La Chine tient l'industrie automobile européenne entre ses mains. Cette semaine, des constructeurs automobiles comme Volkswagen ont soudain été menacés d'un arrêt de production, car le fabricant de puces électroniques sino-néerlandais Nexperia est embourbé dans le conflit commercial avec les Etats-Unis.
La société mère chinoise de Nexperia figure subit les sanctions américaines. En septembre, le gouvernement néerlandais a pris le contrôle de Nexperia pour empêcher tout transfert de technologie vers la Chine. Le gouvernement chinois a alors brutalement interrompu l'exportation de certains composants de ses puces.
Le plus grand fournisseur mondial
«C'est comme si la Chine avait provoqué ce conflit», déclare Ferdinand Duddenhöfer, expert automobile. «L'industrie européenne est la grande perdante dans cette histoire.» En effet, Nexperia est le premier fournisseur mondial de puces simples pour l'industrie automobile. Selon le journal «Frankfurter Allgemeine», une voiture peut contenir jusqu'à 500 de ses composants. Par exemple, ces puces contrôlent les clignotants ou les lève-vitres électriques.
A présent, Volkswagen et ses partenaires cherchent désespérément des alternatives. La Commission européenne tente de convaincre le gouvernement chinois d'autoriser à nouveau les exportations. Mais même si une solution de dernière minute est trouvée, une chose est sûre: les constructeurs automobiles européens sont à la merci de la Chine.
Les constructeurs dépendent de la Chine pour les puces, mais aussi pour les batteries et les terres rares. Selon un rapport de SNE Research, les entreprises chinoises CATL et BYD dominent plus de la moitié de la production mondiale de batteries pour voitures électriques. Au total, la part de marché de la Chine dans ce domaine s'élève à plus de 75%, d'après le magazine «Automobilwoche».
Il en va de même pour les terres rares: la Chine en exploite 61% et produit 92% des matériaux transformés, comme les aimants. Les terres rares sont donc nécessaires à la fabrication des voitures électriques et des voitures à combustion.
Des contrôles renforcés
Le conflit autour de Nexperia n'est qu'un avant-goût de ce qui attend l'Occident. L'industrie automobile européenne risque d'être écrasée par le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Le 9 octobre, le gouvernement chinois a encore renforcé ses contrôles à l'exportation sur les produits contenant des terres rares.
Les contrôles à l'exportation sur les terres rares elles-mêmes s'appliquent aussi aux produits qui en contiennent ainsi qu'à leurs procédés techniques. Pour la Chine, c'est un moyen de pression stratégique contre les droits de douane punitifs imposés par le président américain Donald Trump.
Pour Ferdinand Dudenhöffer, il est clair que «la meilleure protection est de 'prendre ses distances avec les Etats-Unis' et d'être plus ouvert avec l'énorme partenaire commercial qu'est la Chine.» Mais l'Europe aurait tout intérêt à accroître massivement sa production, du moins pour les batteries et les puces simples.