Ce couple suisse a tout perdu dans une arnaque e-banking
«On nous a volé 20'000 francs et la banque nous abandonne!»

En juillet, Peter et Anne-Marie Jost ont été victimes d'une escroquerie. Les malfaiteurs avaient reproduit à s'y méprendre le site Internet de la Banque cantonale bernoise. Sans se douter de rien, le couple a saisi ses données d'accès et perdu toutes ses économies.
Publié: 15:59 heures
Partager
Écouter
1/4
Un mauvais clic et près de 20'000 francs sont partis en fumée sur le compte e-banking du couple Jost.
Photo: Florin Schranz
Florin-Schranz-Ringier.jpg
Florin Schranz

Le 7 juillet 2025, Peter Jost s’est connecté comme d’habitude à son e-banking. Ce qu’il n’a pas remarqué, c’est que son moteur de recherche l’avait redirigé vers une fausse page. En quelques minutes, le couple Jost a perdu toutes ses économies. «On nous a volé 20'000 francs, et la banque nous abandonne!»

Le compte vidé en un clin d'oeil

La somme versée à Anne-Marie Jost par la Confédération, en tant qu’ancienne enfant placée, a également disparu. Chaque victime de ces placements forcés avait reçu 25'000 francs en guise de compensation pour les injustices subies. La perte de cet argent – ou de ce qu’il en restait – est un choc pour le couple, tant sur le plan financier qu’émotionnel.

L’arnaque est simple: les escrocs copient à la perfection la page de connexion en ligne d’une banque. Les clients passent par un moteur de recherche, cliquent sur le lien frauduleux sans s'en apercevoir et saisissent leurs identifiants. Les malfaiteurs interceptent alors les données d’accès et transfèrent l’argent sur une série de comptes, souvent à l’étranger. Comme l’a récemment révélé Blick, certains retraités suisses deviennent complices à leur insu, leurs comptes servant de relais pour les transferts. 

45 ans de travail envolés

Peter Jost a conduit des camions pendant 45 ans. Chaque mois, il mettait un peu d’argent de côté avec son épouse. Ensemble, ils s’étaient offert un camping-car. Une partie de l’indemnité d’Anne-Marie Jost avait servi à le rénover. Mais aujourd’hui, tout a disparu. «Je ne pouvais même plus payer notre caisse-maladie. J’ai dû demander de l’aide à ma sœur», confie-t-il.

Le lendemain, le couple s’est rendu à la police, puis à la Banque cantonale bernoise (BEKB). Sur le moment, ils ont été rassurés: on leur a dit que l'argent se trouvait sur un compte de la banque cantonale de Thurgovie et qu'il pouvait être récupéré sans problème.

Mais deux jours plus tard, la nouvelle est tombée: l’argent était définitivement perdu. Selon le couple, un employé leur aurait même lancé: «C’est de votre faute.» Peter et Anne-Marie Jost se disent profondément déçus du traitement reçu, eux qui sont clients de la BEKB depuis 50 ans.

Une maigre compensation

«Je devais me faire refaire les dents, mais c’est tout simplement impossible si nous ne sommes pas remboursés», lâche Anne-Marie Jost, en larmes. Dans une lettre adressée au couple et consultée par Blick, la BEKB estime que la responsabilité incombe entièrement à Peter Jost. La banque propose toutefois un geste: rembourser 30% de la somme perdue, soit environ 6000 francs. Si l’argent devait être retrouvé, ce montant devrait être restitué.

Contactée, la BEKB précise: «Malheureusement, des escrocs tentent régulièrement d’obtenir des données d’accès en falsifiant des sites Internet ou via des courriels de phishing. En principe, dans ce type de fraude, la responsabilité revient au titulaire du compte.»

Dernier espoir auprès de l'assurance

Le couple vérifie désormais si son assurance peut prendre en charge une partie du dommage. La plupart des assureurs proposent aujourd’hui des polices spécifiques contre la cybercriminalité. Elles couvrent la récupération de données et les pertes financières, notamment lors d’un piratage d’e-banking. 

Mais cette couverture n’est pas toujours indispensable: certains risques sont déjà inclus dans les assurances ménage ou la protection juridique. Alors que banques et assureurs débattent de leurs responsabilités, le couple Jost, lui, reste face au vide. L’argent a disparu, les économies d’une vie envolées... une seule inattention leur a coûté leur avenir.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus