Les lecteurs réguliers de Blick devraient commencer à le savoir: lorsque quelqu'un promet de s'enrichir rapidement en ligne, il faut se méfier. Ce sont souvent des escrocs qui attirent les Suisses dans des crypto-investissements douteux grâce à des deepfake de célébrités, comme la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter. Le logo de Blick, lui aussi, a déjà été falsifié pour des arnaques.
Notre média avait relaté plusieurs histoires de personnes qui se sont fait avoir, dont un couple de retraités vaudois qui avait perdu 165'000 francs après un deepfake d'Elon Musk ou un Lucernois qui s'était fait dérober 32'000 francs dans une arnaque en ligne.
Une terrain fertile pour les arnaques
Ces escroqueries ont toutes un point commun: le premier «contact» entre les escrocs et les victimes a eu lieu via une annonce en ligne publiée sur les réseaux publicitaires de Google ou de Meta. Aujourd'hui, une enquête de l'agence de presse Reuters confirme ces soupçons. Selon des documents internes, Meta – le groupe de Mark Zuckerberg qui comprend Facebook, Instagram et WhatsApp – encaisse des sommes énormes avec des publicités frauduleuses et de produits interdits.
Selon des documents internes qui lui ont été transmis, Meta prévoyait de générer en 2024 environ 10% de son chiffre d'affaires annuel avec de telles publicités: soit environ 16 milliards de dollars! Chaque jour, quelque 15 milliards de publicités d'arnaques clairement suspectes seraient affichées auprès des utilisateurs sur ses plateformes – auxquelles s'ajouteraient environ 22 milliards de tentatives d'arnaques non payées circulant dans les messages, les groupes ou sur Marketplace – la plateforme de vente de Facebook.
Meta rejette les accusations
Meta ne bloque un annonceur que lorsque ses systèmes détectent une fraude avec une certitude d'au moins 95%. En dessous, l'annonceur est jugé «suspect» et ses publicités sont simplement surtaxées — une mesure interne appelée «pénalité». Résultat: même face aux fraudeurs, Meta y gagne.
Le géant américain rejette formellement les accusations selon lesquelles elle tirerait profit d'activités frauduleuses. Un porte-parole de l'entreprise, Andy Stone, déclare à «Reuters» que les documents internes ne reflètent qu'«une vision sélective», qui donne une image biaisée de la manière dont Meta traite la fraude. Selon lui, l'estimation selon laquelle 10% du chiffre d'affaires proviendrait d'annonces illégales est «grossière et exagérée». Elle incluerait de «nombreuses» publicités légales. Meta n'a toutefois pas fourni de nouvelles estimations.
La maison d'édition Ringier, à laquelle appartient Blick, a porté plainte contre X au mois de juin. «Avec cette plainte pénale, nous ne voulons pas seulement agir contre les auteurs directs. Nous voulons aussi adresser un message clair aux acteurs des réseaux sociaux, comme Meta, pour qu'ils assument plus de responsabilités», affirme Serafin Oberholzer, l'avocat de Ringier.