Tout ce qui bloque
Pourquoi les voitures électriques font-elles un flop en Suisse?

Moins de 5% des voitures en circulation en Suisse sont électriques. Malgré les efforts de certains cantons, de nombreux obstacles freinent encore les Suisses à franchir le pas.
Publié: 03.06.2025 à 09:00 heures
|
Dernière mise à jour: 03.06.2025 à 09:09 heures
Partager
Écouter
L'électrique, c'est bien. Mais ne pas pouvoir recharger sa voiture chez soi est un gros frein en Suisse.
Photo: Keystone
Blick_Lucie_Fehlbaum2.png
Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Les voitures électriques ont la cote… sur le papier. En réalité, elles peinent à convaincre en Suisse. Moins de 5% du parc automobile est électrifié, et les obstacles restent nombreux: prix trop élevé, bornes de recharge difficiles à trouver, surtout pour les locataires, souligne Comparis, qui a mené l'enquête avec la Haute école spécialisée Kalaidos. 

Or, plus de la moitié des ménages suisses vivent en location. Et sans borne à domicile, recharger son véhicule devient vite un casse-tête. Voici les principaux obstacles en Suisse. 

1

Des bornes publiques en hausse, mais pas suffisantes

Côté infrastructures publiques, la Suisse a bien avancé. Fin août 2024, on comptait plus de 14'000 bornes réparties sur plus de 6500 sites dans le pays. Zurich, Berne et Vaud sont en tête. L’objectif est d’atteindre les 20'000 bornes publiques d’ici fin 2025. Mais cela ne suffit pas à compenser l’absence de bornes privées, surtout dans les immeubles.

2

Des prix jugés trop élevés

Outre les bornes, le prix d’achat des voitures électriques reste un frein majeur: 35% des conducteurs de voitures à essence ou diesel trouvent ces véhicules trop chers. Même si, à long terme, l’électrique coûte souvent moins cher à l’usage, l’investissement de départ reste un obstacle. D’autres freins sont cités par les automobilistes interrogés par Comparis. 15% d'entre eux ont peur de ne pas pouvoir faire assez de kilomètres avec une seule recharge, et 14% s’inquiètent de l’impact environnemental lié à la production des batteries.

3

Des aides financières pas assez claires

Pour beaucoup, l’électrique serait plus tentant avec un coup de pouce au porte-monnaie. Primes, réductions d’impôts ou aide pour installer une borne sont vues comme les outils les plus efficaces pour faire avancer les choses. Mais le manque de coordination au niveau national rend le système confus. Chaque canton ou commune applique ses propres règles: exonération temporaire d’impôts ici, prime à l’achat là… Les conducteurs estiment ce patchwork pénalisant pour sauter le pas. Les seuls cantons qui s'en sortent bien, avec des programmes de soutien développés, sont Zurich et Zoug. C'est d'ailleurs près de Zurich que Blick avait testé le numéro 1 mondial de l'électrique, le géant chinois BYD.

Ce qu’il faudrait changer selon les experts

Trois experts issus de la politique, de l’énergie et de la mobilité s’accordent sur un point central: tant que les gens ne pourront pas facilement recharger leur voiture à domicile, la transition électrique restera freinée. Katja Christ, conseillère nationale des Vert'libéraux, Thomas Steiner, directeur chez Helion Energy, et Marco Wyss, chef de projet chez Swiss eMobility, plaident pour un développement rapide des bornes dans les immeubles.

Ils soutiennent notamment l’idée d’un «droit à la recharge» pour les locataires et copropriétaires, ainsi que des aides financières ciblées pour inciter les investisseurs immobiliers à installer des bornes. Selon eux, si l’on veut vraiment faire décoller la mobilité électrique en Suisse, c’est là où vivent les gens qu’il faut agir en priorité.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la