Quels impacts pour la Suisse?
Les constructeurs automobiles chinois se livrent à une guerre des prix

Une guerre des prix secoue le secteur automobile chinois, avec en première ligne le géant de l’électrique BYD. Les constructeurs multiplient les baisses de tarifs pour gagner des parts de marché. Quelles conséquences pour le marché automobile helvétique?
Publié: 17:03 heures
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Le leader mondial des voitures électriques, BYD, tente d'éjecter la concurrence du marché.
Photo: keystone-sda.ch
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Gabriel Knupfer

L'industrie automobile chinoise s'impose aujourd'hui comme l'un des marchés les plus prometteurs au monde. En Suisse, de plus en plus de véhicules électriques en provenance de l'Empire du Milieu sillonnent nos routes. Dernièrement, les constructeurs chinois BYD et Zeekr ont récemment fait leur entrée sur le marché suisse. Mais en Chine même, une guerre des prix fait rage et pourrait bien balayer de nombreux acteurs du marché.

Près de 170 constructeurs automobiles chinois se disputent aujourd'hui le plus grand marché automobile du monde. Le leader mondial de la voiture électrique, BYD, tente notamment d'évincer ses concurrents du marché en usant d'armes redoutables. «BYD veut se construire rapidement un monopole», nous explique l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer.

Pour cela, l'entreprise continue de construire des usines et affiche une baisse de prix importante. Le résultat? Une surproduction qu'il faut dorénavant freiner. BYD a donc dû réduire sa production au cours des derniers mois, comme l'écrit l'agence Reuters.

Les constructeurs automobiles chinois convoqués à Pékin

Le 23 mai, BYD a baissé les prix de 22 de ces modèles comme le rapporte la chaîne américaine CNBC. Ainsi, une nouvelle Seagull coûte actuellement un peu plus de 6000 francs en Chine. A titre de comparaison, en Suisse, la voiture est commercialisée sous le nom de Dolphin Surf et coûte 21'000 francs. Ici, des normes de sécurité plus élevées doivent toutefois être respectées.

Les autres constructeurs ont immédiatement suivi. Geely, Cherry et SAIC-GM ont également réduit leurs prix en Suisse. A la bourse, les actions des constructeurs automobiles ont ensuite fortement baissé. Le gouvernement de Pékin est finalement intervenu et a convoqué 16 constructeurs automobiles à la capitale. «En agissant de manière agressive, BYD s'est même mis le gouvernement à dos», explique Ferdinand Dudenhöffer. «Cela ne peut pas être bon à long terme.»

Après la réunion, plusieurs mesures ont été annoncées pour limiter la guerre des prix. Les voitures ne doivent plus être vendues en dessous de leur prix de revient. Il ne devrait par exemple plus y avoir d'«occasions zéro kilomètre». BYD et d'autres constructeurs vendaient leurs voitures neuves à des concessionnaires qui les lançaient ensuite sur le marché comme «occasions» avec zéro kilomètre et des rabais allant jusqu'à 40%.

Quelles sont les conséquences pour l'Europe?

Selon Ferdinand Dudenhöffer, BYD souhaite s'immiscer dans le marché européen avec des méthodes similaires. «En Allemagne, 75% des nouvelles immatriculations concernent des voitures d’occasion.» Cela signifie que les voitures sont immatriculées soit par des loueurs, soit par des garages, soit par le constructeur lui-même, et qu'elles atterrissent ensuite sur le marché de l'occasion. BYD utiliserait cette méthode bien plus souvent que d'autres constructeurs. Selon l'expert, en Allemagne par exemple, seuls 40% environ des VW neuves et même 15% seulement des Skoda neuves passent par la revente d'occasion.

Quel est donc l'impact de la guerre des prix en Chine sur le marché suisse? «Les voitures sont bonnes, mais il manque aux Chinois une stratégie pour l'Europe», explique Ferdinand Dudenhöffer. Les constructeurs devraient d'abord gagner la confiance des clients pour réussir ici. «Ce n'est pas avec les méthodes de BYD qu'ils y parviendront.» Seule une voiture neuve sur cinq en Suisse est une voiture électrique. Et même dans ce domaine, les Chinois doivent rivaliser avec des marques déjà bien établies comme Tesla ou encore les constructeurs allemands.

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