidence du PLR. L'Argovien sera remplacé par un duo: Susanne Vincenz-Stauffacher et Benjamin Mühlemann prennent sa succession à la tête du parti. Ce remaniement n'a pas aidé à trancher la question des accords avec Bruxelles. Des doutes ont été émis quant à la capacité de Thierry Burkart à continuer à modérer les désaccords au sein du groupe. Et le nouveau duo de direction semble jusqu'à présent naviguer en eaux troubles. Alors que Susanne Vincenz-Stauffacher est clairement favorable aux traités, Benjamin Mühlemann est encore indécis, comme il l'a expliqué à la radio RTS.
Pour le PLR, cette assemblée des délégués s'annonce donc cruciale. Soit il parvient à trouver un cap commun derrière lequel se rangent les différents camps, soit les guerres de tranchées internes vont continuer. Et diviser encore plus le parti.